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Guerre en Ukraine : quel soutien pour les étudiants ukrainiens et russes ?

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Plus d'un mois après le début de la guerre en Ukraine, les établissements s’organisent pour soutenir les étudiants ukrainiens et russes. © Halfpoint/Adobe Stock
Par Amélie Petitdemange, publié le 06 avril 2022
6 min

Plus d'un mois après le début de la guerre en Ukraine, les établissements s’organisent pour soutenir financièrement et psychologiquement les étudiants ukrainiens et russes. Trois étudiantes témoignent.

"C’est vraiment dur d’expliquer comment je me sens. Les premières semaines ont été très difficiles. Je ne dormais plus, je regardais tout le temps les informations. Je n’étais plus une personne, quelque chose en moi avait été tué", raconte Daria en anglais.

La jeune Ukrainienne de 20 ans est arrivée en France en janvier pour un échange avec Sciences po Paris. Elle devait rentrer en Ukraine à la fin de cette troisième année d’études. "Je vais finir mon échange, c’est important. Mais après, je ne sais pas… Etant donné les circonstances, peut-être que je peux négocier avec Sciences po pour rester plus longtemps".

Prolonger les échanges des étudiants ukrainiens et russes

L’établissement a envoyé un message aux étudiants pour les assurer de leur soutien. Au cas par cas, il sera possible de prolonger certains programmes d'échange, voire d'être admis dans un programme diplômant. Sciences po Paris promet aussi un accompagnement dans les démarches liées à une prolongation de visa étudiant et de logements. Une cellule de soutien psychologique est par ailleurs accessible à tous les étudiants touchés par la guerre.

Daria n’a pas contacté de psy, elle a besoin de "digérer" seule. "Pour l’instant, j’ai du mal à en parler. Je ressens beaucoup d’anxiété et de peur. Même si je suis en sécurité, j’ai peur pour ma famille, mes amis, tout le pays…". Son père, qui travaillait pour une banque, a été enrôlé dans l’armée. Quant à sa mère, elle a rejoint l’Europe après six jours de voyage et devrait la rejoindre à Paris d’ici quelques jours.

Des étudiants sans ressources

Léna*, étudiante russe, est en échange à l’université de Caen-Normandie depuis décembre dernier. La jeune femme de 23 ans est sans ressources depuis que sa carte bleue a été bloquée. "Il me reste 1.200 euros pour tenir jusqu’à la fin de mon échange début mai. Je vais me fournir à l’épicerie solidaire", explique-t-elle.

Elle salue la possibilité de consulter un psy gratuitement grâce à l’université, même si elle ne s’est pas encore saisie du dispositif. "J’appelle régulièrement ma mère, ma famille a peur pour moi et j’ai peur pour eux", raconte la jeune femme. Certains membres de sa famille lui conseillent de prolonger son séjour en France, quitte à faire une pause dans ses études. Mais d’autres la voudraient près d’eux. "Je penche pour cette dernière option, je veux rentrer étudier chez moi. Le problème, c’est que les vols sont interrompus".

La jeune femme se sent bien accueillie en France. "J’avais peur d’agressions, de questions sur la situation… mais les Français comprennent que je ne suis pas responsable, qu’on ne choisit pas son lieu de naissance. Je les en remercie", confie Léna.

Un soutien psychologique dédié aux étudiants ukrainiens et russes

Anna*, étudiante au centre universitaire de Troyes en troisième année de droit, est en France depuis 2016. Elle a demandé l'asile quand la guerre a débuté dans la région ukrainienne du Donbass en 2014 mais sa demande n'a toujours pas été acceptée.

Une situation compliquée pour la jeune femme qui s'inquiète aussi pour sa famille restée en Ukraine. Elle bénéficie de l'accompagnement mis en place à l'université de Reims pour les étudiants ukrainiens. "Je peux consulter une psychologue quand j’en ressens le besoin. J’ai fait un premier rendez-vous et je la revois dans deux semaines. Elle est très gentille et me donne des conseils sur la façon de gérer la situation". Anna devrait aussi recevoir une aide financière ponctuelle une fois sa demande déposée.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la majorité des établissements d’enseignement supérieur ont mis en place un soutien psychologique et/ou financier pour leurs étudiants ukrainiens et russes. Les universités proposent un accompagnement psychologique et prennent généralement contact avec les étudiants touchés par la guerre pour les assurer de leur soutien.

Des aides financières d’urgence

Mais au-delà du soutien psychologique, de nombreux établissements proposent aussi un soutien financier. L’université Jean Moulin-Lyon 3 a par exemple voté un plan d’aides exceptionnel. Un fonds d’aide d’urgence permettra ainsi de verser une allocation renouvelable pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois aux étudiants concernés.

Côté grandes écoles, des fonds d'urgence existent déjà, souvent héritage de la période Covid. "Des fondations peuvent aussi intervenir. Enfin, nous orientons une partie de notre budget pour accompagner des situations individuelles", complète Thomas Froehlicher, président de la commission Relations internationales de la CGE et directeur de Rennes School of Business.

Et les grandes écoles ont été appelées "à la tolérance, au soutien des étudiants sur place et à l'accueil des étudiants réfugiés" : "Nous travaillons étroitement avec les ministères de l’Enseignement supérieur et des Affaires étrangères, Campus France et les Crous pour mettre en place des actions communes", affirme Elena Levandowsky à la commission Relations internationales de la CGE (Conférence des grandes écoles).

*Le prénom a été modifié.

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