En bref

Les diplômés en kiné bientôt obligés d'exercer dans les déserts médicaux ?

Certaines régions comme l'Ile-de-France et la Normandie sont presque deux fois moins pourvues que d'autres territoires en termes de densité de kinés par rapport au nombre d'habitants.
Certaines régions comme l'Ile-de-France et la Normandie sont presque deux fois moins pourvues que d'autres territoires en termes de densité de kinés par rapport au nombre d'habitants. © Jean Claude MOSCHETTI/REA
Par Pauline Bluteau, publié le 21 décembre 2022
4 min

La Caisse nationale de l'assurance maladie pourrait imposer aux néo-diplômés en masso-kinésithérapie de travailler pendant deux ans dans les zones sous-denses en échange d'un exercice conventionné. Deux syndicats de la profession ont déjà refusé la mesure mais rien n'est joué.

Après les internes en médecine générale, les kinésithérapeutes pourraient eux aussi être contraints d'exercer dans les déserts médicaux. C'est en tout cas ce qui ressort des concertations entre les syndicats de la profession et la Caisse nationale de l'assurance maladie.

Ces négociations, qui ont lieu tous les cinq ans, ne concernent habituellement pas la formation et les étudiants. Une première selon la FNEK (fédération nationale des étudiants en kinésithérapie) qui tente de trouver un compromis.

Deux années d'exercice dans les déserts médicaux pour les nouveaux kinés ?

"Ça a été une surprise pour tout le monde !", constate Jeanne Gaschignard, présidente de la FNEK. En juillet dernier, après sept mois d'échanges, la Caisse nationale de l'assurance maladie proposait de conditionner l'accès au conventionnement des nouveaux diplômés par l'exercice de trois ans dans les zones sous-denses pour répondre aux besoins démographiques.

En effet, certaines régions comme l'Ile-de-France, la Normandie ou le Centre-Val de Loire sont presque deux fois moins pourvues que l'Occitanie ou la Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) en termes de densité de kinésithérapeutes par rapport au nombre d'habitants (d'après l'observatoire de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes en 2020).

Après discussions, deux années d'exercice dans les déserts médicaux pourraient être exigées

pour les kinés tout juste diplômés. Ceux qui ne respecteront pas cette condition ne seront pas conventionnés. Les patients ne pourront donc pas bénéficier d'un remboursement intégral de l'Assurance maladie or, les tarifs d'une consultation non-conventionnée ne sont pas encadrés.

La crainte d'une fuite des diplômés en kinésithérapie

"Le conventionnement est nécessaire pour l'exercice en libéral : cela peut entrainer une pratique illégale mais aussi l'augmentation du salariat des kinés, explique Jeanne Caschignard. Ces zones sous-denses ne seront jamais stables, ajouter à cela la suppression des aides à l'installation… Tout cela n'a rien de bon pour les étudiants." La FNEK s'inquiète aussi de la "fuite des futures générations étudiantes à l'étranger ou dans d'autres formations. Nombre d'étudiants remettront en question leur vocation".

Mais tout est entre les mains des syndicats de la profession : la FFMKR, Alizé et le SNMKR. Le premier a d'ores et déjà validé la mesure, les deux autres ne comptent pas la signer mais pour l'annuler, ils doivent s'y opposer. Alizé et le SNMKR ont un mois pour rendre leur décision.

Des négociations sur le coût de la formation

En guise de compromis, la Caisse nationale de l'assurance maladie aurait proposé de prendre en charge financièrement la formation des étudiants. "Juridiquement impossible", selon la FNEK.

En attendant, les négociations se poursuivent. La ministre Agnès Firmin Le Bodo, chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé, a également envoyé une lettre aux syndicats certifiant "l'engagement qu'un travail est lancé" autour des "problématiques du coût de la formation en kinésithérapie".

"L'accès financier aux études de kinésithérapie demeure en effet compliqué pour de nombreux étudiants et engendre des difficultés lors de l'entrée dans la vie professionnelle", note la ministre. Des réponses qui ne contentent pas la FNEK : la fédération assure être consultée par les syndicats pour peser dans la décision finale.

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