Études de pharmacie : des étudiants racontent leur spécialité

Il n'existe pas une formation de pharmacie unique. Officine, industrie, internat : trois filières existent, auxquelles s'ajoute le parcours recherche. Des cursus différents, qui mènent à des métiers variés. Pour mieux comprendre, quatre étudiants nous racontent leur parcours.
- L'officine : "m'installer en milieu rural pour préserver les pharmacies de proximité"
- L'industrie : "le bon mélange entre la santé, la dimension internationale et la fibre commerciale"
- L'internat : "réviser pour le concours rend les cours plus concrets"
- La recherche : "les stages en labo donnent la possibilité de découvrir différents domaines"
Il n'est pas toujours facile de comprendre les parcours ni les métiers, surtout lorsque ceux-ci sont foisonnants ! C'est le cas de la formation de pharmacie.
Accessible après un PASS ou une LAS , le cursus se diversifie au deuxième semestre de la 4e année : les étudiants choisissent entre les parcours officine et industrie en six ans ou l'internat en neuf ans. Quelques universités proposent aussi un parcours recherche. Pour mieux vous y retrouver, Angus, Chloé, Daphné et Camille vous racontent leur filière.
L'officine : "m'installer en milieu rural pour préserver les pharmacies de proximité"

L'image la plus répandue, c'est celle du pharmacien au comptoir. L'officine, c'est justement la filière qu'a choisie Angus, qui a toujours voulu travailler dans la santé. "En terminale, j'ai découvert la pharma. En PASS, les présentations sur les cursus médicaux ont conforté mon choix. D'autant que les matières comme la chimie m'attiraient plus que l'anatomie."
Aujourd'hui en 4e année à Nancy, Angus a pu, en 2e et en 3e année, suivre certains enseignements tournés vers l'officine "car c'est la filière majoritaire. Nous avons des cours sur le droit et la réglementation d'ordonnance…"
Ce qu'il préfère ? "C'est tout ce qui est lié au médicament : les interactions médicamenteuses et avec le corps. Je suis curieux d'apprendre comment fonctionnent les médicaments… et donc le corps humain, car les deux vont de pair."
Un stage en pharmacie pour découvrir le métier
Le lien avec le patient est abordé. "Nous avons aussi un cours sur l'éducation thérapeutique", explique Angus. De quoi mieux aborder le stage en officine, prévu pour tous les étudiants en pharmacie.
L'été dernier, Angus a pu mesurer ses progrès en travaillant en pharmacie, à Joinville, près de son village. "Désormais, quand je lis une ordonnance, j'analyse la prescription du médecin : je sais que tel médicament est recommandé pour telle maladie. Ça commence à être concret !"
Angus étudie également la botanique et la mycologie [l'étude des champignons]. "Je viens d'un petit village en Haute-Marne et j'allais aux champignons. Pour faire le tri, je savais qu'il fallait aller à la pharmacie d'à côté. C'est d'ailleurs une spécificité française que le pharmacien s'y connaisse en mycologie !"
Cette proximité du pharmacien est d'ailleurs "l'une des raisons qui m'ont attiré dans l'officine : en milieu rural, beaucoup de pharmacies ferment. À terme, je voudrais m'installer dans cet environnement pour que ces structures de santé ne disparaissent pas".
L'industrie : "le bon mélange entre la santé, la dimension internationale et la fibre commerciale"

