Reportage

À Angers, une transition vers le supérieur en douceur pour les étudiants en première année

Le DaRre propose des séances de méthodologie et accorde une large part à l’accompagnement personnalisé des étudiants.
Le DaRre propose des séances de méthodologie et accorde une large part à l’accompagnement personnalisé des étudiants. © Eleonore de Vaumas
Par Éléonore de Vaumas, publié le 01 mars 2021
7 min

À l’université d’Angers, les étudiants issus d’un bac techno, pro ou les boursiers sont accompagnés au sein du DaRre. Créé en 2016, ce dispositif d’aide à la réussite a vocation à adoucir leur entrée dans l’enseignement supérieur, quitte à faciliter les ponts vers une réorientation lorsque celle-ci s’avère nécessaire.

C’est la première fois qu’elle les retrouve "en chair et en os" depuis novembre, et la joie se lit sur son visage malgré le masque. "Je suis contente de vous revoir", lance joyeusement Sonia Olivier, chargée d’accompagnement à l’IUT d’Angers (49), au petit groupe d’étudiants qui vient de pénétrer dans la salle de cours.
Une spontanéité qui semble en décontenancer certains qui émettent de petits ricanements étouffés. Pour les mettre à l’aise, l’intervenante les invite à piocher une image parmi celles disposées en ligne devant eux, puis à expliquer leur choix devant les autres. "J’aime bien débuter la séance sur un moment ludique en utilisant ce genre de ‘brise-glace’. L’idée est de développer un esprit de groupe et de créer des liens entre eux", poursuit cette ex-animatrice de l’éducation populaire. En à peine cinq minutes, les langues se sont déliées, et la séance peut démarrer. Au programme : découverte des outils de travail pour apprendre à mémoriser ses cours.

Apprivoiser les codes universitaires

S’ils redécouvrent les séances en présentiel ce jour-là, Mateo, Jade, Mathias, Thelma et leurs dix autres camarades du DUT génie biologique n’en sont pas pour autant à leur coup d’essai. Désignés par le directeur de l’IUT en début d’année, ils ont intégré le dispositif d’aide à la réussite et à la réorientation des étudiants (DaRre) dès le mois d’octobre et déjà assisté à environ six séances collectives de soutien méthodologique.

Financé par le fonds de soutien européen (FSE), ce dispositif a été mis en place en 2016 à destination des étudiants qui ont des difficultés à s’adapter au système universitaire. L’objectif ? Faciliter la transition entre le lycée et l’université. "Certains lycéens, notamment ceux issus d’un bac pro ou techno, sont moins bien préparés à l’université. Or, pour étudier dans un tel environnement, il faut beaucoup plus d’autonomie qu’au lycée. Les accompagner, c’est leur permettre de mettre toutes les chances de leur côté pour réussir leur première année", détaille Pauline Duval, chargée d’accompagnement à la faculté de lettres angevine. Outre ces bacheliers, le DaRre s’adresse également aux étudiants boursiers de première année et à ceux qui ont accepté un 'oui-si' dans la formation de leur choix.

Des outils de travail à la carte

En pratique, les étudiants du DaRre doivent assister à une ou deux séances de méthodologie par mois. L’aide s’étend généralement sur toute l’année, voire même sur deux ans, comme en fac de lettres, langues et sciences humaines (LLSH) où elle est devenue une mineure. Gestion du stress, planification, préparation aux examens, mémorisation, prise de notes… les thématiques abordées visent essentiellement à fournir aux étudiants une palette d’outils dans laquelle ils peuvent piocher à leur guise.
"À chacun de prendre ce dont il a besoin dans ce dispositif et d’en retirer les aspects positifs à appliquer sur ses méthodes de travail et son quotidien, précise un étudiant en L1 qui a souhaité conservé l’anonymat. Pour ma part, j’ai appris à m’organiser pour être plus efficace et ainsi éviter de me fatiguer inutilement."
Au sein du DaRre, le soutien se veut aussi disciplinaire. Qu’ils soient inscrits en droit, tourisme, sciences ou à l’IUT, les étudiants bénéficient d’un tutorat par des pairs qui mettent leurs compétences et leur vécu au service des "première année". "Avec nos tuteurs, on refait les exercices, on fait le point sur ce qu’on n’a pas compris. Cela m’aide vraiment, et c’est un vrai plus avant les examens. On sait qu’ils sont passés par où on passe et leur approche est vraiment différente de celles des profs", confie Mateo, 19 ans, en DUT de génie biologique.

Une aide type "coaching"

Au-delà des séances collectives, le DaRre accorde une large part à l’accompagnement personnalisé. Des entretiens individuels avec un chargé d’accompagnement ont ainsi lieu trois à quatre fois par an. L’occasion pour l’étudiant qui en bénéficie de faire des points réguliers sur sa vie universitaire et d’échanger sur d’éventuelles situations pouvant freiner sa bonne intégration.

Une aide qui s’est avérée précieuse pour Vincent* durant le deuxième confinement : "À force de suivre les cours à distance, je perdais parfois pied. Heureusement, j’ai pu m’en ouvrir avec mon chargé d’accompagnement qui m’a remotivé et m’a donné quelques techniques de concentration. Je me suis senti écouté." De son côté, Mathias, en première année de DUT génie biologique, apprécie d’avoir une personne "référente" vers qui se tourner en cas de besoin : "C’est un peu comme si on avait un coach personnel qu’on peut solliciter quand on a un doute", confesse-t-il.

Un étudiant, une solution

Reste que, malgré cette aide, certains étudiants ne parviennent pas à s’investir dans leurs études. Un problème auquel le DaRre a une solution, puisqu’il peut faire le relais vers le service d’orientation universitaire. "L’objectif, c’est qu’aucun jeune n’arrête brutalement l’université, explique Marlène Touzeau, chargée d’accompagnement à la faculté de LLSH. S’il décroche, notre rôle est de l’accompagner vers un autre projet où il sera plus épanoui. Pour nous, c’est ça aussi la réussite."
*Le prénom a été modifié.

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