Décryptage

Etudiants en santé : que faire si vos stages se passent mal ?

La création d’une plateforme nationale d’évaluation des stages est une piste pour aider les étudiants.
La création d’une plateforme nationale d’évaluation des stages est une piste pour aider les étudiants. © vectorfusionart / Adobe Stock
Par Sandrine Oscari, publié le 18 septembre 2020
4 min

Depuis cet été, sur les réseaux sociaux et en particulier sous le hashtag #balancetonstage, nombre d’étudiants en santé se sont lâchés pour raconter des expériences de stage mal vécues. Que faire si vous êtes dans cette situation ?

Insultes, injures, bousculades, blagues morbides… Durant l’été 2020 les réseaux sociaux ont débordé de témoignages d’étudiants ou d’anciens étudiants en santé racontant les brimades subies pendant leurs stages professionnels. Des situations d’autant plus mal vécues que la pratique professionnelle est incontournable dans les études de santé : sans stage validé, pas de diplôme, que ce soit dans les professions médicales ou paramédicales. D’où une omerta qui pèse lourd sur ces étudiants, dans un secteur où mandarinat et bizutage alimentent une culture de la soumission.

Les étudiants en IFSI très concernés

Particulièrement actifs sur les réseaux sociaux avec le hashtag #balancetonstage, les étudiants en IFSI (instituts de formation en soins infirmiers), dont certains se sont retrouvés encore plus exposés que les autres années dans le climat de forte tension alimenté par la crise sanitaire. "C’est triste à dire, mais nous n’avons pas été surpris que les étudiants en soins infirmiers soient aussi nombreux à témoigner sur les réseaux", déplore Vincent Optiz, étudiant en 3e année en IFSI à Lyon (69), et chargé de la communication au sein de la FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers).

"Cela fait 20 ans que sont dénoncées les conditions de stages des étudiants infirmiers. En 2017, la sortie d’un livre, 'Omerta à l’hôpital' (*), avait déjà alerté sur la dureté des conditions de formation des futurs médecins et infirmiers. Mais 3 ans plus tard le bien-être des étudiants de santé n’est toujours pas au programme."

Au-delà de #balancetonstage, où trouver du soutien ?

Un constat partagé par Marianne Faddoul, étudiante en 4e année de pharmacie et déléguée nationale pour les étudiants au sein de l'association SPS (Soins aux professionnels de santé). Cette dernière a mis en place un numéro vert national (0 805 23 23 36) et une appli disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 qui permet aux soignants et aux futurs soignants d’entrer en contact avec un psychologue.

Un service pris d’assaut ces derniers mois, notamment par les plus jeunes : "10% des appels traités sur les derniers mois par notre permanence téléphonique venaient d’étudiants en soins infirmiers ou futurs aides-soignants", souligne Marianne Faddoul.

Que faire si, étudiant en santé, vous êtes confronté à une situation difficile pendant votre formation ou sur votre terrain de stage ? "En parler, résume Vincent Optiz. D’abord à son maître de stage ou à son cadre de santé, cela suffit parfois à débloquer une situation tendue". Si ça ne suffit pas, ne pas hésiter à se tourner vers la plateforme téléphonique de SPS.

"Tous les étudiants en santé, médecine, IFSI, paramed, peuvent appeler de façon anonyme. Si besoin ils peuvent être mis en lien avec d’autres professionnels de santé susceptibles de les aider", résume Marianne Faddoul. La FNESI, elle aussi, peut apporter aide et conseils par téléphone (01 40 33 70 78) ou par mail sur vosdroits@fnesi.org. Le site de la fédération propose aussi un guide de l’étudiant en soins infirmiers.

Vers une plateforme nationale pour s'exprimer

Des services fort utiles mais qui ne permettront pas à eux seul de faire baisser le mal être des étudiants de santé… Une piste évoquée par la FNESI : la création d’une plateforme nationale d’évaluation des stages. "Cela permettrait de faire remonter toutes les difficultés rencontrées par les étudiants", explique Vincent Optiz. Un peu comme avec #balancetonstage, mais en plus organisé !

(*) "Omerta à l'hôpital. Le livre noir des maltraitances faites aux étudiants de santé" de Valérie Auslender, Michalon, Paris, février 2017.

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