Grève des internes : "La quatrième année de médecine générale est une année d'exploitation"
Ce vendredi 14 octobre 2022, étudiants, externes et internes en médecine sortent dans la rue pour dénoncer la mise en place d'une quatrième année d'internat en médecine générale. Une année supplémentaire d'études qui se déroulerait en stage ambulatoire, en priorité dans les déserts médicaux, afin de "parfaire" les compétences des futurs généralistes.
"C'est une goutte d'eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli", constate Raphaël Presneau, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Fin septembre 2022, le gouvernement a confirmé sa volonté d'ajouter une quatrième année d'internat en médecine générale.
Il y a une semaine, les représentants des internes en médecine générale, accompagnés de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) et de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), ont lancé un appel à la grève à partir du vendredi 14 octobre 2022. "On demande le retrait de cette mesure. On veut montrer qu'on est concerné et que c'est trop !", soutient le président de l'ISNAR-IMG, également interne à Nantes (44).
La quatrième année de médecine générale refait surface
Annoncée sans être vraiment officialisée en avril 2017 avec la mise en place de la réforme du troisième cycle des études de médecine, la quatrième année de médecine générale était un peu restée sous le tapis. "La loi mentionne trois phases en internat de médecine : une phase socle, une phase d'approfondissement et une phase de consolidation. En médecine générale, nous n'avons pas de phase de consolidation, donc cette quatrième année était implicite. Mais cela n'a jamais été une demande des internes, on ne nous a pas laissé le choix", explique Raphaël Presneau.
Les internes en médecine craignent un nouveau fiasco
Les deux ministères ont également annoncé le lancement d'une mission pour "préciser les modalités de mise en œuvre" de la réforme. Pour l'instant, il s'agirait d'une dernière année d'études professionnalisante où les internes réaliseraient leur stage en ambulatoire, en priorité dans les déserts médicaux, sous la supervision de maîtres de stage, déjà trop peu nombreux. "Le développement en zone sous-dense sera encouragé. C'est une incitation et pas une coercition", martelait François Braun le 29 septembre, soutenu par la Conférence des doyens de médecine.
Mais du côté des représentants étudiants, le manque de dialogue ne passe pas. L'ISNI dénonce "la méthode du gouvernement qui a voulu imposer de force ce projet de loi. […] Les considérations pédagogiques étant reléguées au second plan voire inexistantes."
Après le "fiasco" de la réforme du premier cycle des études de santé avec l'instauration des PASS et L.AS puis la réforme du deuxième cycle avec la suppression des ECN, les inquiétudes sont bien présentes. "Les étudiants sont dans le flou, il n'y a pas de cadrage et on refait la même chose. Ça ne peut qu'être délétère", estime le président de l'ISNAR-IMG.