Décryptage

Le boom des faux diplômes

Les faux diplômes (faux diplômes du bac ou faux diplômes universitaires) sont de plus en plus courant sur les CV des postulants.
Les faux diplômes (faux diplômes du bac ou faux diplômes universitaires) sont de plus en plus courant sur les CV des postulants. © l'Etudiant
Par La rédaction de l'Etudiant, publié le 08 septembre 2015
5 min

Falsifier un diplôme (notamment un faux diplôme du bac) ou mentir sur son CV est devenu monnaie courante. Chômage de masse, concurrence accrue, formations onéreuses ou tout simplement malhonnêteté intellectuelle… ils sont de plus en plus nombreux à choisir cette option.

Falsifier un diplôme

C’était en avril 2015. L’histoire avait marqué les esprits. Gilles Bernheim, grand rabbin de France, avait reconnu avoir menti sur son CV en usurpant le titre d’agrégé de philosophie qui accompagnait toute ses biographies. Pis, il avait même lâché avoir eu recours au plagiat à plusieurs reprises. Le même mois, Nicolas Sarkozy himself affichait un CV erroné lors d’une conférence qu’il donnait à Montréal. On pouvait y lire ceci : «Après avoir terminé avec distinction ses études universitaires de premier cycle en sciences politiques à l’institut d’études politiques de Paris, M.Sarkozy a obtenu une maîtrise en droit privé…» Bien qu’ayant fréquenté l’établissement, l’ancien chef d’Etat n’est pas diplômé de l’IEP en question… Pour lui comme pour de nombreux anonymes cette pratique tend de plus en plus à se généraliser. En mars dernier, Chantal Bouchoir, une nordiste de 53 ans, était condamnée à 2 ans de prison ferme par le tribunal de Brive pour avoir falsifié son CV. «Son parcours à la Banque de France et ses diplômes de l’université de Lille» lui avait valu un poste de psychiatre à la fondation Chirac de Ussel rapporte le journal limousin Le Populaire.

Faux diplômes : Quels sont les risques ?

Evidemment, les établissements scolaires n’échappent pas à la règle. L’école Centrale de Lille en a fait les frais en début d’année. Un recruteur soucieux de vérifier l’authenticité de la mention «centralien» sur le CV d’un jeune a permis à l’établissement de s’apercevoir de la supercherie. «Premièrement, cet élève n’apparaissait pas dans nos fichiers informatique. Deuxièmement, son faux diplôme était truffé d’erreurs : la discipline n’existait même pas, et les signatures du directeur de l’école et du recteur de l’Académie étaient fausses.», rapporte Frédéric Despres, directeur général des services à Centrale. Le recteur en personne a porté plainte contre le fraudeur pour «faux et usage de faux en écriture publique». La peine peut aller jusqu’à la prison. L’université Lille 1 a aussi eu affaire à des faux diplômes. Sylviane Levillain, responsable du pôle études et vie étudiante raconte que l’établissement a dû faire face à des faux diplômes guinéens. Sans trop de conséquence. «Les imitations se voient assez vite. Les fautes sont souvent grossières».

Les entreprises de plus en plus méfiantes

Faux bac, faux diplôme… Les voies s’accordent pour le dire : les employeurs appellent beaucoup plus qu’avant pour vérifier la véracité des informations contenues dans les CV des candidats. Mentir sur son diplôme pour rentrer dans une école prestigieuse est beaucoup moins en vogue que de dire que l’on est diplômé de tel ou tel établissement. La fraude s’effectue pour décrocher un poste et non pour rejoindre l’établissement en question.
Afin d’endiguer cette nouvelle pratique, des sociétés comme Verifdiploma, qui propose aux recruteurs de vérifier l’authenticité d’un diplôme, sont de plus en plus sollicitées. La société Dhimyotis, basée à Villeneuve-d’Ascq vient de développer un système de flashcode qui pourrait à terme, permettre à chaque employeur de vérifier en quelques secondes la véracité du diplôme. En tant qu’unique organisme de ce type agrée par l’Etat, le projet a de quoi faire naître quelques espérances en la matière. Même si certains comme Franck Seynhaeve, Responsable du concours de recrutement à Polytech’Lille sont plus sceptiques: «il faudrait une base internationale des diplômés et de leurs diplômes ce qui est utopique.» Pourtant, il existe des moyens déjà en place et qui fonctionnent. «Il y a quelques années, nous avions régulièrement des problèmes de diplômes avec les étudiants chinois», explique Sylviane Levillain. «Mais depuis que avons adhéré à Campus France -une plateforme obligatoire par laquelle les étudiants étrangers doivent passer pour s’inscrire dans des établissements français – les falsifications en tout genre ont quasiment disparu.»

En chiffres

*Selon une étude réalisée par le cabinet de conseil en recrutement Florian Mantione en février 2013.
75% des CV seraient trompeurs
33% des candidats s’attribuent «souvent» ou «toujours» un faux diplôme
+5% de mensonges sur les CV depuis 2009
64% mentent sur la durée de précédents postes
87% mentent sur l’adresse de résidence
73% mentent sur leurs compétences en langues
75% mentent sur les responsabilités sur les précédents postes
26% mentent sur leurs activités extra-professionnelles
50% mentent sur leur rémunération actuelle

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