Reportage

Licence de STAPS : ça se passe comment une journée en première année ?

Par Mathieu Oui, publié le 17 décembre 2013
6 min

Vous êtes nombreux à rêver de faire une licence de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Mais à quoi ces études, loin de se limiter à la seule pratique du sport, ressemblent-elles vraiment ? Entre TD de psychologie, de physiologie et activités sportives, récit d’une journée ordinaire en L1, à l’université d’Orléans (45).

7 h 30, station Université-Château

Des flots d'étudiants descendent du tramway pour rejoindre le bâtiment de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives), à 100 mètres. L'édifice qui abrite amphis, salles de TD (travaux dirigés), bureaux de l'administration et une cafétéria, est encadré, d'un côté par un grand gymnase, de l'autre par une halle des sports équipée d'un mur d'escalade. Pas besoin de faire des kilomètres pour passer des cours à la pratique sportive ! Direction justement le premier TD de la journée, de 7 h 45 à 9 h 45 (selon les groupes : physiologie, histoire ou psychologie), qui sera suivi d'un second, de 10 h à 12 h.

Cette année, la filière STAPS, à Orléans, compte 591 inscrits en L1. Mais entre les abandons et les réorientations, le nombre d'étudiants chute les années suivantes. Ils ne sont, par exemple, que 240 cette année en L2 (200 en L3). "Le manque d'autonomie des étudiants est la principale cause d'échec", estime Jacques Larue, responsable des études de la filière à l'université d'Orléans.

Etudiants STAPS en TD

En TD de physiologie, l'enseignante assure son cours sur les effets des hormones et le système endocrinien. // © Eric Garault

10 h, salle 3

L'enseignante en charge du TD de physiologie, Nathalie Rieth, commence par faire l'appel : une vingtaine d'élèves, en majorité des filles. Au programme des deux heures de cours : les effets des hormones et le système endocrinien. Quels sont les effets métaboliques des glucocorticoïdes ? L'enseignante pose la question à une élève qui sèche. Puis il est question du stockage du glucose dans le corps, de néoglucogenèse (synthèse du glucose), de protéolyse (décomposition des protéines par l'eau)... L'enseignante écrit au tableau chaque nouvelle notion importante.

"Le programme en licence STAPS repose sur un équilibre entre sciences dures, sciences humaines et activités physiques et sportives", explique Jacques Larue. En première année, la vingtaine d'heures hebdomadaires est consacrée à l'anglais appliqué au sport, aux approches historiques, anthropologiques et sociologiques de la motricité, aux modèles de la psychologie, à la physiologie et à l'anatomie des grandes fonctions. Le tout est complété par des APS (activités physiques et sportives), le projet personnel et professionnel et deux enseignements libres. Au second semestre, s'ajouteront un cours d'informatique-bureautique et deux autres enseignements libres qui préparent au choix de la mention de licence.

11 h 30, salle 7

Arnaud Lacaille, l'enseignant en psychologie sociale, assure son TD devant 23 élèves. Cette fois, les filles sont minoritaires. Répartis en fonction de l'option (la discipline sportive principale suivie quatre heures par semaine), les groupes sont plus masculins en foot et en rugby, plus mélangés en athlétisme et en basket... En début de TD, l'enseignant a distribué un texte de huit pages sur la psychologie sociale. Une fois la lecture terminée, il tente de faire réagir les étudiants qui écoutent sans oser trop intervenir ou donner leur opinion.

Arnaud Lacaille revient sur des notions du cours magistral, comme la psychologie sociale ou la dissonance cognitive. "Généralement, le comportement d'une personne est en adéquation avec ses croyances ou ses valeurs. Quand ce n'est pas le cas, on parle de dissonance cognitive : cela nous arrive tous les jours", explique le jeune enseignant, exemples à l'appui.

Pour beaucoup d'étudiants, la psychologie est jugée comme la principale difficulté des STAPS. "Il y a beaucoup de notions et de termes à apprendre, estime une de ses élèves, Margot, titulaire d'un bac scientifique. En même temps, cela nous aide à réfléchir sur nous-mêmes, à mieux comprendre nos comportements et, du coup, ceux des autres."  "Le cours sur la motivation était intéressant, renchérit Antoine, un autre étudiant de première année. J'ai réalisé comment on s'impose parfois ses propres barrières."

Etudiants STAPS pratique

L'escalade fait partie des huit disciplines que les étudiants doivent pratiquer en cours de licence, en plus de leur option principale. // © Eric Garault

14 h, halle des sports

Après la pause déjeuner, c'est la reprise des polyvalences d'APS. Les "polys" permettent aux étudiants de se familiariser avec d'autres disciplines sportives que leur "option" principale et de développer une approche transversale sur l'ensemble des APS. Ils en suivent huit sur le cycle licence, parmi lesquelles : athlétisme, danse, escalade, gym, sports collectifs, etc. Sur le mur d'escalade de 12 mètres de haut, quatre binômes de grimpeur et assureur (celui qui contrôle la corde de progression) sont déjà en place. Au final, les étudiants seront évalués sur la technique et sur leurs connaissances en matière de sécurité ou de communication (en activité de pleine nature, il faut communiquer vite et précisément).

La séance est aussi l'occasion de réfléchir à l'approche pédagogique : un diplômé doit être capable d'intervenir et de transmettre ses compétences à différents publics (enfants, adultes, handicapés...). "Il ne s'agit pas de faire de la pratique pour la pratique, mais de faire le lien avec tous les autres enseignements", précise Jacques Larue. Cette formation globale et polyvalente des diplômés est d'ailleurs appréciée des recruteurs.

16 h, fin des cours

Certains étudiants rentrent chez eux, d'autres partent s'entraîner dans les clubs où ils sont licenciés. Est-ce qu'ils ont une idée précise d'orientation dès la première année ? Pas tous ! Charles, lui, veut devenir professeur de sport : un concours l'attend donc l'année du M1 (première année de master), Margot vise une licence professionnelle en gestion d'événements sportifs qu'elle rejoindra après avoir validé sa L2. Quant à Antoine, il espère aller en kiné à l'issue de la première année de licence, mais il a la pression. "Pour intégrer kiné en fin de STAPS, il faut valider ses deux semestres du premier coup et faire partie des quinze premiers de la promo", explique Margaux, sa camarade qui a le même projet. Or, cette année, ils seraient entre 120 et 150 élèves à vouloir s'orienter en kiné à la fin de leur première année (soit environ 20% de la promotion).

En cas d'échec, Antoine souhaite rejoindre la mention APAS (activités physiques adaptées et santé) de la licence, pour travailler auprès de personnes handicapées. En L2, les étudiants doivent, en effet, choisir parmi quatre mentions, qui préfigurent leur projet professionnel : éducation et motricité, activités physiques adaptées et santé, entraînement sportif, management du sport. 

VERS UNE LIMITATION DES EFFECTIFS EN STAPS ?
Face à l'affluence en STAPS, plusieurs universités ont été contraintes de limiter les capacités d'accueil des étudiants, avec, pour conséquence, un tirage au sort des candidats en première année. Jusqu'à présent, la filière STAPS d'Orléans ne fixait pas de capacité maximale.
Mais les effectifs ont augmenté de 20% à la rentrée 2013 !
Les responsables souhaitent donc limiter le nombre d'étudiants à 500 inscrits en L1 en 2014. Car le succès représente un coût supplémentaire en heures d'enseignement et complique la gestion des plannings d'équipements sportifs.


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