Portrait

À 20 ans, cet ex-président de syndicat lycéen a créé un mouvement politique

Eliott Nouaille
Depuis son élection au CVL de son lycée en 2012, Eliott Nouaille a gravi d'autres marches de l'engagement. © Photo fournie par le témoin
Par Erwin Canard, publié le 14 février 2017
1 min

IL VA FAIRE LA UNE. De son élection au CVL de son lycée de Boulogne (92) à la création d'un mouvement politique, seulement cinq années ont passé. Entre-temps, Eliott Nouaille, 20 ans, a présidé le Syndicat général des lycéens, une expérience qu'il raconte dans un livre.

"À 17 ans, ce n'est pas facile de tenir tête à des ministres !" C'est pourtant ce qu'a fait Eliott Nouaille, en 2014-2015, lorsqu'il siégeait au Conseil supérieur de l'éducation. Il représentait alors les lycéens en tant que président du SGL (Syndicat général des lycéens).

"Eliott, tu parles bien, va nous défendre"

C'est en 2012, à son entrée en seconde, qu'Eliott a décidé de s'engager. "En classe, j'étais révolté de voir des rangées d'élèves écouter un prof debout sur une estrade, raconte-t-il. Je ne comprenais pas pourquoi on ne pouvait pas apprendre d'une meilleure façon." Issu d'une famille "pas forcément politisée", sans accointance particulière avec un quelconque parti politique, le lycéen n'était pas destiné à suivre ce chemin. "Mais les copains disaient : 'Eliott, tu parles bien. Va nous défendre auprès du prof !'"

Petit à petit, l'idée fait donc son chemin. Eliott adhère d'abord au SGL, une organisation créée en 2009, puis il est élu au CVL (conseil des délégués pour la vie lycéenne) de son lycée, à Boulogne (92). Il représente ensuite le SGL au niveau académique, avant d'être élu président du syndicat en 2014, alors qu'il est en terminale.

Lire aussi : Élue au CVL : "C'est surprenant de discuter d'égal à égal avec les professeurs"

Une expérience hors du commun...

À ce titre, il parvient à siéger, pendant une année, au Conseil supérieur de l'éducation. "Rencontrer la ministre [Najat Vallaud-Belkacem], prendre des selfies, ce n'est pas cela qui compte, déclare-t-il. C'est surtout le fait d'avoir réussi à faire progresser nos idées. Par exemple, c'est nous qui avons proposé que les élèves redoublants au bac puissent garder les notes supérieures à 10."

Le CSE est en effet une des plus hautes instances du pays en matière d'éducation. Pour un lycéen, y siéger aux côtés des membres du cabinet du ministère et des représentants nationaux des syndicats enseignants reste une expérience hors du commun. Eliott Nouaille le raconte dans un livre paru en janvier 2017 : "L'Alternative lycéenne !" (éditions ESF).

... parfois digne de "House of Cards" !

"Les rapports et négociations entre les syndicats et le ministère, c'est parfois digne de la série "House of Cards" [centrée sur la présidence aux États-Unis] ! Mais c'est un formidable moyen de grandir : on apprend à accepter d'avoir tort, à chercher des stratégies… C'est un peu l'école de la vie."

Aujourd'hui en deuxième année de double licence philosophie-science politique à la Sorbonne, Eliott sourit : "Ce que j'apprends à la fac, je l'ai vécu !" C'est pour cela que l'étudiant incite les lycéens à s'engager. Même à l'échelle de leur établissement, sans forcément vouloir viser haut. "Tout le monde peut le faire, il faut simplement avoir un projet. Rien que dans votre lycée, vous pouvez agir pour rendre la vie de l'école moins morose. De notre côté, nous avions organisé une journée des talents où tous les élèves pouvaient chanter, danser, etc. Autre exemple : à la Saint-Valentin, on a proposé de s'offrir des roses !"

Lire aussi : Syndicats étudiants : s’engager, pour quoi faire ?

Un mouvement politique pour agir davantage

En revanche, lorsqu'il s'agit de viser des responsabilités plus importantes, la donne n'est plus la même. "C'est assez élitiste, malheureusement, regrette Eliott. Il faut savoir s'exprimer en public, écrire sans fautes… Et c'est un renoncement de soi. À un moment, je manquais une journée de cours par semaine, et tout le monde ne peut pas le faire." Un "entre-soi" que l'ex-président du SGL souhaite bouleverser.

Sa nouvelle proposition : développer des lycées polyvalents où seraient réunis lycéens des filières générales, technologiques et professionnelles. Mais, comme à son habitude, Eliott n'en est pas resté à la simple idée : il a co-fondé un mouvement politique, Nouveau Souffle, en novembre 2016 pour essayer de la mettre en œuvre. Pour savoir s'il a "réussi à faire gagner du terrain à ses idées, conclut-il, rendez-vous dans 20 ou 30 ans !"

9 mesures pour inciter à l'engagement lycéen

Le 7 février 2017, Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Éducation nationale, a rappelé les 9 mesures prises depuis 2012 pour "favoriser le développement de la vie lycéenne" :

- Le budget de la vie lycéenne est passé de 500.000 € en 2014 à 1,2 millions d'euros en 2016.
- Chaque lycée peut recruter deux volontaires en service civique sur des missions de soutien à la vie lycéenne.
- Une circulaire "Pour un acte II de la vie lycéenne" destinée à favoriser le développement de la vie lycéenne a été élaborée.
- Une charte des droits des lycéens a été publiée.
- Une enquête annuelle pour mesurer le dynamisme de la vie lycéenne a été créée.
- L'accompagnement de la presse lycéenne a été renforcé.
- Les maisons des lycéens se sont également développées.
- L’engagement des lycéens est valorisé. Par exemple, une mention "Engagement de l'élève" est inscrite dans les bulletins scolaires et une attestation de compétences est remise aux élus lycéens.
- Les lycéens disposent désormais de quatre sièges au Conseil supérieur de l’éducation.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !