Décryptage

Frais de scolarité des étudiants étrangers : la carte des facs qui refusent la hausse

Dès décembre 2018, les étudiants ont manifesté contre la hausse des frais d'inscription pour les étrangers.
Dès décembre 2018, les étudiants ont manifesté contre la hausse des frais d'inscription pour les étrangers. © Olivier SAINT-HILAIRE/HAYTHAM-REA
Par Pauline Bluteau, publié le 28 janvier 2019
4 min

Quelles sont les universités qui refusent d'augmenter les frais d'inscription des étudiants étrangers à la rentrée 2019, comme le demande le gouvernement ? Sur quelles revendications appuient-elles leur opposition ? Retrouvez nos explications et visualisez ces établissements à l'aide de notre carte.

"L’augmentation des droits d’inscription [pour les étudiants internationaux hors Union européenne] ne paraît ni pertinente, ni juste", assurait l’université de Lyon 2 dans un communiqué de presse diffusé le 15 janvier 2019.

Depuis le discours du Premier ministre Édouard Philippe lors des rencontres universitaires de la francophonie le 19 novembre dernier, plusieurs universités ont fait part de leur mécontentement. Et la liste des facs qui ont même décidé de boycotter cette décision à la rentrée 2019 s'allonge... Avec Tours, qui vient de communiquer à ce sujet, elles sont une dizaine à s'opposer au décret.

Les associations étudiantes en première ligne

L’objectif est clair : accueillir plus de 500.000 étudiants internationaux d’ici à 2027 grâce au plan "Bienvenue en France". Selon le gouvernement, cette stratégie passe par une augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens.
À titre d’exemple, pour étudier en licence, un étranger devra désormais verser 2.770 € à son établissement contre 170 € pour un Européen. Ce que rejettent à la fois les associations étudiantes et les universités.
Dès le 1er décembre 2018, l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) et la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) avaient appelé à une mobilisation générale contre cette augmentation des frais de scolarité. Les associations dénoncent, entre autres, une sélection par l’argent et une accentuation des inégalités.

Les étudiants étrangers ne paieront pas ?

En parallèle, l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers a fait l’objet de réunions au sein même des universités depuis décembre 2018. Elles ont abouti à un refus d’appliquer ce principe.

Comme l’affirme l’université d’Aix-Marseille, qui accueille plus de 10.000 étudiants étrangers chaque année : "L’établissement utilisera toutes les possibilités réglementaires qui lui sont offertes pour permettre aux étudiants internationaux extra-communautaires concernés de bénéficier du maintien du régime tarifaire actuellement appliqué."

L’université de Lyon 2 a, quant à elle, dénoncé une situation paradoxale : comment accueillir plus d'étudiants en les obligeant à payer plus ? "Bienvenue en France remet en cause le principe d'une université française ouverte à tou.tes. (…) et bat en brèche le principe d’égalité de traitement", a-t-elle souligné.

Les étudiants les plus modestes pénalisés

Même constat du côté de l'université du Mans où son président, Rachid El Guerjouma, réclame avant tout une concertation avec le ministère. "J'espère que la mobilisation des universités va faire réagir le gouvernement, car de nombreux collègues craignent que cette mesure ne soit, à terme, étendue aux étudiants français."
D'après lui, cette mesure va notamment pénaliser les étudiants les plus modestes qui n'auront pas les moyens de venir en France. "Ce que je souhaiterais, c'est la gratuité totale des frais d'inscription pour tout le monde. Ce serait un geste fort dans ce contexte actuel...", propose-t-il.
Néanmoins, même si les présidents d'université élèvent leurs voix pour suspendre le décret, ils ne pourront pas aller à l'encontre du gouvernement. "On ne peut pas désobéir à la loi, mais on peut essayer de faire changer les choses en amont. On est tous d'accord pour améliorer l’accueil des étudiants internationaux et le rayonnement de la France à l'étranger, mais pas dans ces conditions", poursuit Rachid El Guerjouma.

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