Portrait

Partir en Erasmus à Prague : le charme de la Bohême

Marine devant une boutique spécialisée en littérature anglaise qu'elle a dénichée dans les rues piétonnes de Prague.
Marine devant une boutique spécialisée en littérature anglaise qu'elle a dénichée dans les rues piétonnes de Prague. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 25 février 2014
1 min

Partir quelques mois dans la capitale de la République tchèque pour étudier en anglais. C'est l'option que n'hésitent plus à choisir des candidats français au séjour Erasmus. L'opportunité aussi pour eux de profiter d'une ville culturelle où la vie est peu chère. Rencontre avec sept de ces étudiants qui ont tenté l'aventure.

"Prague est une ville historique à l'architecture magnifique. On le ressent tous les jours", vante Arnaud, 23 ans, élève en 3e année du programme grande école à l'ESC Grenoble. Ce n'est pas pour rien que le centre historique de la cité aux mille tours a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco… "Chaque jour, un étudiant propose une sortie sur le groupe Facebook des Erasmus : parcs, opéras, églises…" précise-t-il.

De plus en plus de jeunes Français, comme Arnaud, choisissent la République tchèque pour leur mobilité. En 2011-2012, 678 y sont partis en séjour Erasmus, un chiffre qui a doublé en cinq ans. Au départ, Arnaud avait mis l'Australie en premier choix sur sa liste de destinations. "Je voulais progresser en anglais", explique-t-il. Finalement, il a choisi Prague. Une décision qu'il ne regrette pas. "Tous mes cours sont aussi en anglais et le niveau est accessible."

Une prérentrée utile pour s'intégrer

Mais hors de l'université, la langue de Shakespeare n'est pas la plus utilisée… Dans ces conditions, comment s'intégrer ? "J'ai suivi des cours de tchèque pendant trois semaines avant la rentrée, avec d'autres étudiants Erasmus. Une partie de la journée était consacrée à la culture locale. Nous avons même appris la polka [une danse locale, ndlr]", raconte Julie, 23 ans, en L3 de lettres modernes à Paris 3, qui étudie la littérature à l'université Charles. Cette prérentrée est organisée par chaque fac. Certaines proposent même des excursions hors de la capitale.

Erasmus : Julie // © DRJulie passe beaucoup de temps à la bibliothèque de l'Institut français de Prague : “Emprunter les livres évite d'avoir à payer un supplément pour ses bagages au retour en France.” // © Delphine Dauvergne.

Une pédagogie à l'anglo-saxonne

Prague est connue pour ses filières en sciences humaines (arts, théâtre, littérature, philosophie…) car c'est une ville très riche culturellement. Les cursus scientifiques, comme celui de médecine de l'université Charles, sont aussi réputés. Marine, 20 ans, étudiante en L3 d'anglais à Paris 3, a été convaincue par l'un de ses professeurs français de partir un an à Prague pour profiter d'un "bon cursus linguistique". Elle suit des cours de littérature, linguistique et civilisation anglaises à l'université Charles.

L'étudiante apprécie la manière différente d'enseigner à Prague. "On débat beaucoup avec les profs, ils sont ouverts à nos interprétations". Pour Julie, "la notation est moins stricte qu'en France. Les méthodes de travail ne sont pas les mêmes : on prépare nos cours en se documentant avant, on analyse ensemble. On fait beaucoup de petits exposés".

Erasmus : Arthur // © DR
Pour Arthur, hors de question de repartir “sans avoir assisté à un concert au Rudolfinum”, salle de concert où se produit en particulier l'orchestre philharmonique tchèque. // © Delphine Dauvergne

S'ouvrir des horizons

Les 18 heures de cours par semaine de Marine sont réparties de manière à lui laisser son lundi et son vendredi libres. Un emploi du temps dont elle souhaite "profiter pour visiter la région". "Prague est au centre de l'Europe, donc on peut voyager aux alentours : Bratislava, Budapest, Vienne, la Pologne…", conseille Louise, étudiante à l'EM Strasbourg. Ici, elle étudie à l'University of economics de Prague, avec au programme des cours de management, marketing, finance, entrepreneuriat, pour obtenir les équivalences avec son école de commerce. Mais elle suit aussi un cours de tchèque et un cours sur l'intégration des pays d'Europe centrale dans l'Union européenne.

