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Études au Québec : les Français vont payer trois fois plus cher

Léa, 20 ans, en troisième année de licence en psychologie à l'UQAM.
Léa, 20 ans, en troisième année de licence en psychologie à l'UQAM, n'aurait pas pu venir étudier à Montréal, si elle avait dû payer plus de 6.000 $ de frais de scolarité. © Daisy Le Corre
Par Daisy Le Corre, à Montréal, publié le 17 février 2015
1 min

À partir de la rentrée 2015, les étudiants français qui souhaitent s'inscrire en premier cycle d'une université québécoise ne bénéficieront plus d'un tarif préférentiel. Ils devront s'acquitter des mêmes frais de scolarité que les Canadiens hors Québec. Soit payer trois fois plus cher qu'aujourd'hui... Réactions d'étudiantes françaises sur place.

L'entente sur "la mobilité étudiante" entre le Québec et la France a rendu son verdict. À partir de la rentrée 2015, les bacheliers français qui voudront étudier au Québec devront payer le même tarif que les Canadiens non Québécois, à savoir 6.650 $ (1) (4.700 €) au lieu de 2.300 $ (1.500 €) par an actuellement. Une augmentation des frais de scolarité de 300 % qui devrait rapporter près de 30 millions de dollars au gouvernement québécois chaque année.

Les étudiants déjà inscrits dans une université québécoise ou qui veulent s'inscrire en master ou doctorat continueront, pour leur part, de bénéficier du tarif réduit jusqu'à la fin de leur programme d'études. Les "cerveaux" français en 2e et 3e cycles (soit environ 4.000 étudiants) sont donc les cibles privilégiées du gouvernement québécois, dynamisme scientifique oblige.

Une baisse d'attractivité ?

Même si le tarif reste deux à trois fois moins élevé que celui des autres étudiants étrangers (ceux-ci déboursent entre 12.525 $ et 15.575 $ chaque année), cette hausse des frais de scolarité pourrait bien refroidir les étudiants français, qui sont, chaque année, près de 12.000 à remplir les bancs des facs québécoises.

Léa, 20 ans, est arrivée à Montréal en août 2014. Elle poursuit sa troisième année de licence en psychologie à l'UQAM (université du Québec à Montréal) dans le cadre d'un programme d'échanges. "Si j'avais dû payer plus de 6.000 $ de frais de scolarité, je ne pense pas que je serais venue étudier à Montréal. En tout cas, j'y aurais réfléchi à deux fois et mes parents auraient sûrement été moins encourageants...", raconte celle qui aurait certainement opté alors pour une L3 à Tours.

Même son de cloche pour Mélanie, 22 ans, diplômée en "Child Studies" de l'université de Concordia. "C'est l'ancienne entente France-Québec qui m'a poussée à venir ici. Sinon, je serais allée aux États-Unis, même si cela revient toujours plus cher que le Canada ! J'aurais également profité des échanges Erasmus pour aller en Angleterre, en Espagne ou en Italie", confie cette jeune franco-américaine.

Des formations qui valent le coût ?

Julie, 27 ans, étudiante en DESS communication politique (second cycle) à l'UdeM (université de Montréal), n'aurait jamais goûté au plaisir du grand froid non plus. "À l'heure actuelle, je pense que je ne serais déjà plus étudiante ici, c'est certain ! Je n'aurais jamais osé demander à ma mère un tel investissement." En revanche, elle aurait peut-être opté pour un master en science politique à Lyon 2 ou fait son maximum pour trouver un programme similaire à celui qu'elle suit actuellement. "C'est une formation vraiment solide et spécifique à l'UdeM. J'aurais beaucoup regretté de ne pas profiter de la qualité du système éducatif canadien, faute de moyens."

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Julie, 27 ans, en DESS communication politique (second cycle) à l’UdeM : “J'aurais beaucoup regretté de ne pas profiter de la qualité du système éducatif canadien, faute de moyens." // © Daisy Le Corre

Si la jeune fille est littéralement "tombée en amour" avec le Québec, cela ne fait pas tout : "Je n'aurais pas eu autant de motivation à venir ici si ce n'était pas pour étudier. Pour que le Québec reste attractif, il est important de maintenir une politique éducative ouverte à tous et de garder certaines spécificités qui font que les Français s'y sentent bien." Avant de venir à Montréal, Julie avait d'ailleurs hésité à s'inscrire à l'UBC (Université de Colombie Britannique) à Vancouver, mais les frais de scolarité l'avait vite refroidie.

Aujourd'hui, une question reste en suspens : à quoi vont servir les millions gagnés ? L'université McGill a d'ores et déjà indiqué que 30 % des droits de scolarité seront versés aux étudiants sous forme de bourses. Mais comment les autres universités québécoises vont-elles utiliser ces frais supplémentaires ?

(1) Dollars canadiens

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