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Évaluation des étudiants : les facs doivent revoir leur copie

Par Grégory Danel, publié le 01 octobre 2007
4 min

Les universités se font taper sur les doigts… Dans une étude* publiée mercredi dernier, l'IGAENR (Inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche) souligne les dysfonctionnements de l’évaluation des étudiants à la fac.

Premier reproche : le rapport souligne la complexité de l'organisation de l’évaluation, accentuée et non simplifiée par la mise en place du LMD. Résultat : les règles des examens ne sont pas toujours comprises de la même façon par les professeurs et par le personnel administratif d’une fac à l’autre, voire d’un département à l’autre au sein d’une même université. Ainsi, « la mission a rencontré toutes les variations possibles sur le calcul des compensations, sur les modalités du rattrapage en seconde session, sur le recours à une note éliminatoire », lit-on dans le rapport. Ici, les résultats de contrôle continu s’effacent s’ils sont inférieurs aux résultats de partiels. Là, on ne sait s’il faut garder la notre initiale plutôt que la note rattrapée… Au centre de ce micmac, les étudiants sont perdus. Certains avouent même « ne pas savoir, jusqu'à la délibération du jury, si leurs résultats les mettent en position d'obtenir le diplôme ».

Plus grave pour eux, l'anonymat des copies est inégalement respecté, voire considéré comme « un rituel sans signification ». « Il arrive par exemple que les copies soient désanonymées par le professeur même qui les a corrigées avant que les résultats soient remis à l’administration », indique le rapport.
 

De 25 à 50 % de tricheurs

 

Deuxième point noir : l'organisation des épreuves manque cruellement de rigueur. La surveillance des examens est jugée « souvent insuffisante ». « La vérification des identités, le contrôle des copies remises, la gestion des sorties de salles ou la surveillance proprement dite sont souvent conduits sans la rigueur indispensable », affirment les rapporteurs. Les étudiants évoquent des surveillants rendus invisibles par leur journal ou qui disparaissent temporairement !
Dans ces conditions, il est tentant de frauder… Selon la mission, les étudiants interrogés estiment que la part des tricheurs s’élève de 25 à 50 %. Copiage sur le voisin, codes oraux en cas de QCM (questionnaires à choix multiple), antisèches, enregistrement de formules et de données dans les calculatrices, consultation de cours parfois dissimulés dans les toilettes, etc. les étudiants s’en donnent à cœur joie ! Mais les établissements ont tendance à minimiser le problème et déploient peu d’efforts pour y remédier : les convocations en conseil de discipline suite à des cas de fraudes sont rares, peu dissuasives et les peines sont en général légères.
De même, les universités feraient preuve d’un certain laxisme quant à l’affichage des résultats des examens. « La mission a rarement trouvé des panneaux d'affichage vitrés et fermés à clé : plus souvent des panneaux en désordre où l'information relative aux examens est mêlée à tout le reste. Les corrections apportées aux listings sont souvent faites à la main sans précaution particulière », signale le rapport.
Résultat de ce flou monumental : on est loin de l’égalité de traitement à laquelle les étudiants ont droit. En outre, la qualité des études et des diplômes est remise en question. Les facs elles-mêmes avouent douter de la valeur des parchemins qu’elles délivrent… Les jeunes, eux, « ont pris l'habitude de louvoyer, la poursuite du diplôme devenant la recherche de la stratégie la plus payante, en choisissant les professeurs dont la rumeur rapporte qu'ils notent le plus généreusement, les unités dont on entend dire qu'elles « rapportent le plus »… ».
 

Refonte de la licence

 

Pour améliorer le système, le rapport recommande une évaluation des étudiants construite de façon plus méthodique en référence aux objectifs des formations, un travail collectif des enseignants, un contrôle qualité des examens dans les unités de formation ainsi qu'un pilotage national de l'évaluation des étudiants développés. La mission préconise également une refonte de la licence. L'inspection évoque l'idée d'un cursus de trois années, dont tous les étudiants suivraient la totalité des enseignements, en étant évalués sur le mode d'un contrôle continu. Le diplôme serait délivré avec un calcul unique de compensation en fin de sixième semestre et l'organisation d'une seule session de rattrapage en fin de troisième année. Autant d’idées qui pourraient être reprises par les universités au moment de leur passage à l’autonomie.

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