Forum citoyen au Gabon : show survolté pour jeunesse galvanisée
Avoir 20 ans en Afrique, un âge décisif, porteur d'espérance et d’impatience. C’est le message fort de la table ronde, très animée, sur l'avenir des jeunes africains.
Les retardataires se pressent vers les premiers rangs de la salle. Ils veulent être au plus proche du spectacle. Près de deux heures de débat énergique et frénétique sur le thème de la jeunesse en Afrique, espoir ou bombe à retardement. Le sujet passionne et les discussions prennent vite des allures de show survolté. Les jeunes, présents en masse, veulent tous prendre la parole. Les messages reflètent les préoccupations de la jeunesse africaine : besoin cruel de formation, système éducatif obsolète, absence d'accompagnement étatique, difficile intégration aux cercles de décision, précarité financière. Et malgré tout, ce qui frappe chez cette jeunesse, c'est sa façon de rester optimiste et joyeuse, désireuse d'émerger et d'entreprendre bien que plus d'un tiers d'entre eux soit au chômage.
Pas de langue de bois, les mots sont simples, les attentes nombreuses. Plusieurs solutions concrètes sont présentées. Celles de Didier Acouetey, chasseur de tête superstar, qui encourage davantage de mobilité des compétences, “la régionalisation de l'emploi”. Un Guinéen devrait pouvoir se déplacer au Cameroun librement s'il décroche un travail. Autre piste envisagée, celle des business angels. Ces accompagnateurs de jeunes talents, les grands absents du continent. Ils sont encore trop peu à venir miser sur les jeunes entrepreneurs africains. “Pourtant, c'est bien l'étape préalable au financement”, insiste le fondateur d'Africsearch, cabinet de recrutement d'Africains pour le continent. Les mesures de soutien à la jeunesse resteront des coquilles vides si les plans d'accompagnement ne sont pas davantage structurés.
Dans la salle, chaude ambiance. Les gens s'apostrophent, rigolent, applaudissent, ça fait partie du show. Les intervenants, rodés à l'exercice, en rajoutent. Blagueur, Martin Hirsch, ex-haut commissaire aux Solidarités et à la Jeunesse, propose un système électoral basé sur trois voix pour un vote de jeune, une voix pour celle d'une personne âgée... Eclat de rires dans la salle. “Tonton, tu es drôle là!”, lance un membre du public.
Arrive la fin du débat. Et LA surprise. Charly Tchatch, 26 ans, l'allure filiforme, chapeau vissé sur la tête, costume près du corps et chaussures lustrées, monte sur scène. L'audience se lève pour ce crooner gabonais à la voix rauque, star montante de son pays. Une chanson improvisée, le public est en délire. C'est aussi ça, l'ambiance des Forums Libé.
