Décryptage

Faire dentaire ou pharmacie à Fernando-Pessoa France : bon plan ou pas ?

Centre universitaire Fernando Pessoa - Site de Toulon (La Garde)
Le site de La Garde du CLESI (Centre libre d'enseignement supérieur international). © Camille Stromboni
Par Virginie Bertereau, publié le 11 mars 2014
3 min

Le CLESI (Centre libre d’enseignement supérieur international), rattaché à l’université privée portugaise Fernando-Pessoa, est-il une voie pour faire dentaire ou pharmacie ? L’établissement propose des formations dans ces filières à La Garde (83) ou Béziers (34), puis au Portugal, qui permettent de contourner la PACES (première année commune aux études de santé). Mais l'avenir du CLESI, pris dans une bataille juridique avec l’État, est encore incertain…

Une seconde chance à un certain prix. C'est ce que propose le centre universitaire Fernando-Pessoa France – rebaptisé CLESI (Centre libre d'enseignement supérieur international) – aux étudiants qui n'ont pas franchi la PACES (ou les concours d'orthophoniste, de kiné et de psychomotricien). Dans cet établissement privé, le recrutement ne s'effectue pas sur concours mais sur dossier. Coût de l'opération pour les intégrés : 19.000 € pour les deux premières années passées en France et de 7.000 à 7.500 € par an pour les trois années suivantes passées au Portugal (hors logement, nourriture, transports, etc.)... s'il y a suffisamment de places. La durée des études à l'étranger est moins longue que le cursus en Roumanie, mais, à Porto, les cours sont dispensés en portugais ou en anglais. Et dans les deux cas fusent des critiques "d'achat de diplôme" et de "rupture de l'égalité des chances".

Une formation plus light

Le CLESI a ouvert une antenne à La Garde(83), près de Toulon, en novembre 2012 et une antenne à Béziers (34) en octobre 2013. Non sans mal. Depuis le départ, le ministère de l'Enseignement supérieur et les syndicats de professionnels se sont engagés dans un bras de fer juridique pour faire fermer l'établissement. Pour l'heure, le CLESI a un coup d'avance. Mais la bataille continue.

La formation proposée, non habilitée par l'État français, est-elle comparable à celle dispensée dans les facs de l'Hexagone ? En termes de matières enseignées, oui : les maquettes sont très semblables. Mais question volume horaire global des enseignements, le compte n'y est pas. Selon Bruno Ravaz, le président du CLESI, le centre dispense 500 heures de cours par an aux étudiants pendant leurs deux années passées en France. En PACES, le nombre d'heures est équivalent. Mais ensuite, les UFR (unités de formation et de recherche) d'odontologie en proposent au moins le double dans les textes.

Un diplôme valable dans toute l'Europe

L'UNECD (Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire) soulève surtout les problèmes de l'identité des enseignants et "du lieu et de la réalité des stages cliniques, essentiels dans les formations en santé". En dentaire, la maquette de l'établissement n'indique rien à ce sujet. "Un hôpital-école de 200 lits a été ouvert à Porto, permettant aux étudiants de se former à la clinique", assure Bruno Ravaz. Une pratique déjà vue en France dans les écoles d'ostéopathie. Enfin, reste le problème du doctorat en médecine dentaire qui est toujours "en cours d'habilitation" selon le site Internet de l'école. Mais pour les étudiants du CLESI, le résultat est là : le diplôme d'État portugais délivré à l'issue des cinq ans de formation permet d'exercer dans tous les pays de l'Union européenne. Y compris la France.

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