Reportage

Une année à Sciences po : les partiels avant Noël

Les étudiants de Sciences po passent certains partiels à la Maison des examens, à Arcueil (94).
Les étudiants de Sciences po passent certains partiels à la Maison des examens, à Arcueil (94). © Natacha Lefauconnier
publié le 12 décembre 2016
1 min

Immersion - épisode 3. Quatre mois après leur rentrée, les 650 étudiants de première année à Sciences po passent leurs examens de fin de semestre. Ce vendredi 9 décembre, c’est à la Maison des examens, à Arcueil (94), que les élèves parisiens se retrouvent pour passer l’épreuve de microéconomie. Amel et Alexandre, rencontrés en août dernier, livrent leurs impressions.

7 h 50, vendredi 9 décembre 2016. Il fait encore nuit et déjà les premiers élèves du collège universitaire de Sciences po arrivent à la Maison des examens, à Arcueil (94). Tous les élèves de l'IEP, quelle que soit leur année d'études, ont leur partiel cette semaine là, il a donc fallu se délocaliser.

Aujourd’hui, c’est l’épreuve de microéconomie qui attend les premières années. L’avant-dernier partiel écrit avant la fin d’une longue semaine de marathon, qui s’achève le lendemain avec les humanités littéraires. "C’est de la philo !" décrypte Amel, 18 ans, dont vous aviez fait la connaissance dans le premier épisode d'Une année à Sciences po.

L'avantage, c'est que tous les partiels ont lieu en décembre, ce qui permet ensuite aux élèves de profiter pleinement des vacances de Noël. Les examens de fin de semestre, autrement dit le contrôle final, comptent pour 30 % de la moyenne générale, 70 % étant attribués au contrôle continu. C’est un moment important et quelque peu stressant, qui rappelle le baccalauréat, pas si lointain…

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Copies embrouillonnées

Une fois répartis dans les trois grandes salles, chacune pouvant accueillir environ 200 élèves, les étudiants doivent trouver leur place attitrée, selon l’ordre alphabétique. Les surveillants professionnels ont déjà tapissé les tables avec les copies vierges. Celles-ci sont "embrouillonnées". Dans le jargon des examinateurs, cela signifie qu’elles sont insérées dans des feuilles de brouillon, vertes pour les uns, roses pour les autres.

Pour éviter toute fraude, les sacs et téléphones sont déposés près des fenêtres, sur les côtés de la salle. Il n’y pas de brouilleur de téléphones – c’est d’ailleurs interdit –, la surveillance est 100 % humaine. "La triche est rare, témoigne Myriam Dubois-Monkachi, codirectrice de la scolarité du collège universitaire. Il est arrivé qu’un étudiant soit surpris avec une règle en métal sur laquelle il avait écrit en tout petit des formules mathématiques. Il a bien sûr été sanctionné."

La microéconomie : une discipline qui rapporte gros !

Les élèves sont conscients qu’il vaut mieux ne pas prendre ce risque : la microéconomie fait partie des six fondamentaux à valider pour passer en deuxième année (cinq disciplines au moins doivent l’être, sur les six). Même s’il n’y a pas de note éliminatoire, mieux vaut assurer : la microéconomie permet de valider le plus gros crédit, soit 9 ECTS (European Credits Transfer Scale), car elle fait l’objet de conférences de méthode en plus du cours magistral.

"Presque en pyjama"

À 8 h 20, le chef de salle donne les consignes, parmi lesquelles l'interdiction de sortir durant la première heure. Puis les sujets sont distribués, face cachée. À 8 h 31, des têtes studieuses se penchent sur les exercices dans le plus grand calme, entrecoupé de quelques arrivées intempestives d’étudiants en retard. Problème de RER… ou de réveil : "L’autre jour, un étudiant est presque arrivé en pyjama, et sans un seul stylo, j’ai dû lui en prêter un", confie Myriam Dubois-Monkachi en réprimant un sourire.

