Internat de médecine : des couacs dans l'affectation des nouveaux internes
Modifiée par la réforme du second cycle des études de médecine, la procédure d'affectation des internes a connu quelques fausses notes. En conséquence, les nouveaux internes ont tardé à choisir leurs spécialités et leurs stages, ce qui perturbe leur rentrée universitaire.
Pour sa première année, la nouvelle affectation des nouveaux internes n'a pas été de tout repos. Nouvelle procédure, bugs d'affichage et transmissions tardives ont généré du retard dans le choix de spécialité, de ville et de stage des nouveaux internes. Et en conséquence, du retard également dans leur inscription à l'université et dans leur recherche de logement.
Pour rappel, les modalités du concours d'internat ont été revues par la réforme du second cycle des études de médecine (R2C) : les ECN , qui se tenaient en fin de sixième année, ont été remplacées par des EDN , organisées au début de cette même année pour évaluer les connaissances théoriques. Ces dernières sont complétées par des épreuves cliniques, les ECOS , en fin d'année et par une note de parcours universitaire (valorisant les stages, la mobilité, l'associatif...).
Une procédure passée de 1 à 13 classements
La R2C a aussi changé la procédure d'affectation : fini le classement unique à l'issue des épreuves. Désormais, 13 classements sont établis, un pour chaque groupe de spécialités médicales.
Une fois qu'ils ont obtenu leurs 13 classements, les étudiants formulent leurs vœux de spécialités, mais aussi de villes. C'est ensuite un algorithme qui se charge d'affecter les nouveaux internes, "un peu comme le système Parcoursup", décrit Bastien Bailleul, le président de l'Isnar-IMG, l'intersyndicale nationale représentative des internes en médecine générale.
Ce nouveau fonctionnement "rend la procédure plus compliquée. Cela se passe sur plusieurs tours, c'est plus long, poursuit-il. Avant, le classement était public, on voyait en direct qui choisissait quoi." Il a aussi fallu intégrer aux classements les redoublants, restés sur l'ancienne version des épreuves.
Des bugs informatiques qui ajoutent à la confusion
Après une période de simulation en août et un tour à blanc, la procédure d'affectation définitive (l'appariement) devait se dérouler du 6 au 10 septembre.
Mais "il y a eu des bugs d'affichage : certains étudiants n'arrivaient pas à modifier leurs vœux, d'autres avaient des vœux en double", raconte Lucas Poittevin, président de l'Anemf.
Le CNG, qui supervise l'organisation du concours, a donc "mis la plateforme en maintenance" et l'appariement s'est finalement fait du 10 au 12 septembre. Les internes ont pu découvrir leur affectation le 13 septembre.
Un nouveau délai lors de la transmission aux universités et aux ARS
Mais il a ensuite fallu attendre près de deux semaines, le 26 septembre, pour que les listes de répartition des étudiants soient transmises aux facultés, qui organisent la rentrée universitaire, et aux Agences régionales de santé (ARS), chargées de préparer la liste des stages disponibles pour les nouveaux internes. Ceux-ci débutent le 4 novembre et sont attribués en fonction du classement.
"C'était étonnamment long", constate Lucas Poittevin. "D'habitude, on a les listes au moins une semaine plus tôt. Là, tout le monde était dans l'expectative", abonde Killian L'helgouarc'h, président de l'Isni .
Traditionnellement impliqués dans son organisation, les syndicats locaux d'internes sont notamment chargés de contacter les nouveaux internes pour leur transmettre toutes les informations nécessaires, comme la date de la journée de rentrée. Faute de liste, ils ont dû cette fois se débrouiller autrement. "On a publié un document récapitulatif avec toutes les dates de journées de rentrée sur les réseaux sociaux", indique Killian L'helgouarc'h.
Contacté, le CNG n'a pas donné suite à nos sollicitations pour expliquer les causes de ce retard.
Décalage des choix de stages
Surtout, le retard dans la transmission des listes a poussé les ARS, à certains endroits, à reporter le choix du premier stage. "Au moins cinq subdivisions ont dû décaler le jour du choix de stage. C'est le cas, par exemple, à Montpellier : c'était prévu le 27 septembre, ils ont repoussé d'une semaine", indique l'Isni.
Selon l'Isnar-IMG, ce décalage a aussi concerné les subdivisions de Lyon, Poitiers, Paris et Angers, "avec beaucoup d'internes derrière".
Or, l'entrée en internat est "une période charnière", souligne Bastien Bailleul. Elle est bien souvent synonyme de changement de faculté et donc de déménagement. Il faut s'inscrire à l'université, trouver un toit parfois loin de chez soi, accomplir toutes les démarches d'installation... "Les subdivisions dans lesquelles on est affectés sont grandes, on ne peut pas choisir un appartement tant qu'on n'a pas notre affectation de stage", pointe-t-il.
Si les choses sont progressivement en train de rentrer dans l'ordre mais, Killian L'helgouarc'h prévient qu'"il faudra tirer les conséquences pour l'année prochaine".