Ateliers, cours, conférences : comment des universités tentent d'améliorer le bien-être des étudiants en santé
À Montpellier, Poitiers ou Rennes, des universités mettent en place des initiatives pour améliorer le bien-être des étudiants en santé, dont plusieurs études ont montré qu’il pouvait se dégrader au cours de leur formation. L’objectif est aussi d’améliorer la relation médecin-patient à plus long terme.
Le bien-être des étudiants en santé devient une priorité. Plusieurs universités ont souhaité prendre le problème en charge dès le début des études en lançant ateliers, cellules d’accompagnement et même unité d’enseignement visant le bien-être étudiant et l’amélioration de l’empathie.
Ces initiatives font suite à plusieurs études menées par des associations étudiantes dès 2017 et 2018, qui avaient montré que les étudiants en santé étaient particulièrement sujets aux troubles anxieux, dépressifs, voire aux idées suicidaires.
Face à ces constats, le ministère de la Santé, en avril 2018, avait pris 15 engagements pour améliorer leur bien-être. Pour autant, la situation continue d’être inquiétante. En 2021, la nouvelle enquête nationale de trois associations d'étudiants en médecine a même fait état d'une augmentation des troubles anxieux (+12 points) et dépressifs (+11 points) depuis 2017.
Des futurs soignants en bonne santé pour des patients mieux pris en charge
L'objectif immédiat des actions menées par les universités concerne "le mieux-être et l’impact que cela peut avoir sur la réussite, la mémoire", indique Laurent Bosquet, professeur et responsable de la chaire sport et santé à l’université de Poitiers. Selon lui, "ce sont aussi nos futurs soignants, la médecine reconnaît de plus en plus la prévention, et ils doivent y contribuer".
Avec le CHU et la faculté de médecine, Laurent Bosquet a contribué à créer HappyDoc, un séminaire de trois jours qui se déroule en début de deuxième année de médecine, car "c’est la première année qui fait le plus de dégâts". Les étudiants y font du sport ou de la relaxation, écoutent des conférences-débats en présence de professionnels de santé, des ciné-débats ou des théâtres-forums autour de la nutrition, de la santé, de l’environnement ou encore des violences sexuelles et sexistes.
Le succès de ce dispositif, qui existe depuis 2018, a conduit la Région Nouvelle-Aquitaine à l’étendre aux facultés de Limoges l’an dernier et de Bordeaux cette année. "L’objectif est d’avoir des étudiants en bonne santé, qui ont compris l’importance de cette prévention, pour ensuite la diffuser dans leur activité professionnelle à leurs patients et à leurs collègues, et pour mettre en place un changement de paradigme de la santé, explique Françoise Jeanson, vice-présidente du conseil régional. Des soignants heureux et en bonne santé sont des patients qui sont mieux suivis et pris en charge."
L'empathie, facteur-clé de la relation de soin qui améliore aussi le bien-être
C’est aussi l’avis de Céline Bourgier, directrice de l'École du cancer de Montpellier, et d'Amandine Luquiens, psychiatre et addictologue. Toutes deux sont responsables de la nouvelle unité d’enseignement (UE) "savoir-être et communication thérapeutique" lancée en 2021-2022 à la faculté de médecine Montpellier-Nîmes. À l’origine de leur réflexion : le constat que "le savoir-être médical n’était pas forcément acquis pour certains étudiants", explique Céline Bourgier.
Une unité d'enseignement obligatoire pour tous les étudiants de médecine
Des cellules composées d'enseignants et d'étudiants
Une cellule de ce type, baptisée "Bee-M" (pour "bien-être étudiant de la faculté de médecine") a justement vu le jour en février 2022 à Rennes 1. Composée de professeurs, de docteurs et d'étudiants et étudiantes, elle propose notamment un mentorat par des enseignants et internes pour les étudiants volontaires et des événements. "Une conférence pour cet hiver est actuellement en cours de finalisation. Elle portera sur l'initiation à la communication non violente, à destination des personnels hospitaliers et des étudiants de troisième cycle des études de santé", précise Patricia Amé, membre de Bee-M.
Autre exemple à l’université d’Aix-Marseille, où une "commission de bienveillance" a également été créée en début d’année 2022 au sein de la faculté des sciences médicales et paramédicales pour tous les étudiants en santé. Ils peuvent y faire appel "pour toutes les situations de risques psychosociaux, d'addiction, de harcèlement, de dépression, de difficultés financières, et pour toute situation de difficulté durant vos études".
Évaluer les dispositifs consacrés au bien-être des étudiants en santé
"On a lancé une évaluation avec l’Isped [Institut de santé publique, d'épidémiologie et de développement] et, à la fin de l’année, on aura une mallette pédagogique et des ressources pour les universités qui le souhaitent", ajoute Laurent Bosquet.