Témoignage

Ils ont trouvé un emploi avec Erasmus

Ils ont trouvé un emploi avec Erasmus
70 % des jeunes partis hors de France ont trouvé un CDI entre un et quatre mois après l’obtention de leur diplôme. © Leander Baerenz/ Westend61/ Plainpicture
Par Jean Chabod-Serieis, publié le 09 janvier 2017
1 min

De nouvelles compétences telles que la débrouillardise, le bilinguisme, l’ouverture d’esprit, etc., un stage qui se transforme en CDD, puis en CDI : il existe cent façons de valoriser une expérience Erasmus quand on recherche un emploi. La preuve avec : Benoît, Manon, Sabrina et les autres…

Les employeurs sont unanimes lorsqu’ils évoquent Erasmus+ : le voyage à ­l’étranger, c’est le must. "À compétences égales, si je ne peux pas dissocier deux candidatures, je vais prendre la personne qui est partie à l’étranger, car j’estime qu’elle s’est donnée les moyens d’aller voir autre chose, de s’ouvrir." La remarque revient au directeur commercial France de Quiksilver, Abdel Bourhanim. Chaque année, il accueille et encadre une petite trentaine d’apprentis assistants managers – dont certains partent dans le cadre d’un programme Erasmus+ – et il participe aux recrutements. "Quand je prends des jeunes qui rentrent d’Erasmus+, je les trouve plus épanouis. Ils se sont forgés des convictions et ils ont gagné en ouverture d’esprit."

Dans une enquête réalisée en 2014, la Commission européenne révélait que 64 % des employeurs attribuaient davantage de responsabilités professionnelles aux employés possédant une expérience internationale. "Lors de mes entretiens d’embauche, cela m’a beaucoup aidé, explique Sabrina, 23 ans, partie à Londres en 2015. Quand on dit “Erasmus”, cela donne confiance aux recruteurs : ils nous considèrent comme quasiment bilingues et nous passons rarement des test de langue." Une confiance spontanée qui a traversé les âges dans le regard des recruteurs. Benoît, 37 ans, est parti via Erasmus, en Pologne, en 2002 : "Lors d’un rendez-vous professionnel, j’ai remarqué que le récit de mon expérience Erasmus occupait presque tout l’entretien alors que mes études en France ou mes stages étaient plus rapidement exposés !"

Lire aussi : Erasmus, mode d'emploi

L’atout de connaître la ville où vous travaillerez

Pour Manon, 25 ans, son expérience Erasmus à Munich a clairement convaincu son employeur. Mais pas à son retour en France. Là-bas, directement à Munich. "J’ai fait un an d’Erasmus, d’octobre 2014 à août 2015, à l’université technique de Munich, qui a une excellente réputation. En rentrant en France, je cherchais un emploi dans la finance soit en Suisse, soit en Allemagne." Et elle a rapidement trouvé : elle est embauchée, depuis février 2016, dans un fonds d’investissement, en tant qu’analyste. 

Manon estime que le fait d’avoir passé déjà un an à Munich a joué en sa faveur. Cela rassure l’employeur de savoir que je connais la ville, que la vie que j’y menais me plaisait. Sans quoi il y a le risque, pour eux comme pour moi, de se rendre compte, après quatre mois, que vous ne vous y plaisez pas et que vous êtes mal dans votre emploi." La suite pour Manon ? Si tout se passe bien, un CDI (contrat à durée indéterminée) dans la même entreprise. 

Votre stage peut se transformer en emploi

Souvent, le stage se transforme en CDD (contrat à durée déterminée) qui, à son tour, devient un CDI. C’est ce qui est arrivé à Judith, 24 ans. Elle est entrée dans l’entreprise par le biais d’un stage obligatoire de fin de master 2 management des projets internationaux à l’université de Strasbourg, financé par Erasmus+. "J’ai saisi sur le Web : “project management”. Je cherchais des offres avec des missions en français. Cela m’a pris beaucoup de temps. J’ai finalement trouvé une agence de placement anglaise qui m’a mise en relation avec Dyson." 