Le leitmotiv des étudiants Erasmus : faire des choses qu'on ne peut pas faire ailleurs. "Parmi les cours que je suis à la Czech Technical University, j'ai privilégié ceux que je n'aurais pas pu suivre dans mon université, comme celui sur les réacteurs nucléaires", indique Arthur, 20 ans, étudiant en ingénieur en matériaux à l'UTT (Université de technologie de Troyes).

En coloc ou en résidence universitaire

Pour le logement, les étudiants ont le choix de prendre un appartement en centre-ville ou une chambre en résidence étudiante. Arnaud, par exemple, a choisi la résidence étudiante à deux pas de son université. Il paie 130 € par mois et peut ainsi côtoyer des étudiants d'origines différentes dans les infrastructures du campus : bars, boîtes de nuit, centre sportif…

Erasmus : Arnaud // © DRArnaud loue 130 € par mois sa chambre étudiante, qu'il partage avec un colocataire polonais. // © Delphine Dauvergne.

Mais la colocation reste le meilleur moyen pour s'intégrer. Arthur partage un appartement avec un Allemand et un autre Français. "Cela coûte moins cher de partager les frais. Je paye 360 € par mois. J'ai trouvé facilement un logement en cherchant dès le mois d'août pour la rentrée. En octobre, c'est plus compliqué", met-il en garde.

Une vie moins chère

Pour les transports, un abonnement étudiant permet de ne payer que 8 € par mois, pour un large réseau de métro, tram et bus. "La vie est moins chère à Prague qu'en France. J'ai mis 3.000 € de côté pour pouvoir en profiter. Le piège est de dépenser plus", atteste Timothé, 21 ans, en L3 éco-gestion à Grenoble, qui suit ses cours d'économie et de management à l'University of economics de Prague.

"On mange souvent au restaurant, ce qui revient souvent moins cher que les courses, et la bière ne coûte qu'un euro !", confie en souriant son ami César, 22 ans, en M2 management du sport à l'IAE (institut d'administration des entreprises) de Nice, également à l'University of economics de Prague. Pour autant, "il ne faut pas venir à Prague juste parce que la bière coûte moins chère et passer toutes ses soirées en boîte… La vie culturelle est très dense, donc soyez curieux !", conseille Marine.

Erasmus : César, Thimoté, Louise // © DR
César, Timothé et Louise César se sont rencontrés pendant les cours de tchèque en septembre. // © Delphine Dauvergne.

Des petits cours pour gagner des sous

Les étudiants peuvent bénéficier d'aides de leur Conseil général et de la bourse Erasmus. Le montant varie selon leur situation financière et les régions. Ainsi, Julie touche en tout 410 € par mois, alors que Louise ne reçoit que 250 €. Certains comme César touchent aussi une bourse de leur département : le Vaucluse lui verse 1.000 €.

Pour gagner plus d'argent, il peut être difficile de trouver un petit boulot, même s'il existe tout de même des opportunités. Ainsi, Louise est payée 12 € l'heure pour donner de deux à quatre heures de cours de maths par semaine à une élève du lycée français. Un bon plan…

L'Europe de l'Est, nouvelle destination phare des étudiants français
Les universités d'Europe de l'Est attirent de plus en plus d'étudiants étrangers dans leurs cursus. Les frais de scolarité sont généralement peu élevés, la sélection est quasi inexistante à l'entrée et elles dispensent des cours en anglais. Des atouts qui commencent à se faire connaître.

Selon l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le nombre d'étudiants étrangers a plus que doublé depuis 2000 en République tchèque, Russie, Estonie, Pologne, Slovaquie et Slovénie. Par exemple, 743 étudiants français étaient partis en Pologne en 2011, près de 200 de plus qu'en 2008.

Des sites Internet pour préparer son séjour
- L'ambassade de France à Prague.
- Site pour les expatriés, avec des petites annonces.
- Conseils pratiques.

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