Portrait

Ma vie d'étudiant en lettres en Nouvelle-Calédonie : Alex, l'enseignement pour horizon

Alex étudiant à l'université de Nouvelle-Calédonie en licence de Lettres
Alex, étudiant en licence de lettres à l'université de la Nouvelle-Calédonie. © Camille Stromboni
Par Camille Stromboni, publié le 24 juin 2016
1 min

En troisième année de licence de lettres à l’université de la Nouvelle-Calédonie, Alex a un objectif : devenir prof de français. Le jeune Calédonien a vite pris le pli des études à la fac, grâce à un travail assidu mais aussi à l’intérêt pour ses nouvelles matières. Portrait d'un étudiant comme les autres… à 17.000 km de la métropole.

Alex, 20 ans, ne s’est pas engagé en licence de lettres par hasard. “J’ai eu très tôt la certitude que je n’aimais vraiment pas les maths”, reconnaît-il en riant. “En première, j’ai eu une excellente prof de français, et ça a été une révélation, j’ai compris que je voulais enseigner moi aussi”, raconte l’étudiant de L3 à l’université de la Nouvelle-Calédonie, dont la mère est, elle aussi, enseignante.

Après son bac L, obtenu avec la mention bien, le jeune homme s’inscrit en lettres. Avec néanmoins une petite hésitation pour une classe prépa hypokhâgne, en métropole – il n’y en a pas sur le territoire calédonien. “J’ai eu une grosse panne de motivation pour partir, et j’ai raté le coche pour envoyer les dossiers, se souvient-il. Mais je ne regrette pas du tout : je veux vivre et travailler ici !”

Des effectifs proches du lycée

Pour lui, le choc entre le lycée et l’université a été plus que limité. Les effectifs dans sa promo sont à taille humaine – moins d’une cinquantaine d'étudiants en début de L1. Avec un écrémage en cours de route d’autant plus important que quelques-uns ne s’inscrivent à l’université que pour attendre la rentrée en métropole. L’université de la Nouvelle-Calédonie fonctionne en effet sur le calendrier austral, avec une rentrée en février. Résultat : ils n’étaient plus qu’une trentaine en fin de L1.

Alex étudiant à l'université de Nouvelle-Calédonie en licence de LettresAlex préfère travailler et vivre en Nouvelle-Calédonie. // © Camille Stromboni

Quant à l’isolement que ressentent certains en arrivant dans un autre univers, c'est un sentiment plutôt rare à l’université de la Nouvelle-Calédonie, qui compte près de 3.000 étudiants : “On connaît toujours quelqu'un, dans une licence ou dans une autre, du collège ou du lycée. C’est marrant, il y a des amitiés qui se reforment”, témoigne Alex.

Assiduité en cours et travail personnel au programme

Sur le fonctionnement de la fac, il n’a pas eu de grosse surprise. “Je savais qu’il y avait plein d’heures de trou à la fac et beaucoup de travail personnel à fournir, décrit-il. Après, c’est sûr qu’on a beaucoup plus de liberté qu’au lycée.”

Mais le jeune homme n’en a pas profité pour sécher : sur la vingtaine d’heures de cours que comporte sa licence, il n’en a pas raté une seule. “Il y en a qui réussissent même sans venir à la fac. Moi, je retiens plus facilement ce que j’entends. Et puis, il y a des choses qui ne sont dites qu’en amphi”, explique le jeune Calédonien, qui a aussi vite pris l’habitude de fournir un travail personnel conséquent.

“Je dois passer environ 6 heures par semaine à la bibliothèque, notamment pour des travaux de groupe. Parfois le double lorsqu’il y a beaucoup des choses à rendre. Sinon je travaille chez moi.” La licence est en contrôle continu intégral, ce qui implique plusieurs examens tout au long du semestre.

Une méthode qui paie : Alex devrait bientôt décrocher le "Prix" de l’université, un dispositif local qui suppose une moyenne de 14/20 durant toute sa  licence, avec 200.000 francs à la clé (1.700 euros environ) ! Jusqu’à présent, il a obtenu entre 14 et 18 de moyenne, selon les années !

La lecture : une matière à part entière

Une réussite qui s’explique aussi par l’attrait pour les matières qu’il a découvertes à la fac. Sciences du langage, littérature et latin sont les trois piliers de son cursus. En L3, il alterne entre littérature du XIXe et du XXe siècle, stylistique, linguistique ou encore grammaire. Avec des exercices proches de ceux du lycée : la dissertation en tête, mais aussi des nouveautés. “On ne fait plus de commentaires composés mais des explications de texte linéaires. C’est plus poussé, on suit les mouvements du texte. Il y a vraiment un coup à prendre”, reconnaît-il.

Université de Nouvelle-Calédonie - Campus - BibliothèqueUniversité de Nouvelle-Calédonie : la bibliothèque du campus. // © Camille Stromboni

Et surtout, il y a un incontournable en lettres : être capable de lire, lire et encore lire ! “Cette année, en à peine 3 mois, on a déjà lu 7 bouquins, souligne l’étudiant. Il faut vraiment aimer ça.” C’est Céline qui l’emmène actuellement à voyager au bout de la nuit, mais son livre préféré, à ce jour, c’est “Gatsby le Magnifique”, de Francis Scott Fitzgerald. “J’ai aussi beaucoup aimé la poésie. Je n’avais jamais lu Ronsart avant, c’était super intéressant de découvrir la réactivation des mythes antiques.”

La Calédonie en plus

Avec une particularité dans son université (outre le fait d’étudier sur un campus avec “vue sur mer” et la plage à proximité !) : quelques enseignements d’ouverture aux couleurs de la Nouvelle-Calédonie et des territoires du Pacifique. Il a ainsi suivi un cours sur la littérature d’émergence, c’est-à-dire issues des anciennes colonies, ou encore sur les langues et les cultures océaniennes, notamment une initiation au nengone, la langue de Maré [l’une des îles Loyautés, province de Nouvelle-Calédonie]. “Certains pensent que c’est inutile quand on veut devenir prof de français, mais ça peut servir, si on se retrouve face à des enfants qui parlent aussi cette langue”, estime-t-il.

Ses études en Nouvelle-Calédonie impliquent une dernière spécificité : sa fin d’année promet d’être sportive. Pour poursuivre en master MEEF (métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation), pendant lequel il passera le CAPES (certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire), Alex va devoir se recaler sur le calendrier du concours, et donc de la métropole. Résultat : “On aura deux jours de vacances à la fin de la L3 avant d’enchaîner directement sur le M1…” Pas question de se laisser aller !

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