Décryptage

Comment allier pratique artistique de haut niveau et études à l’université ?

étudiant artiste
Les étudiants musiciens de l'université de Clermont-Auvergne allie leurs études et leur parcours professionnel. © Cécile Kempf/Université Clermont-Auvergne
Par Amélie Petitdemange, publié le 11 mai 2020
6 min

Vous pratiquez une discipline artistique de haut niveau (théâtre, danse, musique, arts plastiques, cinéma…) et vous hésitez à poursuivre une carrière dans ce domaine ? Le statut d’étudiant artiste rend votre pratique artistique conciliable avec vos études.

Le statut d’étudiant-artiste permet d’aménager vos cours et vos évaluations, sur le principe du statut d’étudiant sportif de haut niveau. Encouragées par la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants), de nombreuses universités françaises ont créé un statut particulier pour les artistes.

Pour accéder à ce statut, les étudiants doivent être inscrits dans une formation culturelle ou monter un dossier avec des preuves de leur carrière personnelle (projections, expositions...).

Un emploi du temps aménagé

L’université Clermont-Auvergne s'est saisi du statut d'étudiant-artiste dès 2016. "Cette année, 18 étudiants en profitent, un chiffre qui augmente constamment. Nous avons commencé avec 5 étudiants, puis le statut s'est fait connaître petit à petit grâce au bouche-à-oreille. Cette année, nous avons beaucoup de danseurs professionnels", souligne Evelyne Ducrot, directrice du service Université Culture.
Bastian y est étudiant en deuxième année de biologie, et également danseur au studio de l’Ange, à Clermont-Ferrand. "Grâce à ce statut, je n'ai pas à choisir entre aller à la danse ou en cours. Par exemple, j’ai 20 minutes de tram entre le studio et la fac, mais si j’arrive en retard je suis excusé. Et je n’ai pas le stress des contrôles continus car mes examens se font uniquement en partiels", raconte le jeune homme.
L’aménagement de son cursus lui permet par ailleurs d’être absent s’il a des obligations, comme des cours de danse ou une compétition, et de choisir le groupe de TD qui lui convient. L’emploi du temps d’un étudiant-artiste est en effet bien chargé.
Bastian Borel
Bastian Borel © Photo fournie par le témoin

Trouver un équilibre entre études et pratique artistique

"Quand je suis arrivé en 1ère année c’était très compliqué de m’organiser. Maintenant, j’ai trouvé un rythme : au réveil, je commence avec des exercices physiques et des étirements, car j’ai toujours des courbatures de la veille. Le matin, je vais à la fac, puis à 12h30 j’ai cours de danse. Après le déjeuner, suivant les jours, je retourne à la fac jusqu’à 16h ou j’ai danse jusqu’à 18h. Et ensuite je reprends la danse de 19h jusqu’à 22h", détaille Bastian.
Un emploi du temps minuté qui ne l’empêche pas de voir ses amis. "J’essaie d’avoir un équilibre avec ma vie sociale. Avoir autre chose à côté, voir des gens, ça m’aide beaucoup justement. Pour tenir le coup, je fais attention à mon sommeil et mon alimentation", explique-t-il.
En contrepartie des aménagements de leur cursus dont ils bénéficient, les étudiants artistes doivent représenter leur université lors des compétitions et faire connaître le statut. "Cette année, j’ai participé à un projet d’opéra dans le hall de la fac de droit, où j’ai dansé avec des pianistes", illustre Bastian.
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Rencontrer des étudiants dans la même situation

Le statut d’étudiant-artiste n’est pas national, il dépend de chaque université. Les critères de sélection, le calendrier de candidature et les aménagements varient donc selon les établissements. Dans la majorité des cas, le statut est réexaminé chaque année. Mais à l’université Dauphine-PSL, par exemple, il s’agit d’un cursus "Talents" qui se déroule sur trois ans.
Rita Alaoui, étudiante en Licence Science des organisations à Dauphine-PSL, peut ainsi étudier au conservatoire de Boulogne-Billancourt. Deux matinées par semaine, elle se consacre à l’université, et le reste du temps elle pratique le piano. Elle est également choriste à l'Orchestre et Chœur PSL, qui répète deux fois par semaine. "Ça me permet de lier les deux domaines et de rencontrer d’autres étudiants qui sont dans la même situation que moi", témoigne la jeune femme.

Enrichir son parcours académique et élargir son horizon professionnel

"J’avais déjà cette double vie au lycée, sans bénéficier d’aménagements. Donc j’ai appris à m’organiser tout au long de ma scolarité. Ce sera une richesse pour mon insertion professionnelle d’avoir la capacité de gérer deux cursus totalement différents", affirme Rita. Selon elle, la clé réside dans la priorisation. "En période d’examens, je me focalise sur l’université. Et quand j’ai un concours de piano, je mets un peu de côté Dauphine".
Le statut d’étudiant-artiste lui permet de valider sa licence en quatre ans au lieu de trois. L’année prochaine, elle prévoit un master en économie ou en finance. Si elle a développé ses compétences en piano et en chant, elle ne compte pas en faire son métier. "Après le bac, c’était difficile d’avoir un choix tranché. Ce cursus représentait un bon équilibre".
L’année prochaine, Bastian intégrera l’école Maurice Béjart en Suisse. "J’ai réussi les auditions mais il y a une période d’essai de 3 mois. Je prévois donc une césure d’un an à la fac, comme ça j’ai la possibilité de reprendre". Ce statut hybride permet en effet d’avoir un plan B pour les étudiants qui ne parviendraient pas à percer dans le monde culturel. "Suivant les opportunités, je continuerai dans le monde de la danse. Mais si je me blesse par exemple, je peux reprendre mes études et avoir un diplôme pour travailler", explique le jeune danseur.

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