Décryptage

Médecine : les étudiants du PluriPASS de la fac d’Angers déchantent

Cours en amphi à la faculté de médecine d'Angers.
Cours en amphi à la faculté de médecine d'Angers. © Virginie Bertereau
Par Virginie Bertereau, publié le 18 février 2016
1 min

En septembre 2015, le parcours PluriPASS a remplacé la PACES (première année commune aux études de santé) à Angers. Un semestre plus tard, les 1.300 étudiants qui expérimentent la réforme se proclament "génération sacrifiée" et crient à l’injustice.

Les étudiants du parcours PluriPASS de la faculté de médecine d'Angers s'organisent en fronde. Depuis septembre 2015, ils essuient les plâtres d'une expérimentation ambitieuse qui remplace la PACES (première année commune aux études de santé). Si le numerus clausus (300 places toutes filières confondues) ne bouge pas, le redoublement et les concours disparaissent.

75 % du numerus clausus attribués en juin

Désormais, 75 % des admis en deuxième année de médecine, odontologie, pharmacie et sage-femme seront recrutés au bout d'un an. La moitié d'entre eux – les mieux classés sur la base des examens écrits étalés de septembre à mai – passeront "d'office". L'autre moitié sera sélectionnée en juin par des oraux qui évalueront la construction du projet professionnel, les capacités de communication, les capacités à raisonner sur des données scientifiques et un problème complexe. "Ces oraux compteront pour la moitié de la note, ce qui est totalement nouveau", pointe Isabelle Richard, la doyenne de la faculté de médecine d'Angers.

Les 25 % restants du numerus clausus seront attribués à l'issue d'un troisième semestre "de repêchage". Les étudiants recalés en santé se réorienteront sans perdre de temps.

Privés de seconde chance ?

Sur le papier, le projet est alléchant. Mais aujourd'hui de nombreux "primants" (c'est-à-dire non redoublants) crient à l'injustice. Pour faire remonter les plaintes, ils ont créé des forums et des groupes Facebook : un commun à 650 membres de la promotion, un autre spécial "bizuts". "Des parents font même circuler des pétitions", indique Léa*, 18 ans. L'étudiante, déçue par la réforme qu'on lui avait "vendue" à l'origine, fait partie de ceux qui s'estiment lésés. "Les 750 primo-entrants sont désavantagés par rapport aux redoublants. Ils ne pourront pas prétendre à un deuxième numerus clausus 'entier' comme en PACES, puisque seulement un quart des places sera accordé à l'issue du troisième semestre, encore très flou", déplore-t-elle. L'administration a prévu une réunion le 22 février 2016 pour éclairer les étudiants sur ce semestre 3. "Les compteurs seront alors remis à zéro. Les étudiants auront un bloc d'enseignements en biologie et le choix entre un bloc biologie renforcée, un bloc physique-chimie-maths ou un bloc sciences humaines, avec des épreuves correspondantes", révèle Isabelle Richard.

Un système "inéquitable"

Chez les étudiants, la possibilité de choisir des options (anglais, psychologie de l'enfant, imagerie médicale numérique, santé au travail, sport…) fait également débat. "Elles demandent des temps de travail inégaux et seront notées différemment", avance Cam sur un forum. De même que les cours à distance, en vidéo, qui prennent plus de temps que prévu dans l'emploi du temps, les périodes de révisions et de vacances réduites (notamment pour pouvoir caser les enseignements dirigés en petits groupes) ou les QCM (questionnaires à choix multiple) jugés trop peu nombreux pour évaluer la masse de connaissances.

Science politique et économie au menu

En PluriPASS, le programme est en effet conséquent. Aux traditionnels cours de sciences (chimie organique, chimie générale, physique, biologie moléculaire et cellulaire…) et sciences humaines ont été ajoutés des enseignements plus atypiques en fac de médecine : science politique, économie, droit européen, psychologie, etc. Des bases indispensables – mais suffisantes ? – à délivrer pour les étudiants qui se réorienteront au semestre 4 en deuxième année d'une autre licence… s'ils décrochent une place.
Dans le camp des redoublants, on trouve donc également des mécontents. Ceux-ci estiment que le programme s'est trop étoffé et les modalités d'évaluation ont trop changé pour leur offrir une réelle deuxième chance comme partout en France. "Pour calculer les chances relatives des primants et des doublants, il faudra vraiment attendre le mois de juin. De même pour connaître les profils d'étudiants qui réussiront le mieux", temporise Isabelle Richard.

Une expérimentation généralisée ?

Malgré ces problèmes de lancement, PluriPASS pourrait être un jour adopté par d'autres facultés de médecine. "Des universités se sont déjà positionnées pour l'expérimenter à la rentrée 2017", confie Isabelle Richard. La doyenne de la fac d'Angers prévoit de légères améliorations sur certains cours pour 2016-2017, mais pas de gros changement car "il faut stabiliser le système et tirer des conclusions de cette année de transition particulière". Elle devrait néanmoins ouvrir le recrutement (étudiants venus d'autres filières ou d'autres zones géographiques) pour diversifier les profils des élèves. Des candidats ?

*Le prénom a été changé à la demande du témoin.

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