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À quoi vont ressembler les oraux d’admission pour les étudiants en PASS et L.AS ?

Les oraux d'admission sont différents selon les universités.
Les oraux d'admission sont différents selon les universités. © natali_mis/Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 10 juin 2021
7 min

Encore une nouveauté de la réforme des études de santé. Pour être admis en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie ou kiné, certains étudiants en PASS et L.AS vont devoir passer des oraux d’admission courant juin. Voici un aperçu de ce qui vous attend.

En plus de supprimer la PACES et le numerus clausus, la réforme du premier cycle des études de santé implique quelques modifications sur l’admission en deuxième année. Pour rappel : si le concours a disparu, ce sont désormais les épreuves écrites en fin de semestre qui permettent de classer les étudiants en PASS et en L.AS. En fin d’année, les premiers sont directement admis en deuxième année d’études de santé et s’orientent vers l’une des cinq filières MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie, kinésithérapie). Pour les autres, en fonction des critères établis par les universités, direction les oraux d’admission. Des épreuves qui diffèrent d’une fac à l’autre mais qui permettent à un deuxième groupe d’étudiants en PASS et en L.AS d’accéder aux filières de santé. Explications.

PASS / L.AS : des épreuves spécifiques à chaque université

Une, deux voire quatre épreuves d’admission… Ce sont les universités qui décident ! Le décret du 4 novembre 2019 relatif à la réforme du premier cycle reste assez vague : "Le second groupe d’épreuves comporte une ou plusieurs épreuves orales et peut comporter une ou plusieurs épreuves écrites majoritairement rédactionnelles."

À Angers (49), l’université, qui expérimente déjà la réforme depuis plusieurs années, organise les oraux pour la dixième fois. Les étudiants en PASS et en L.AS passeront quatre épreuves orales de 10 minutes chacune. "Les sujets ne sont pas en lien avec la santé car après un an d’études, ce n’est plus le moment de leur poser des questions et on ne voulait pas non plus avantager les élèves issus d’une famille travaillant dans le milieu médical, explique Catherine Passirani, enseignante-chercheuse et responsable de l’expérimentation PluriPass à l’université d’Angers. On s’est donc appuyé sur ce qui se fait dans d’autres pays où les oraux sont très encadrés et les études montrent que cela fonctionne très bien." Même modèle à l’université de Lille (59) pour les 500 étudiants convoqués fin juin.

À l’université Toulouse 3 (31), en revanche, un même exercice mais deux mises en situation différentes et donc deux oraux de 10 minutes également, avec une démarche à respecter pour répondre aux attentes du jury. "Plus on multiplie les exercices, plus ces oraux sont fiables. Idéalement, il faudrait en proposer environ huit mais cette année, avec la mise en place de la réforme, les universités vont devoir s’adapter et tenter de faire au mieux", précise la professeure angevine.

Etudes de santé : des oraux pour évaluer des compétences transversales

Une chose est sûre, partout, l’intérêt de ces oraux est bien d’évaluer des compétences transversales plutôt que des connaissances techniques en santé. "On évalue les relations humaines, l’aisance à l’oral, l’empathie… Tout cela dans un contexte bienveillant avec le jury car l’objectif est qu’il y ait un dialogue", détaille Vincent Deramecourt, assesseur PACES, PASS et L.AS à la faculté de médecine de Lille. Parmi les quatre épreuves, les étudiants devront présenter un exposé libre avec un diaporama, puis étudier une controverse (comme la limitation à 80 km/h) à partir d’un texte et résumer la situation, ou encore, analyser un article de presse avec des données et en faire la synthèse.

Le quatrième exercice, également proposé à Angers, s’avère plus original. Les étudiants participent à une saynète avec un comédien chargé de mettre l’étudiant dans un contexte de la vie quotidienne. "Comment je réagis face à un ami qui a reçu un tableau de sa grand-mère et compte le revendre parce qu’il vaut très cher ?" "On essaye d’éviter les sujets polémiques liés à la politique ou à la religion même si le jury doit rester impartial car ce que l’on juge, c’est le cheminement", note Catherine Passirani.

"Oublier ses cours" pour se préparer à l’oral

Pour les étudiants, les techniques de préparation peuvent donc être différentes en fonction des épreuves. À Toulouse, Etienne Caillaud de Cugnac, responsable Oraux au tutorat associatif toulousain préconise de bien connaitre la grille d’évaluation. "Il faut parler de manière fluide mais ne pas chercher à avoir un débit trop rapide, ne pas hésiter à faire des pauses et avoir en tête la méthodologie pour donner ses arguments." Comme le décret le stipule, les étudiants doivent pouvoir s’entrainer sur ces exercices avec leurs enseignants ou avec le tutorat. À quelques jours des épreuves, l’association toulousaine a d’ailleurs organisé des oraux blancs. "Ils sont stressés parce que l’épreuve est nouvelle mais s’ils s’entrainent, ce n’est pas impossible", assure l’étudiant en troisième année de médecine. Dans la Ville rose, 250 étudiants passeront les oraux pour 80 places restantes en deuxième année d’études de santé.

S’entrainer, c’est aussi savoir oublier ses cours. "On leur demande d’arrêter d’apprendre, de lire la presse, de s’ouvrir l’esprit… Ce ne sont plus des révisions", tranche Catherine Passirani. Pour l’enseignante, pas de bonne ou mauvaise réponse aux exercices, le jury attend des élèves capables de réfléchir et communiquer. "L’aisance à l’oral ne représente qu’un seul critère sur les 20, ils peuvent rougir, bégayer, ils sont jeunes, c’est normal." À Lille, Vincent Deramecourt fait surtout la chasse aux étudiants formatés : "Il faut essayer d’être soi-même, naturel, original et éviter les phrases toutes faites. L’important lors des oraux, c’est de garder son calme et de savoir écouter ses évaluateurs."

Ces épreuves ne sont d’ailleurs pas à négliger : les oraux comptent parfois autant que les épreuves écrites dans le classement final. "Reposez-vous, soufflez car ces derniers mois ont été intenses et soyez persévérants jusqu’au dernier moment !", conclut la responsable de l’université d’Angers.

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