Décryptage

Licences de sciences : ce qu’il faut savoir avant de choisir

Travaux pratiques de physique ondulatoire électromagnétisme à l'université Lyon 1.
Travaux pratiques de physique ondulatoire électromagnétisme à l'université Lyon 1. © Éric Le Roux / Service Communication - UCBL
Par Sophie Blitman, mis à jour le 27 mai 2015
1 min

Maths, géologie, mécanique, informatique… Les disciplines scientifiques étudiées en licence sont diverses et, en général, les étudiants parviennent à cibler le domaine qui leur plaît. Néanmoins, attention au décalage parfois important entre l'idée que vous avez d'une formation et la réalité de l'enseignement. Nos conseils pour ne pas être déçu en arrivant en première année.

Étudier à l'université, c'est choisir une discipline que vous allez explorer pendant 3 ou, plus vraisemblablement, 5 ans, de manière extrêmement pointue. Cependant, cette spécialisation ne débute pas dès la première année : dans la plupart des facs, celle-ci se fait progressivement.

Très concrètement, cela signifie qu'en L1 STS (sciences technologie santé), vous avez le choix entre 2 ou 3 grands portails pluridisciplinaires.


En général, les sciences de la nature constituent un domaine spécifique, qui revêt des appellations différentes d'une université à l'autre : par exemple, BGC (biologie-géosciences-chimie) à l'UPMC (université Pierre-et-Marie-Curie) ou sciences de la vie et de la Terre à Lyon 1.

Les autres matières peuvent être regroupées sous l'expression générique de "sciences fondamentales et appliquées", comme à Toulouse 3 Paul-Sabatier, ou scindées en 2 volets, l'un plus orienté vers les mathématiques et l'informatique, l'autre davantage vers la physique et la chimie.

Une première année pluridisciplinaire

Avantage de cette organisation pour les indécis : la pluridisciplinarité laisse quelques mois supplémentaires pour se décider, par exemple entre maths et informatique ou entre physique et chimie. En outre, "le lycée ne donne pas forcément une vue exacte de ce que peut être une discipline, prévient Pascal Sainrat, animateur de la commission pédagogique de la faculté des sciences et de l'ingénierie à Toulouse 3 Paul-Sabatier : la L1 permet de découvrir, par exemple, ce que sont la mécanique ou l'électronique très peu abordées en terminale, mais aussi l'informatique dont les jeunes ont souvent une vision strictement ludique". Une matière qui se révèle moins concrète qu'on ne pourrait le croire et qui fait appel à de nombreux théorèmes et modèles mathématiques.

Revers de la médaille, notamment pour ceux qui ont une idée précise de la filière dans laquelle ils veulent s'engager : ils doivent bien avoir conscience qu'ils ne plongeront pleinement dans le vif du sujet qu'en deuxième année. Mais aussi que certaines matières connexes sont parfois nécessaires pour suivre des études supérieures dans une discipline.

D'où le conseil de Chantal Diaz, responsable de la licence STS à Lyon 1 : "Regardez attentivement les maquettes afin de savoir quelles matières sont au programme, cela évite bien des déceptions."

Selon les universités, vous vous rendrez compte qu'il vous faudra peut-être faire de la physique en L1 même si vous vous destinez à une licence d'informatique, ou que maîtriser les probabilités est incontournable pour suivre des études de biologie.

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Étudiants de biologie de Lyon 1 lors d'une sortie botanique sur la reconnaissance des plantes. // © Éric Le Roux, service communication, UCBL

Choisir en fonction de ses goûts…

"Quel que soit le portail, les qualités requises sont les mêmes, à commencer par la capacité à s'adapter à l'enseignement universitaire, éventuellement à une nouvelle vie, dans laquelle le jeune doit se montrer plus autonome", souligne Chantal Diaz. Pour l'enseignante, "la motivation et la constance dans le travail sont essentielles. Dès lors, il suffit d'être passionné pour réussir", estime-t-elle.