Après le stage, l’entreprise lui propose un contrat temporaire qui s’achèvera en février 2017. "Je n’ai pas cherché ailleurs. Assez vite, Dyson m’a fait comprendre que si cela m’intéressait, il y avait un poste pour moi." Mais déjà, Judith parle d’une prolongation d’un an "en cours de négociation". "C’est difficile de rentrer chez Dyson, sans être ingénieur. Avoir un pied dans l’entreprise compte, car les nouveaux emplois sont proposés aux employés déjà en poste."

L'Université Nationale d'Enseignement à Distance de Madrid propose des offres d'emploi aux étudiants Erasmus. // © SAMUEL ARANDA/The New York Times-REDUX/REA

Même schéma pour Zahra, 25 ans, qui, après son master 2 gestion des entreprises et management des organisations de l’université de ­Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, est entrée en stage en juillet 2015 dans un grand cabinet d’avocats à Londres, grâce à Erasmus+. "Après six mois de stage, ils m’ont proposé un contrat de travail. Je suis actuellement chargée de formation : je m’occupe de la mise en place du plan d’accompagnement professionnel. Après mes études – dont trois ans en alternance de la licence 3 au master 2 –, j’ai décidé de partir à l’étranger. Erasmus+ est un bon moyen de commencer une expérience internationale dans le monde professionnel. Le stage à Londres a été un tremplin. Je ne parlais pas un mot d’anglais au début. Je me suis forcée à prendre des cours, avant de partir à Londres."

Mobil’App : un projet professionnel à l’étranger

Le cas de Morgan, 25 ans, est un peu différent. Le jeune homme valide un master 2 construction durable et écoquartier, en alternance, à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Cette année de formation lui ouvre l’accès à une bourse baptisée Movil’App, prévue dans le programme européen Erasmus+, qui regroupe plusieurs CFA (centres de formation d’apprentis). 

"Un formateur m’a informé de l’existence de cette bourse pendant ma période d’apprentissage. J’ai perçu 1.500 €, dont 650 € de la chambre de commerce et d’industrie, et le reste de Pôle emploi [il faut y être inscrit pour en bénéficier]. Puis, j’ai cherché un poste en entreprise. J’ai postulé à Dublin, en Irlande, après avoir recherché sur le Web : “agence d’urbanisme”. Un quart d’heure après, j’avais une réponse positive. Entretien le 15 janvier et embauche le 15 février !"

Actuellement, Morgan est urbaniste dans la même agence. Son contrat en alternance se termine en décembre 2017. Il reste lucide sur les motivations de l’agence à l’embaucher. "L’avantage pour eux, c’est que tous les frais étaient payés. Pour l’entreprise d’accueil, un projet Movil’App ne coûte rien : tout est payé par la France. J’étais comme un employé, mais je n’avais pas de contrat avec eux." Son conseil : "Beaucoup disent que trouver un travail à l’étranger fait peur. À Dublin, il y a beaucoup de Français, c’est confortable ! Et puis, c’est seulement six mois de temps, ce n’est rien."

Lire aussi : Passeport mobilité, bourse Erasmus... : les aides à la mobilité étudiante

Adaptez votre CV en fonction du pays 

Judith donne également quelques conseils aux futurs Erasmus+ : "Il faut rechercher assez tôt son stage pour trouver les offres intéressantes, ne pas hésiter à envoyer aussi des candidatures spontanées. Et surtout respecter le format du CV en fonction du pays !" 

Pour Manon, qui a vécu en Erasmus+ à l’université technique de Munich, il faut choisir son séjour selon son projet professionnel : "Dans Erasmus, on peut choisir le pays ou l’université d’accueil. J’ai choisi l’Allemagne. Je m’y projetais déjà professionnellement. Et avec la réputation de l’université, je savais que j’augmentais mes chances d’insertion sur le marché de l’emploi." Une vision pragmatique, qui fait écho à celle d’Abdel Bourhanim : "Erasmus leur donne une vraie vision du terrain. Par exemple, en Espagne, les salariés travaillent quarante heures par semaine. Cela choque les jeunes Français Erasmus quand ils arrivent. Puis, lorsqu’ils rentrent en France, certains veulent retourner en Espagne."

"The Erasmus Impact Study", Commission européenne, 2014.

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