Mais la plupart sont arrivés à l'avance, avec tout l’attirail du parfait candidat : stylos, règle, surligneurs, bouteille d’eau, barre de céréales, et même distributeur de mouchoirs pour les enrhumés !

Trois heures plus tard, la tension se relâche : l’épreuve est finie.

Des avis partagés sur la difficulté du sujet

Alors, heureux ? "Franchement, bof, répond Alexandre, 17 ans, titulaire d'un bac ES, rencontré en août dernier. Je suis plutôt un littéraire, j’ai trouvé le sujet compliqué." La première partie est un QCM portant sur des questions de cours… mais si l’on répond mal, on perd un point ! "Mieux vaut ne pas répondre quand on ne sait vraiment pas", conseille le jeune homme, qui s’est déjà retrouvé avec un – 4. Quant à l’exercice sur la théorie des jeux et l’équilibre de Nash, qui mettait un scène "un chargé de TD vendant des peluches Sciences po pour financer ses vacances", Alexandre l’aurait trouvé plus drôle... s’il l’avait réussi !

"En plus, j’avais oublié mon effaceur, ce qui est assez handicapant ! Finalement, je suis parti 40 minutes avant la fin, après avoir relu une fois ma copie pour constater l’ampleur des dégâts", plaisante-t-il.

Pour Amel, cela semble s’être mieux passé. "Dans ma triplette [une classe d’environ 20 étudiants], on s’est beaucoup entraîné en conférences de méthode, avec des devoirs à rendre, notés ou non. Le sujet était faisable. En tout cas, je n’ai pas vu de pièges ! Mais c’est vrai que les bacheliers S s’en sortent mieux que nous, les ES, qui n’avions pas autant de formules de maths au lycée."

Pour les humanités littéraires, le lendemain, Amel n’appréhende pas trop. "J’ai beaucoup aimé les conférences de Frédéric Gros [docteur en philosophie et prof à Sciences po], et j’adorais la philo au lycée. Je me suis même resservie de mes cours pour réviser. Quand je suis trop fatiguée pour relire mes notes, je regarde des vidéos YouTube, comme ce documentaire d’Arte sur "Antigone"… Ça me permet de compléter mes connaissances !"

Bilan du premier semestre à Sciences po

Finalement, ce semestre à Sciences po aura passé très vite. Ce qu’Amel retient de ces premiers mois ? "On a beaucoup plus de liberté intellectuelle qu'au lycée. Par exemple, en histoire, on peut avoir une bonne note même lorsqu’on n’a pas fait la même dissert que celle proposée par le prof. On peut apporter d’autres idées, c’est très enrichissant."

Autre fait appréciable : "Il y a beaucoup d’entraide entre étudiants. Ma triplette a créé sa page Facebook, on se donne des conseils pour les révisions, on explique les exercices quand quelqu’un n’a pas compris… Rien à voir avec une ambiance de prépa."

Pour Alexandre, le plus dur est de parvenir à s’adapter au nouveau mode d’apprentissage. "Au lycée, on est très contrôlé. Ici, il faut trouver soi-même un équilibre entre travail et vie personnelle. C’est à nous de chercher les ressources pour travailler, de nous avancer dans notre travail…"

Dès la fin des oraux, une trêve de trois semaines est prévue pour les étudiants du collège universitaire. Amel ne va guère se reposer : elle a trouvé un job étudiant à la Fnac pendant les vacances : "Je vais mettre l’argent de côté pour ma troisième année." Après la microéconomie, les économies !

En immersion à Sciences po

Vous voudriez savoir comment se passent concrètement les études à Sciences po ? Quelles sont les attentes des professeurs ? Le rythme de travail ? L’ambiance ? Deux étudiants de première année, Amel, 19 ans, et Alexandre, 17 ans, vont vous raconter les grandes étapes de leur vie à l'IEP durant toute l’année 2016-2017.
- "Ma rentrée à Sciences po"
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