Décryptage

Universités européennes : quelles conséquences pour la mobilité des étudiants ?

L'objectif des universités européennes est de mettre en place des parcours où les étudiants de chaque université partenaire étudieront à l'étranger et suivront des cours dans deux langues au moins.
L'objectif des universités européennes est de mettre en place des parcours où les étudiants de chaque université partenaire étudieront à l'étranger et suivront des cours dans deux langues au moins. © Adobe Stock/Alona
Par Amélie Petitdemange, publié le 08 juillet 2022
6 min

Les universités européennes veulent simplifier et renforcer la mobilité étudiante pour tous. En tout, 41 alliances entrent dans une nouvelle phase d'expérimentation, avec en ligne de mire un diplôme européen et une carte étudiante européenne.

"Offrir la possibilité aux étudiants d’étudier partout comme chez soi" : c’est l’objectif annoncé par Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur, lors du campus des Universités européennes, qui s’est tenu le jeudi 30 juin à Versailles (78).

Les universités européennes sont des réseaux d'établissements de plusieurs pays d'Europe qui travaillent de concert pour permettre aux étudiants et personnel de se déplacer facilement entre partenaires pour se former, enseigner et effectuer des recherches. L'objectif à terme est de mettre en place des parcours où les étudiants de chaque université partenaire étudieront à l'étranger et suivront des cours dans deux langues au moins.

Vers des diplômes européens

À ce jour, il existe 41 alliances d’universités européennes, impliquant 294 établissements d’enseignement supérieur dans 32 pays et représentant 7 millions d’étudiants. La France, particulièrement impliquée, est présente dans 28 alliances.
Ces projets sortent d’une phase d’expérimentation et devraient se développer encore davantage dans les années à venir. L’objectif du gouvernement est d’atteindre 60 universités européennes d’ici 2025. À cet horizon, chaque alliance devrait par ailleurs avoir un campus "inter-universités" européen permettant la mobilité d’au moins 50% des étudiants et de nouveaux programmes de formation communs dispensés dans les trois cycles.
Sur le principe des masters conjoints Erasmus Mundus, des diplômes européens devraient voir le jour. Ils seront reconnus dans toute l'Union, par les établissements mais aussi sur le marché du travail. En attendant que la législation européenne autorise cette nouveauté, une expérimentation de labellisation des diplômes conjoints des universités européennes vient d'être lancée.

Une carte d'étudiant européenne

Avec le développement des universités européennes, la création d’une carte étudiante européenne vise à favoriser la mobilité. En phase d’expérimentation, elle sera pleinement déployée d’ici 2025. Une initiative qui va "lever les freins à la mobilité et dématérialiser l'expérience", selon Juan Rayón, président de l'association ESN (Erasmus Student Network), interrogé en marge du colloque.
Cette carte a aussi pour objectif de simplifier les démarches : l'étudiant aura un seul point d'entrée et n'aura pas besoin de refaire des papiers pour poursuivre son cursus en Europe. Elle facilitera aussi la vie étudiante en donnant accès à des lieux comme les bibliothèques, les campus, des offres en Europe… "Cela va créer un corps étudiant européen", assure Juan Rayón.

Lever les freins

Les universités européennes devraient ainsi favoriser la mobilité internationale pour tous. "L’élément-clé pour encourager la mobilité, c’est la façon dont celle-ci est perçue par les universités. Pour l’instant, elles ont un avis positif sur la mobilité mais ne la considèrent pas comme cruciale", souligne Juan Rayón. Pour lui, ces alliances feront donc la différence, car elles sont le signe que la mobilité étudiante est désormais au centre des préoccupations.
Selon le président de l'ESN, les freins à la mobilité étudiante sont le coût, le manque de clarté, les programmes proposés, ainsi que l’autocensure et le manque de soutien des proches. Les départs pourraient se développer grâce à un meilleur système de bourses, notamment avec des démarches simplifiées et une garantie qu'elles soient versées à temps. "Si un étudiant n’a pas peur, parce qu’il a la garantie de recevoir une bourse et de tirer du prestige de son échange, il partira", résume le président d’ESN.

Permettre une mobilité à tous les étudiants

Pour Jakub Grodecki, vice-président de l’ESU (European students’ Union), les universités européennes devront toucher le plus d'étudiants possible. "Erasmus est très accessible mais il y a toujours des étudiants qui en sont privés, notamment ceux qui manquent de ressources. Les institutions qui ont rejoint les alliances d'universités européennes doivent réfléchir à la façon de rendre les universités européennes plus accessibles pour ne pas refaire la même erreur."
L'ampleur des alliances permet déjà de toucher des millions d'étudiants. Le développement du financement sera donc le premier levier pour démocratiser la mobilité. "Il s'agit de bourses, mais aussi de logement. Par exemple, les échanges pourraient être organisés de façon à ce que les étudiants membres d'une université européenne échangent leur appartement lorsqu'ils changent de pays", explique Jakub Grodecki.
Alors qu'une phase pilote de quatre ans vient de se terminer, un nouveau chapitre s'ouvre pour les universités européennes à partir de cet été, pointe le vice-président de l'ESU. "Nous en sommes au début, ce sera excitant de voir ce qu'il va se passer. Les universités vont faire de nombreuses propositions et expérimentations."

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