Bancs d’essai

Faire ses études d’ingénieur en Suisse : l’EPFL, une bonne alternative ?

EPF : Nicolas, en première année de microtechnique (juin 2014)
EPF : Nicolas, en première année de microtechnique (juin 2014) © Sophie Blitman
Par Sophie Blitman, publié le 02 septembre 2014
1 min

Qu'est-ce qui pousse de nombreux Français à se presser aux portes de l'École polytechnique fédérale de Lausanne, au point qu'elle compte près de 20 % d'étudiants venus de l'Hexagone dans ses rangs ? Rencontre avec quelques-uns de ces “Frenchies” ayant réussi à intégrer la prestigieuse école postbac qui confère le titre d'ingénieur à ses diplômés.

Au bord du lac Léman, l'EPFL (l'École polytechnique fédérale de Lausanne) jouit d'un environnement privilégié dont profitent les sportifs et les associations étudiantes, à commencer par le club de voile de l'école – laquelle se trouve par ailleurs à une heure et demie des stations de ski.

L'atout campus : à la fois vert et moderne

Mais la géographie n'est pas le seul atout de ce campus qui mêle grands espaces verts et équipements modernes. "C'est une superbe école, on sent qu'il y a des moyens !" s'enthousiasme Nicolas, 19 ans, qui raconte avoir hésité après son bac S entre une prépa et l'EPFL. Sa décision, il l'a prise sur un "coup de cœur" quand il a découvert le campus avec sa trentaine de restaurants et cafétérias, son centre sportif avec appareils de musculation, ses salles de musique dotées de pianos...

En première année de microtechnique, le jeune Nantais apprécie aussi de disposer de nombreuses salles informatiques, en libre accès. "Les moyens mis à disposition des étudiants sont impressionnants, confirme Alice, 23 ans, originaire de Lyon et en troisième année à l'EPFL. On a même la possibilité d'emprunter un ordinateur pour la journée, voire pour l'année entière !"

EPFL : le Rolex learning center // © Alain HerzogLe Rolex learning center de l'École polytechnique fédérale de Lausanne. // © Alain Herzog.

Sans compter le learning center, au design résolument contemporain, financé pour un tiers par Rolex, dont il a pris le nom. Parsemé çà et là de confortables poufs sur lesquels s'installer, ce lieu, devenu le symbole de l'EPFL, abrite la bibliothèque, mais aussi des cafétérias, des laboratoires de recherche ainsi que de petites salles aux vitres transparentes, les "bulles", que les élèves peuvent réserver pour travailler en groupe.

Une formation exigeante pour une insertion pro sans inquiétude

Car si la vie étudiante est animée, l'ambiance est également studieuse à l'EPFL. Au moment des partiels, le Rolex learning center, ouvert tous les jours de 7h à minuit, ne désemplit pas. "Le niveau est élevé et le rythme soutenu, avec de nombreux projets à rendre, décrit Alice. Forcément, une école comme ça demande beaucoup de travail."

Pour éviter les échecs, mais aussi réduire le flux de Français jugé trop important, l'EPFL a accru ses exigences en matière de recrutement : ces postulants doivent désormais justifier d'une mention très bien au bac pour s'inscrire (plus de détails ci-dessous).

Outre sa réputation, liée notamment à sa bonne place dans les classements internationaux, l'EPFL, école d'ingénieurs en cinq ans, est accréditée par la CTI (Commission des titres d'ingénieur) ce qui assure à ses diplômés une reconnaissance académique en France. Cependant, "vu les salaires pratiqués, ça vaut le coup d'avoir au moins une première expérience ici", lâche Alice qui, comme beaucoup, a regardé les chiffres des enquêtes d'insertion avant de s'inscrire : 64.000 € brut annuels en moyenne pour les diplômés de niveau master.

