Reportage

Des étudiants handicapés empêchés d’étudier

Par Marie-Anne Nourry, publié le 27 juillet 2011
1 min

En septembre 2011, 15 étudiants lourdement handicapés de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense risquent d’être privés de rentrée, car leur unité de logements et services, située dans la résidence universitaire, est menacée de fermeture, faute de soutien financier. En cause, le Conseil général des Hauts-de-Seine (92), qui refuse jusqu’ici d’augmenter le montant de l’allocation versée aux étudiants.

Etudiant handicap à l'Université de NanterreEn 2007, le CROUS (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de Versailles a transformé quelques studios de la résidence universitaire de Nanterre en logements adaptés. Depuis, une douzaine d’étudiants lourdement handicapés et particulièrement dépendants ont pu en profiter.

 Les logements spécialisés menacés de fermeture


"Tout est prévu pour que cette unité, parfaitement intégrée dans le campus, fonctionne dans les meilleures conditions possibles", assure Jean-Pierre Aubert, père d’un des étudiants concernés et président bénévole du GIHP (Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques) en Ile-de-France. L’université finance l’accompagnement individuel pour les cours, le CROUS loue les studios et la PCH (prestation de compensation du handicap) finance l’assistance individuelle pour les actes du quotidien, tels que la toilette, le coucher ou le retournement pendant la nuit.

"Le problème est que le tarif horaire de la PCH est fixé par le département, et que le Conseil général des Hauts-de-Seine pratique un tarif minimum inadapté (17,59 €)", poursuit le président de l’association. Pour compenser les pertes, le GIHP a donc dû débourser plus de 200.000 €, en 2010-2011, pour assurer 35.200 heures de prestation. "Si le Conseil général des Hauts-de-Seine n’augmente pas son soutien financier, nous devrons arrêter ces prestations, ce qui entrainera la fermeture de l’unité spécialisée."

Carton rouge en Ile-de-France


La région parisienne est particulièrement démunie en matière d’accueil des étudiants handicapés en général et particulièrement de ce profil. "Mon fils, comme bien d’autres, a été obligé de partir seul à Nancy pour effectuer le début de ses études supérieures", relate Jean-Pierre Aubert. Le GIHP veut développer suffisamment de structures spécialisées, en Ile-de-France, pour être capable d’accueillir une centaine d’étudiants. "Pour l’instant, nous avons 25 places, réparties entre l’unité de Nanterre, menacée de fermeture, et celle de Cachan, prête à ouvrir."

En proposant une alternative à la vie en institution, Jean-Pierre Aubert et son association souhaitent que les étudiants handicapés moteurs puissent mener pleinement leur vie d’étudiant. "Notre association a été créée par des étudiants handicapés qui voulaient accéder non seulement aux études supérieures mais plus largement à leur vie de citoyen et à la vie professionnelle."

Pour contacter le GIHP : http://www.gihpnational.org
Interview de Jean-Pierre Aubert, président du GIHP, à lire sur EducPros.



La réponse d’Etienne Charrieau, directeur général adjoint du pôle Solidarités au Conseil général des Hauts-de-Seine (92) :
"Nous avons rencontré Jean-Pierre Aubert, le président du GIHP en Ile-de-France, le 13 juillet 2011, et nous sommes tombés d’accord sur la constitution d’un établissement reprenant les chambres et les pièces communes existantes. Ce ne sera plus le CROUS mais le gestionnaire de l’établissement, qui louera les chambres aux étudiants handicapés et gèrera la totalité des services d’assistance individuelle. Ces services seront pris en charge à 100% par le département des Hauts-de-Seine".
"Cet établissement devrait ouvrir début 2012. En attendant, les étudiants pourront rester dans leurs chambres et avoir une rentrée normale."

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