Décryptage

LES IAE, des écoles de commerce gratuites (ou presque)

Les IAE proposent des cours similaires aux écoles de commerce.
Les IAE proposent des cours similaires aux écoles de commerce. © SolisImages / Adobe Stock
Par Gabriel Joly, publié le 08 octobre 2020
5 min

Pour se former au management, passer par la case école de commerce n’est pas une obligation. Les IAE proposent des formations universitaires dont le contenu est similaire à celles dispensées en écoles. Des écoles de commerce gratuites (ou presque), notamment pour les étudiants qui ne veulent ou ne peuvent pas payer une scolarité en business school.

Exit l'école de commerce à plus de 10.000 euros l’année. En choisissant de poursuivre vos études dans l'un des 35 IAE (Institut d'administration des entreprises) présents en France, vous aurez accès à un diplôme de qualité qui vous offre une très bonne insertion pour un budget 10 à 15 fois moins élevé.

Une formation en management quasi gratuite

Marie est étudiante à l’IAE de Nantes (44). Le choix de cette formation est celui de la raison. "Quand on ne sait pas trop quoi faire, comme c’était le cas pour moi, c’est compliqué de se lancer dans une formation en école à plus de 10.000 euros l’année. L’IAE, c’est un choix plus raisonnable", estime-t-elle.

Ces établissements dépendant des universités (on les désigne d'ailleurs aussi comme des "écoles universitaires de management"), les droits d'inscription sont donc pour la plupart calqués sur ceux de l'université. Avec un coût de 170 euros par an en licence et de 243 euros par an en master, ces écoles de management publiques peuvent se positionner comme des business school (quasi) gratuites. Rien à voir en effet avec les frais de scolarité demandés en écoles de commerce privées, qui se situent entre 10.000 et 15.000 euros l'année. À noter, toutefois, que certains IAE pratiquent des frais plus élevés, comme celui d'Aix-Marseille (13) qui demande un peu plus de 8.000 euros pour une formation en deux ans.

Le rapport coût/qualité est d'ailleurs un aspect que revendiquent les dirigeants d’IAE. Christian Varinard, directeur général de l’iaelyon school of management, y voit "une meilleure ouverture pour une même qualité de formation" car, signale-t-il, "on accueille des étudiants de tous milieux sociaux".

Une formation attractive et sélective

Au-delà du coût, les instituts d'administration des entreprises sont également des formations sélectives, à l’instar des écoles de commerce privées. Sur l'année 2019, les 35 IAE ont recensé une moyenne de 170.000 candidats à l'intégration aux niveaux licence et master. Un chiffre qui devrait même grimper à 200.000 en 2020 selon Éric Larmarque, président du groupe IAE France et directeur de l’IAE de Paris (75).

Environ un cinquième des candidats sont pris en IAE. Le passage d’APB à Parcoursup a eu pour effet d’accroitre la sélectivité

. "Cela a profité à la qualité de la formation" estime Christian Varinard. En effet, "contrairement à APB qui pouvait avoir recours au tirage au sort, Parcoursup draine des étudiants qui ont un profil et un projet cohérent avec les IAE notamment", souligne le directeur de l'établissement lyonnais.

Une approche territoriale favorisant l’insertion professionnelle

Côté insertion professionnelle, les diplômes des IAE n'ont rien à envier aux écoles de commerce. L'une des particularité toutefois, "c'est de mettre l’accent sur un ancrage régional et local", explique Christel Beaucourt, qui dirige l’Institut de Lille (59). Ce que confirme Éric Lamarque, "les PME sont très attentives à l’échelle locale et c’est l’une des forces des IAE, là où les écoles de commerce ont eu tendance à délaisser cet aspect."

Par ailleurs, si ces écoles universitaires de management misent sur l’échelle locale, cela ne les empêche pas de travailler pour combler leur retard sur les écoles de commerce au niveau des mobilités internationales. "On a moins de moyens, donc on ne peut pas démultiplier les partenaires, nous devons les cibler", estime le directeur de l’IAE de Paris qui compte tout de même près de 60 accords avec l’étranger.

Ces approches combinées se traduisent par de bons résultats en termes d’entrée sur le marché du travail. Les IAE garantissent en effet une bonne insertion professionnelle avec 85% des diplômés qui ont un emploi en moins d’un an.

Un écart de salaires qui se réduit avec les écoles de commerce

Toutefois cette insertion professionnelle n’assure pas un "salaire de sortie" (les premiers revenus que touchent les diplômés, ndlr) aussi élevé qu’en école de commerce. Les grilles de salaires des anciens d’IAE sont en général inférieures, même si cette tendance, flagrante il y a quelques années, ne concerne plus que la comparaison avec les écoles du top 5.

Mathieu a fait sa licence à l’iaelyon. Il souhaite désormais intégrer une école de commerce en master via les admissions parallèles. Un choix qui s’explique par l'absence des masters des IAE dans les classements. Il estime également que les instituts sont plus faibles sur les stages en entreprises, qui sont selon lui "souvent décisifs" pour le premier emploi. "Et les noms des grandes écoles de commerce attirent plus des entreprises avec de gros moyens", estime le jeune homme.

Une vie étudiante moins développée dans les IAE

La vie étudiante en IAE est plus limitée que dans les écoles de commerce, c'est notamment ce que regrette Mathieu.
"On ne retrouve pas forcément une ambiance de promo en IAE comme celle qu'on voit en écoles de commerce", explique le jeune homme.
Mais cet enjeu n’est pas simple à résoudre pour Christian Varinard : "En école, les étudiants sont en général là pour trois ou cinq ans. Ils ont le temps de développer un sentiment d’appartenance. Chez nous, c’est plus compliqué car ils ne sont là que deux ans, le plus souvent". Un chantier qu’Éric Lamarque souhaite ouvrir à l’échelle du réseau pour améliorer encore l’attractivité de ces écoles de commerce publiques.

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