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Reportage

Prix du Roman : à Lille, des étudiants rencontrent l'auteure Emmanuelle Lambert

Alexis Buffet anime cette rencontre littéraire du Prix du roman des étudiants
Alexis Buffet anime cette rencontre littéraire du Prix du roman des étudiants © L'Etudiant - Amélie Petitdemange
Par Amélie Petitdemange, publié le 22 novembre 2024
6 min

Des étudiants de l'université de Lille ont rencontré, lundi 18 novembre, l'auteure Emmanuelle Lambert dans le cadre du Prix du Roman des étudiants.

Ce lundi 18 novembre, une centaine d’étudiants étaient réunis dans une bibliothèque de l’université de Lille (59), pour rencontrer l'écrivaine Emmanuelle Lambert, auteure d’Aucun Respect.

Chaque année, le Prix du Roman des étudiants récompense une œuvre écrite en langue française, issue de la rentrée littéraire et élue par un jury composé d'étudiants. Pour cette douzième édition, 2.500 étudiants français sont inscrits pour le vote, dont 150 à l'université de Lille.

Dans ce cadre, les étudiants assistent à des rencontres ou débattent des ouvrages, avant de voter puis de remettre le prix au lauréat, le 12 décembre. Emmanuelle Lambert a été sélectionnée par France Culture, organisateur du Prix, aux côtés de quatre confrères.

Plus d'une centaine d'étudiants, en majorité en licence 1, assistent à la rencontre avec Emmanuelle Lambert.
Plus d'une centaine d'étudiants, en majorité en licence 1, assistent à la rencontre avec Emmanuelle Lambert. © L'Etudiant - Amélie Petitdemange

Alexis Buffet, maître de conférences en littérature française, a entamé la rencontre en présentant l’auteure et ses ouvrages, avant de poursuivre avec un jeu de questions-réponses. Aucun respect est "un matériau autobiographique", explique-t-il, bien que l’œuvre soit écrite à la troisième personne.

"C’est ma vie, confirme Emmanuelle Lambert, mais dire ‘elle’, c’est parler de n’importe quelle jeune fille normale qui se retrouve dans un monde littéraire anormal pour elle."

"Dans la vingtaine, on a du mal à trouver sa place"

L’intrigue retrace l’histoire d’une jeune femme de vingt ans, qui découvre le microcosme du monde littéraire parisien, dominé par les hommes.

"C’est un roman d’apprentissage féminin, explique l'autrice. Je crois que dans la vingtaine, au sortir du bac, on a du mal à trouver sa place. Je viens d’un milieu relativement privilégié, mais quand je suis arrivée en prépa au lycée Louis-le-Grand, je ne comprenais pas ce que disaient les autres étudiants : leurs blagues, leurs références culturelles…"

Le livre est aussi né de la réflexion qu’elle a eue après le mouvement #MeToo : "C’est aussi un livre sur les formes de domination. Je porte désormais un regard différent sur ce qui me paraissait normal à l’époque. Pourquoi est-ce que ma génération s’est accommodée avec ce que la génération actuelle refuse avec force et raison ?" questionne Emmanuelle Lambert.

Des problématiques qui parlent aux jeunes

Son roman a marqué les esprits des étudiants présents, en très grande majorité des jeunes femmes, dont l’expérience de l’héroïne a fait écho à leur propre situation.

"Ce qui résonne particulièrement en moi, c’est la question de la place. On vient de recevoir nos premiers examens et notes, et on se demande si on a notre place ici. Est-ce qu’on est assez doué ? On a tendance à se dénigrer", confie Elisa, étudiante en première année de lettres modernes, à l'issue de la rencontre.

L'étudiante penche d’ailleurs pour ce roman, dans le cadre du vote qui débute ce 22 novembre. "Je vais le choisir, car c’est un sujet qui nous concerne dans la société : la place des femmes et les rapports de domination. J’ai aussi aimé le style d’écriture subtil et cette distance plus objective instaurée par l’utilisation du pronom ‘elle’."

Nastia, 18 ans, est aussi convaincue. L'étudiante en première année de lettres modernes se dit touchée par "les questions abordées dans le roman : ce moment où on entre dans la vie d’adulte, les agressions sexuelles, les relations amoureuses. Le fait qu’elle intègre une relation libre est aussi très moderne", raconte-t-elle.

Rencontrer des publics éloignés des librairies

Emmanuelle Lambert serait "très honorée" de recevoir un prix remis par des jeunes. "C’est le plus grand des compliments, car ils sont l’avenir", affirme-t-elle. Également sélectionnée pour le Goncourt des lycéens et le Goncourt des détenus, l'écrivaine apprécie ces rencontres avec "des publics qu’on ne voit pas trop en librairie, les jeunes n’ayant pas forcément les moyens".

Pour Elisa, cette rencontre "très enrichissante" a désacralisé la figure de l’écrivain. "C’est intéressant de voir que ce sont des personnes normales, comme nous, qui ne sont pas prétentieuses, même si elles sont connues", témoigne l’étudiante.

Jade, en première année de lettres modernes, est également ravie de participer à ce prix. "En cours, on étudie la littérature ancienne, comme Rabelais et Racine. Les livres sélectionnés sont plus contemporains, avec des sujets qui nous parlent plus. J’ai hâte de me plonger dans leur lecture !"

Une participation bénéfique pour les études

L'étudiante de 18 ans s'est portée volontaire pour lire un extrait d'Aucun Respect lors de la rencontre. "J'aime l'éloquence et parler devant des gens, et j'espère gagner des points avec cette lecture", nous explique-t-elle.

Selon la volonté de chaque professeur, la participation au jury étudiant peut être ou non inclus dans les cours, et éventuellement rapporter des points bonus. Certains professeurs, comme Alexis Buffet, font étudier des extraits des livres sélectionnés à leurs étudiants. D'autres organisent des cercles de lectures ou des débats.

"Les demandes varient. Par exemple, certains profs demandent d'argumenter le vote. Dans notre classe, la participation au jury n'est pas obligatoire, mais très encouragée, et ça nous fait gagner des points bonus", explique Nastia.   

Quoi qu'il en soit, cette expérience sera utile pour ses études et sa future carrière, assure l'étudiante, qui souhaite devenir professeur de français.

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