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Universités en déficit : quel sera l’impact sur les étudiants ?

En décembre, les présidentes et présidents d’universités s'étaient mobilisés pour alerter sur la situation bugétaire des universités.
En décembre, les présidentes et présidents d’universités s'étaient mobilisés pour alerter sur la situation bugétaire des universités. © Jean Claude MOSCHETTI/REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 28 janvier 2025
5 min

Le déficit croissant des universités entraîne des conséquences concrètes pour les étudiants, a alerté France Universités lors d’un point presse, ce lundi 27 janvier. Les établissements craignent des fermetures de formations et d’antennes locales, une diminution des capacités d’accueil, et une baisse de l’encadrement pédagogique.

Les universités et syndicats étudiants s’inquiètent du budget des universités, alors que le projet de loi de finances 2025 sera examiné par une commission de députés et de sénateurs, à partir du 30 janvier.

"C’est important que les étudiants comprennent ce qu’il se passe. Ce n’est pas un sujet de budget éloigné. Cela signifie que nous avons moins de profs, moins d’heures de cours, des bâtiments pas rénovés… et une possible augmentation des frais d’inscription", pointe Maëlle Nizan, présidente du syndicat étudiant Fage.

L’augmentation des frais d’inscription "n’est pas taboue" pour Dean Lewis, vice-président de France Universités et président de l'université de Bordeaux. Pour autant, plusieurs conditions sont loin d’être réunies. Selon lui, il faut au préalable répondre à la problématique de la précarité des étudiants, avec une réforme structurelle des bourses.

Moins d’enseignants face aux étudiants

La situation budgétaire a déjà des conséquences concrètes pour les étudiants. "Pour que les étudiants réussissent, il faut un taux d’encadrement suffisant en licence", affirme Virginie Dupont, présidente par intérim de France Universités et présidente de l'université Bretagne Sud lors d’un point presse ce lundi 27 janvier.

Or les universités sont contraintes de couper dans leurs recrutements d’enseignants, faute de moyens. "Près de 60 universités sur 74 ont présenté un budget initial 2025 en déficit", explique-t-elle.

"De nombreuses missions sont également menacées, comme celles liées à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, contre les discriminations, ou encore à la santé physique et mentale", ajoute le syndicat Union étudiante dans un communiqué publié ce lundi.

Une baisse du nombre de places dans les formations

Certaines universités doivent réduire leurs capacités d’accueil, voire fermer des formations ou des antennes universitaires. Sorbonne Université réduit par exemple son offre de formation en psychomotricité sur Parcoursup pour la rentrée 2025, de 155 à 120 places. Une réduction qui se poursuivra chaque année, et qui pourrait mener à la fermeture de la formation.

Pour le syndicat Union étudiante, les coupes budgétaires ont ainsi "pour effet de renforcer la sélection sociale à l’université, où les places sont toujours plus rares et chères pour les étudiants".

Des doctorants qui ne trouvent pas de contrat en France

"Le sous-financement se fait au détriment des jeunes et des familles, avec notamment un report vers le privé", souligne Dean Lewis. Dans le cas de formations qui sont uniquement faites à l’université, "cela veut dire former moins de juristes, moins de médecins, moins de profs", ajoute Virginie Dupont.

Une situation inacceptable pour France Universités. "Nous couvrons aujourd’hui l’ensemble des formations et des territoires, c’est la démocratisation de l’enseignement supérieur et de la recherche. Il convient de maintenir cette mission de service public", martèle Dean Lewis.

Le manque de financement des universités pèse également sur les diplômés. "Les doctorants qui ont été formés chez nous partent travailler à l’étranger, car il y a un manque de postes et des rémunérations faibles, indique Virginie Dupont. C’est du gâchis !"

Un apport supplémentaire encore trop faible

France Universités et la Fage notent que le nouveau ministre chargé de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, connaît bien l’université et se montre ouvert au dialogue. Le ministère de l’Enseignement supérieur a d’ailleurs annoncé vendredi 24 janvier un apport de 100 millions d’euros supplémentaires. Mais "les inquiétudes subsistent" au sein des universités. Les établissements font en effet face à une dépense supplémentaire bien supérieure en 2025, de 500 millions d’euros nets.

Deux tiers de cette dépense sont liés à des mesures décidées par l’État, comme des hausses de salaire, dont les universités doivent assumer le coût sans aide financière. Le coût de l’électricité et du gaz représente le dernier tiers de la dépense supplémentaire à laquelle les établissements devront faire face en 2025.

Virginie Dupont évoque ainsi la probable nécessité pour certains établissements de fermer lors de périodes de chauffage, en mettant les personnels en télétravail et les étudiants en enseignement à distance.

Vers une nouvelle mobilisation ?

Les étudiants sont ainsi inquiets pour leurs conditions d’études. Le syndicat Union étudiante appelle d’ailleurs à une journée d’action, ce mercredi 29 janvier, contre les coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur.

Les présidentes et présidents d’universités, qui s'étaient mobilisés de façon inédite en décembre dernier, pourraient relancer cette mobilisation dans les prochains jours. Pour Virginie Dupont, "l’État doit prendre ses responsabilités pour préparer l’avenir de sa jeunesse".

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