Passionnée, Capucine l'est sans aucun doute, elle qui adore "voir et comprendre comment fonctionne la nature". En première année de SVTE (sciences de la vie, de la Terre et de l'environnement) à Lille 1, la jeune fille évoque "le côté un peu magique de ces disciplines qui nous ouvrent les yeux sur ce qui nous entoure, qu'il s'agisse du monde végétal, animal ou de la géologie. La biologie, estime-t-elle, est la science qui réunit toutes les autres, d'où la nécessité d'avoir de bonnes bases scientifiques générales". En outre, cette formation demande, selon l'étudiante, "de la curiosité, une bonne mémoire car il y a beaucoup de notions à retenir et de la logique".

À ces compétences, Pascal Sainrat ajoute "la capacité d'abstraction, ainsi que l'aptitude à mobiliser ses connaissances pour résoudre un problème puis à le modéliser". Tout en mettant lui aussi en avant le fait que le choix d'une filière est d'abord une question de sensibilité.

… et de son projet professionnel

Au-delà de son goût pour une matière, se renseigner sur les débouchés des différentes filières peut également aider à s'orienter. C'est ainsi qu'a raisonné Thierno Bocar, 21 ans, avant d'opter pour une licence de mécanique à l'UPMC. "Cela fait longtemps que j'ai envie de travailler dans le domaine des énergies renouvelables", raconte l'étudiant qui a "repéré un master 'énergie et environnement' accessible prioritairement avec une licence de mécanique ou d'électronique. J'étais plus à l'aise dans la première et j'ai vu que les débouchés étaient ensuite assez variés, donc je n'ai pas eu trop d'hésitation".

Selon la discipline, les filières scientifiques mènent à des emplois dans tous les secteurs de l'industrie (aéronautique, pharmacie, agro-alimentaire…) et au sein de différents services (production, recherche et développement…). Les collectivités territoriales peuvent aussi recruter des conseillers, postes moins opérationnels et qui comportent davantage une dimension administrative. Toujours dans la fonction publique, vous pouvez aussi passer les concours de l'Éducation nationale ouverts aux titulaires de master.

La science a de l'avenir

Parmi les domaines particulièrement porteurs, Pascal Sainrat mentionne "l'informatique où les besoins des entreprises restent très importants, mais aussi les mathématiques : outre le déficit d'enseignants dans cette discipline, les maths pour l'industrie sont en croissance depuis quelques années. Savoir modéliser des phénomènes physiques permet par exemple d'étudier des constellations de satellites", précise l'enseignant.

Autres secteurs d'avenir : la bio-informatique ainsi que le domaine des maths-informatique du vivant. "On observe une forte demande de la part des laboratoires : en particulier, les techniques d'analyse en génétique ont beaucoup évolué et il y a de nombreuses données à traiter", explique Chantal Diaz.

Au-delà de ces niches, les sciences et technologies constituent d'une manière générale un secteur relativement épargné par la crise et la majorité des masters affichent de bons taux d'insertion professionnelle.

Les cursus de master en ingénierie : une filière scientifique sélective à l'université
Destinés aux étudiants qui souhaitent s'investir davantage que dans une licence classique, les CMI (cursus de master en ingénierie) sont apparus en 2012 avec une ligne claire : proposer des formations en 5 ans à l'université qui représentent une alternative aux écoles d'ingénieurs.
Pluridisciplinaires, les 70 formations aujourd'hui proposées en France, abordent, outre les domaines purement scientifiques, des aspects socio-économiques comme la comptabilité ou la gestion des ressources humaines, dans le but de rendre les diplômés plus opérationnels en entreprise.
Affichant une exigence plus élevée que les licences scientifiques classiques, les CMI sélectionnent les étudiants, en général sur dossier et entretien.
Pour en savoir plus, lire l'article : "Formation en école d’ingénieurs ou master d’ingénierie à l’université : comment choisir ?"  

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