Reportage

Les étudiants, enseignants et professeurs se mobilisent pour de meilleures conditions d'études et de vie

Mardi 26 janvier, des étudiants participent à une journée de mobilisation pour alerter sur leur précarité et demander un retour au présentiel.
Mardi 26 janvier, des étudiants participent à une journée de mobilisation pour alerter sur leur précarité et demander un retour au présentiel. © Amélie Petitdemange
Par Amélie Petitdemange, publié le 27 janvier 2021
6 min

Mardi 26 janvier, des étudiants, enseignants et professeurs ont manifesté dans toute la France pour alerter sur leur précarité et des conditions d'enseignement dégradées. Reportage à Paris, où le cortège a défilé entre le Luxembourg et la rue de Grenelle.

Étudiants, enseignants, professeurs et personnels de l'éducation nationale ont participé à une journée de mobilisation, mardi 26 janvier. 11% des personnels étaient en grève, selon le ministère de l'Éducation nationale, et 40% selon le syndicat Sud Education, qui utilise une méthode de calcul différente.

Des milliers de personnes ont défilé dans toute la France, pour demander plus de moyens pour les écoles, des mesures contre la précarité des étudiants et une hausse des salaires des enseignants. "Les revalorisations annoncées dans le cadre du Grenelle de l'éducation n’ont trompé personne, et ont au contraire montré l’étendue des besoins pour l’ensemble des personnels", affirme Sud Education dans un communiqué publié mardi 26 janvier. Les manifestants réclamaient aussi davantage de présentiel dans l'enseignement supérieur.

Retour dans les amphis

"Tous en amphi, pas chez le psy", ironise une pancarte brandie par deux étudiantes. "Ce ne sont pas trois séances de psy qui vont régler les problèmes qui s'accumulent depuis un an", balaye Saphia, étudiante à l'université Paris-Est-Créteil, en référence au "chèque psy" qui va être mis en place par l'État. 23% des étudiants avaient déclaré avoir eu des pensées suicidaires durant le premier confinement, selon une enquête de la fédération des associations générales étudiantes (Fage) menée par Ipsos.

L'étudiante en deuxième année de licence a passé "un seul semestre à la fac" depuis le début de ses études. "Il y a plein de lieux vides dans les universités : amphis, cafétérias, cantines… Nous pourrions les utiliser pour des cours en petits groupes", estime la jeune femme.

Laurane, diplômée de l'université Paris-Descartes l'année dernière, acquiesce : "Les magasins sont bondés et on ne peut pas mettre un étudiant sur deux dans un amphi ?" Après avoir obtenu son master en sciences sociales en juillet 2020, la jeune femme a cherché sans succès un emploi. Elle vient de décrocher en janvier 2021 un service civique à SOS Racisme. Pour nombre de ses camarades de classe, l'insertion professionnelle en période de pandémie est également très compliquée.

Cours de soutien en petits groupes

Dans le cortège, de nombreux enseignants sont aussi présents. Vincent Gay, professeur en sociologie à l'université Paris-Diderot, attend davantage de moyens financiers et pédagogiques pour venir en aide aux étudiants, avec notamment des cours de soutien en petits groupes.

Favorable au jour de présence des étudiants annoncé par Emmanuel Macron la semaine dernière, il est "dubitatif" quant à la mise en place de ce système. "Il n'y a ni circulaire du ministère, ni organisation des universités", raconte-t-il.

Précarisation du personnel et des étudiants

L'enseignant dénonce par ailleurs une précarisation des étudiants et des personnels antérieure à la crise sanitaire. "Les universités font un usage explosif des contractuels dans des conditions dégradées. Ils travaillent sans signer de contrat, sont payés six mois plus tard…", affirme-t-il. Selon lui, il est urgent de recruter pour faire face à la hausse du nombre d'étudiants.

Plusieurs manifestants interrogés dénoncent des universités gérées "comme des entreprises" et réclament une meilleure organisation face à la pandémie. "Les décisions changent sans arrêt, et le ministère de l'Enseignement supérieur ne nous aide pas à nous organiser", pointe Vincent Gay.

Si l'annonce de repas Crous à un euro pour tous les étudiants lui semble "un minimum", il note que de nombreuses cantines sont fermées et les cafétérias à emporter, débordées. "C’est très violent de voir des gens qui ont cours avec vous aller se nourrir à l’aide alimentaire", témoigne de son côté Saphia.

"Il n'y a plus d'égalité entre les élèves"

Les professeurs des écoles ont aussi répondu à l'appel de leurs syndicats. Ils soulignent eux aussi un manque de moyens et d'organisation mais sont également remontés contre la réforme du bac. "Nous sommes livrés à nous-même pour nous organiser. Chaque lycée fait comme il veut. Et il n'y a plus d'égalité entre les élèves pendant la pandémie : certains ont cours tous les jours, d'autres non", témoigne Véronique Pabian, professeure au lycée Jean Jaurès de Montreuil (93).

"Dans ce lycée populaire, les élèves ne peuvent pas suivre les cours à distance, ils sont 200 à ne pas avoir d'équipement informatique", abonde son collègue, Pierre Claustre. En tête de manifestation, ils interpellent le gouvernement pour obtenir des créations de postes pour faire face à l'augmentation du nombre d'élèves. Une revendication partagée avec leurs collègues du supérieur.

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