"Même en sortant de l'X on n'a pas ça, insiste Nicolas, qui apprécie de pouvoir être en contact avec des professionnels. Beaucoup d'entreprises tournent autour de l'école, certaines sont même présentes sur le campus." L'EPFL Innovation Park accueille en effet quelque 80 sociétés, PME, start-up, mais aussi laboratoires et incubateurs de multinationales comme PSA Peugeot-Citroën, Nestlé, ou encore Logitech.

Intégrer l'EPFL en première année : mention très bien exigée
École d'ingénieurs en cinq ans, l'EPFL ne sélectionne pas sur concours. Les Français qui souhaitent s'y inscrire doivent avoir 16 de moyenne générale au bac S. Concrètement, les candidats doivent déposer un dossier mi-janvier, en envoyant leurs bulletins de première et de terminale, à titre indicatif. Ils ont ensuite jusqu'à la mi-juillet pour communiquer leurs notes du bac, les seules à faire foi.
Plus d'informations sur le site de l'EPFL.

Des difficultés à se loger et un coût de la vie élevé

Reste, avant d'entrer sur le marché de l'emploi, à résoudre les difficultés de la vie étudiante au quotidien. Première d'entre elles : le logement. "C'est vraiment la pénurie à Lausanne. Et l'un des points noirs quand on s'inscrit à l'EPFL", insiste Aude, 22 ans. Pour sa quatrième année, la jeune fille venue d'Annemasse s'est mise en colocation. Et s'acquitte d'un loyer mensuel de 500 €. Pour diminuer les frais, Nicolas a, de son côté, opté pour une chambre chez l'habitant qu'il partage avec un autre étudiant, à raison de 300 € par mois. "Ce n'est pas très grand mais c'est assez pratique, et l'EPFL diffuse des annonces en début d'année."

D'une manière générale, les dépenses quotidiennes sont à l'image du niveau de vie en Suisse : élevées. "On paie en alimentation quatre fois plus qu'en France", indique Alice. La viande, en particulier, est très chère. C'est un luxe qu'on ne s'accorde pas."

Nicolas, lui, a "la chance d'avoir une voiture sur place qui lui permet d'aller faire les courses en France : "c'est moins cher et on trouve les produits dont on a l'habitude", avance le jeune homme, qui estime qu'il faut tout de même "compter 1.000 € par mois pour vivre confortablement".

Point positif pour le budget, les frais de scolarité sont plus raisonnables, comparés à ceux des écoles d'ingénieurs postbac françaises, souvent privées : identiques pour les ressortissants suisses et pour les étrangers, ils se montent à environ 1.000 € par an.

EPF : Aude et Alice, étudiantes françaises en 4e et 3e années (juin 2014) // © Sophie BlitmanAude et Alice, étudiantes françaises en 4e et 3e années (juin 2014) // © Sophie Blitman.

... mais la possibilité de travailler sur le campus

Enfin, l'EPFL propose de nombreux jobs aux étudiants présents sur le campus. Avec un statut d'assistant, rémunéré à hauteur de 16 € net de l'heure. Soit "à peu près ce que je gagnerais comme ingénieur débutant en France", souligne Nicolas.

"Au fur et à mesure qu'on avance, on a de plus en plus de possibilités d'être assistant", apprécie Aude. Le plus souvent, il s 'agit d'animer des séances en petit groupe après un cours magistral.

Amateur de montage vidéo depuis le lycée, Nicolas a aussi aidé à concevoir des MOOC (Massive Open Online Courses), ces nouveaux contenus pédagogiques que l'école s'attache à développer . "J'ai pu me dégager du temps le soir et le week-end tout au long de l'année", poursuit-il, heureux du lien de confiance avec l'enseignant responsable du projet : "C'est moi qui compte mes heures et donne le total à mon référent." Sa mission : monter les séquences enregistrées par les enseignants, et retranscrire les propos en sous-titres. Une façon de s'impliquer en participant à l'innovation pédagogique mise en œuvre par l'école.

DIAPORAMA - DERRIÈRE LES PORTES DE L'EPFL

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