Témoignage

Faire ses études de médecine en Roumanie : "Il n'y a pas cette concurrence avec les autres étudiants"

La tentation de l'étranger est de plus en plus forte pour les étudiants souhaitant devenir médecin.
La tentation de l'étranger est de plus en plus forte pour les étudiants souhaitant devenir médecin. © grivina/Adobe Stock
Par Caroline Celle, publié le 02 mai 2023
7 min

Chaque année, des centaines d'étudiants français choisissent la Roumanie pour leurs études de médecine. Mazarine, Matthieu et Héloïse, trois étudiants qui ont sauté le pas, témoignent de la procédure d’admission, du déroulé de la formation et de leurs perspectives professionnelles.

En Roumanie, trois universités proposent une formation francophone à la médecine, dans les villes de Cluj-Napoca, Iași et Timișoara. Une aubaine pour les étudiants français qui décident de partir à plus de 2.000 kilomètres, dans ce pays des Balkans, afin de contourner la première année d'études de santé en France.

Pas d'année de PASS ou de L.AS après le bac donc, à croiser les doigts pour obtenir les meilleurs résultats aux examens et être admis en études de santé. En Roumanie, les étudiants sont admis dès la première année en médecine mais peuvent exercer ensuite la profession en France, sous certaines conditions.

La procédure d’admission pour suivre ses études en Roumanie

Pour préparer un projet d’études en Roumanie, vous devez candidater sur une plateforme, propre à chaque université. La sélection s’opère dès l’entrée : il faut donc constituer un dossier avec son diplôme du baccalauréat, son bulletin de notes, et ses attestations d’identité.

Les professeurs roumains apprécient également une lettre de recommandation d’un professeur, un certificat de stage en hôpital ou une attestation de volontariat dans une association. L’université peut aussi vous demander une évaluation de votre état psychologique avant le grand départ (à faire réaliser par un médecin généraliste).

Une attractivité qui fait exploser les frais de scolarité

"Il faut s’y prendre assez tôt pour candidater parce que les universités ont de plus en plus de succès", explique Mazarine, en première année de médecine de Iași. Depuis son arrivée, l’étudiante réalise des vidéos sur TikTok pour donner des conseils sur la formation roumaine. "Je pense qu’il faut postuler dès l’ouverture de la plateforme d’inscription, ajoute-t-elle. À Iași, à la mi-avril 2023, il n’y avait déjà plus de places."

L’explosion de la demande a aussi fait augmenter les frais de scolarité. Quand Matthieu a signé son contrat d’études à Iași, le tarif était de 5.000 euros l’année. "Aujourd’hui, il atteint les 7.500 euros, témoigne l’étudiant, en cinquième année de médecine. Une fois que le contrat est signé, le tarif ne bouge pas pour les années suivantes. Mais mon université prévoit déjà d’augmenter les frais d'inscriptions l’an prochain."

Les étudiants peuvent toutefois bénéficier des bourses françaises en Roumanie, s’ils sont éligibles. Et le coût de la vie y est un peu moins élevé que dans les grandes villes de France.

Les études de médecine en Roumanie moins exigeantes qu'en PASS et L.AS

Malgré tout, en l'absence d'examens d'admission en fin de première année comme en PASS et en L.AS, la Roumanie fait l'effet d'un eldorado pour les étudiants. "Il s’agit d’une fac classique avec des partiels à chaque fin de semestre, détaille Matthieu, qui s’est réorienté en Roumanie après avoir tenté le concours en France. Si tu as la moyenne, tu passes en deuxième année, tout simplement. Et il n’y a pas ce stress permanent d’être en concurrence avec les autres élèves."

D'autant que le programme est assez similaire à celui de la France. "Les matières sont quasiment les mêmes mais l’apprentissage est moins dense, poursuit Mazarine. On a des TP (travaux pratiques) et des cours en amphi nous aussi, mais on passe plus du temps sur chaque cours et je trouve que cela permet de mieux comprendre."

La formation s'effectue en français mais l’université donne également aux étudiants des cours de roumain. En quatrième année, les apprentis médecins débutent leurs stages dans des hôpitaux roumains et doivent donc être en mesure de bien communiquer avec les patients. Les cours à l’université étant quelques fois insuffisants, beaucoup d’étudiants apprennent la langue à l’établissement culturel de l’Institut français.

Des étudiants moins bien préparés à l'internat de médecine

Néanmoins, le programme roumain étant moins exigeant, un décalage se ressent lorsque le dernier cycle de la formation en médecine approche. En effet, à partir de la sixième année, les étudiants doivent décrocher le concours de l’internat, comme c'est le cas à la fin de l'externat en France. Ils peuvent choisir de le faire en France ou en Roumanie.

Jusqu'à présent, une grande partie des étudiants rentraient en France pour passer les ECN (épreuves classantes nationales), car la formation roumaine en donne la possibilité. Ces épreuves établissent un classement des étudiants et conditionnent l’accès à la spécialité et au centre hospitalier de leur choix (la réforme des ECN est en cours, la dernière session se déroule en juin 2023, ndlr). Mais le programme roumain n’est pas aussi adapté au concours français que le programme de PASS ou L.AS.

"Les étudiants venus de Roumanie doivent fournir plus d’efforts pour se préparer au concours, admet Héloïse, en deuxième année de médecine à l’université de Cluj-Napoca. Mais la réussite au concours dépend beaucoup de la spécialité que l’on vise. Certaines sont très prisées, comme la réanimation, et sont difficiles d’accès. Moi, je souhaite exercer dans la médecine générale, et il y a beaucoup plus de places au concours."

Rester en Roumanie avant d'exercer en France

Seconde option, les étudiants peuvent choisir de poursuivre leur internat en Roumanie. Le dernier cycle se déroule dans des hôpitaux roumains. Au total, les futurs médecins français passeront 11 ans en Roumanie.

Avantage considérable, le diplôme est reconnu automatiquement dans toute l’Union européenne, puisqu’il est obtenu au sein d’un État membre. Il permet donc d’exercer la médecine dans de nombreux pays, dont la France.

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