En 4e année à Rouen, Chloé se voyait plutôt dans la médecine. "Je n'avais jamais envisagé la pharmacie, alors que j'ai des grands-parents qui exerçaient ce métier." En Paces [en vigueur avant 2020 et la mise en place du PASS/LAS], elle s'aperçoit que "la filière industrie de pharma, c'était le bon mélange entre la santé et les autres compétences que je voulais mobiliser : la dimension internationale et une fibre commerciale !"
Aujourd'hui, elle suit des cours de tronc commun : "cardiologie, molécules, neurologie, thérapeutiques anti-cancéreuses" et des matières plus spécifiques à l'industrie : "développement préclinique et clinique du médicament, cours de finance, de management". L'anglais est important. "On prépare le TOEIC. En industrie, tous les process sont en anglais, on ne peut pas faire sans."
Des travaux de groupe sont également prévus. "Nous avons conçu un médicament de A à Z, de la conception aux tests qualité. Et nous visitons également des sites industriels."
Choisir un master pour se spécialiser
Très "proactive", Chloé a réussi à suivre un stage à Barcelone. Et, alors qu'il est prévu en fin de 5e année, la jeune femme a également déjà effectué un stage dans un laboratoire, pour s'assurer de son choix.
"Cela a été une confirmation que c'était ce que je voulais faire. J'ai appris énormément sur l'accès au marché du médicament." Chloé souhaiterait travailler dans ce champ où se décident, d'une part, le prix d'un produit et, d'autre part, le montant de son remboursement. "On peut travailler dans les industries pharma ou du côté des autorités publiques."
Pour cela, elle doit compléter son cursus de pharma par l'un des trois masters dédiés à ce domaine. "J'espère réussir, car ils sont très sélectifs !"
L'internat : "réviser pour le concours rend les cours plus concrets"
Daphné étudie également en 4e année, mais elle a choisi l'internat, à l'université Paris-Saclay. Au lycée, elle hésitait entre une prépa scientifique et un PASS, qu'elle intègre. "La pharmacie réunissait les deux éléments que je recherchais : les sciences fondamentales et la santé."
Ce qui l'intéresse le plus, ce sont les cas cliniques, l'étude des pathologies, l'hématologie, la virologie, la bactériologie… "J'aime comprendre les maladies, les expliquer et les soigner", résume-t-elle.
"En me penchant sur les connaissances demandées pour passer le concours de l'internat, j'ai compris que c'était vraiment cette filière qui m'intéressait." En parallèle des matières du tronc commun, elle suit des cours, dès janvier 2024, pour préparer le concours prévu en décembre.
"C'était hyper intéressant de revoir tout ce qu'on avait fait les années précédentes : les cours devenaient plus concrets et les liens entre eux plus évidents. Cela donne une vision globale d'une pathologie et du fonctionnement du traitement."
"Être utile à la société"
Classée 170e au concours, Daphné choisit la spécialité biologie médicale, également accessible via des études de médecine. Début 2025, elle a suivi un stage de recherche, avant d'entamer six mois de stage à l'hôpital – comme tous les étudiants en pharmacie.
"L'internat commencera en novembre. Je ne sais pas encore dans quelle ville je serai, ni exactement à quoi m'attendre. Mais le rôle d'un biologiste médical est de prendre en charge les échantillons des patients, de trouver l'agent responsable de la pathologie et de proposer un traitement. C'est cela qui me motive : le côté rigoureux et surtout, le fait d'être utile à la société."
La recherche : "les stages en labo donnent la possibilité de découvrir différents domaines"

Pour Camille aussi, la pharmacie mêlait deux envies : "la santé et la recherche". Étudiante en 5e année à l'université de Lyon 1, elle a choisi la pharma pour faire de la recherche. "On peut passer par l'internat ou rejoindre une filière dédiée, proposée dans quelques universités, dont la mienne. Elle ne permet pas de travailler à l'hôpital mais prépare à devenir chercheur ou enseignant-chercheur", explique-t-elle.
La jeune femme se spécialise "précocement. Dès la 2e année, j'ai pris des cours optionnels. Ils m'ont permis de valider un master de neurosciences à Sorbonne université, durant une césure entre ma 3e et 4e année de pharma, au lieu d'attendre la 6e année." Ce master lui permet d'approfondir des connaissances "pointues" dans son futur domaine de recherche.
De retour en 4e année de pharma, elle a suivi des cours communs à la filière industrie "car les deux parcours sont proches. Nous avions aussi des modules spécifiques sur la rédaction d'un mémoire et d'un projet de recherche, la découverte de la démarche scientifique, etc."
Participer à un projet de recherche
Cette année, Camille effectue son stage de six mois à l'hôpital universitaire. Dans un labo d'analyses médicales, elle participe à un projet de recherche, basé sur des prélèvements sanguins de patients en réanimation. "Je travaille sur les marqueurs immunologiques, pour comprendre la réaction du système immunitaire face à une infection."
"Les stages de recherche en labo donnent la possibilité de découvrir différents domaines et de voir comment fonctionne ce monde. C'est aussi l'occasion de découvrir une culture, puisque je suis partie six mois à New York pour mon M2."
Il lui reste encore à décrocher son double doctorat, en pharmacie et en biologie. "L'an prochain, je commence ma thèse de science, pour trois ans au moins. J'aimerais travailler les interactions entre le système immunitaire et le système nerveux dans le développement de certaines maladies. Ce qui m'intéresse, c'est de garder le lien avec la santé."
Des étudiants en pharmacie en quête d'une meilleure information sur les filières
Nous avons tous un pharmacien près de chez nous. Pourtant, le métier est mal connu et souffre d'un manque d'attractivité. Près de 95% des étudiants en pharmacie sont insatisfaits des informations reçues sur la diversité des métiers de la pharmacie durant le lycée, indique une étude de l'Anepf , publiée en février 2025.
Plus étonnant, les étudiants en pharmacie estiment être mal renseignés sur les filières. Près des trois quarts des 3.800 étudiants en pharmacie interrogés ne s'estiment pas bien informés sur la recherche et 63% ont le même ressenti sur la filière industrie.
L'Anepf observe que "le parcours officine connaît une attractivité grandissante, suite aux récentes évolutions du métier et grâce à une bonne information durant les études". 41% des étudiants sondés étudient ou veulent étudier l'officine, soit 11,2 points en plus qu'en 2018.
À l'inverse, ils sont 24,5% à opter ou à vouloir opter pour l'industrie (-7,9 points) et 23,3% à avoir choisi ou à vouloir choisir l'internat (-11,3 points). 11,2% sont indécis (+6,6 points).