Décryptage

Les nouvelles technologies révolutionnent les formations en santé

Avec la 3D, les futurs chirurgiens peuvent s'exercer dans des conditions réelles.
Avec la 3D, les futurs chirurgiens peuvent s'exercer dans des conditions réelles. © Adobe Stock / vectorfusionart
Par Mersiha Nezic, publié le 14 janvier 2020
5 min

Grâce à la 3D, les futurs soignants sont projetés dans des salles d’opération ou à l'hôpital, à faire des incisions ou des transfusions. Les médecins de demain pratiquent la dissection sur des tables d’anatomie numériques. Les "serious games", la simulation 3D ou encore les applications de réalité virtuelle permettent aux étudiants en santé de s’exercer dans des conditions réelles pendant leur formation. Et le cerveau imprime mieux !

Se mettre à la place d’un infirmier ou d’un médecin, grâce à un logiciel pour apprendre mieux et en s’amusant… Les "serious games" sont au cœur des formations de santé. Tout comme la simulation 3D et les applications de réalité virtuelle qui permettent aux étudiants de s’exercer dans des conditions réelles. Ces outils technologiques sont en train de révolutionner les apprentissages des soignants de demain.

Les urgences en 3D : patients virtuels, vraies maladies...

Par exemple, SimforHealth, une société de logiciels informatiques, propose des cas cliniques virtualisés à destination des professionnels de la chaîne de soins à partir d’une plate-forme digitale : MedicActiV. Une trentaine d’IFSI sont équipés de neuf simulateurs créés pour aider les étudiants à mieux assimiler les dix compétences du référentiel infirmier.

Ainsi, via un jeu sur ordinateur en 3D, les étudiants infirmiers stimulent des interactions avec des patients virtuels, mais atteints de vraies maladies. Par exemple, ils sont "téléportés" aux urgences face à un patient victime d’un accident vasculaire cérébrale ou ils se retrouvent face à une personne en proie à un choc hémorragique, sortant du bloc opératoire. "C’est très immersif. Les voix des avatars ne sont pas robotisées mais enregistrés par des acteurs", précise Guillaume Decormeille, infirmier, formateur en simulation et doctorant en psychologie cognitive.

La simulation numérique sur ordinateur par des jeux complètent les enseignements théoriques. En s’amusant avec les nouvelles technologies, "les étudiants assimilent différemment que s’ils étaient simplement en train d’écouter quelqu’un parler dans un amphithéâtre bondé", reprend Guillaume Decormeille. Surtout, via la simulation, les apprentissages s’ancrent plus efficacement. "Les étudiants ont une meilleure mémoire de ce qu’ils ont fait, entendu ou vu. Parfois, ils travaillent par binôme et partagent leurs expériences. Et il y a toujours un débriefing avec les formateurs qui cadrent cette réflexion".

Quand les futurs chirurgiens prélèvent des organes... virtuels !

Grâce à la 3D, les futurs chirurgiens, projetés dans des salles d’opération, se livrent à leurs premières incisions et prélèvent des organes. Les médecins de demain s’exercent à des touchers pelviens. Les étudiants peuvent ainsi essayer, se tromper, recommencer sans se livrer à ces gestes sur de vrais patients. Ils pratiquent désormais aussi la dissection sur des tables d’anatomie numériques.

Une petite révolution dans les facultés de médecine. "L’accès à la dissection des corps humains est compliqué. Il faut des corps. Il faut les préparer. Il faut les respecter. Avec l’apprentissage 3D, on peut faire plus, plus simple, plus rapide, plus interactif. Cela permet aux étudiants d’intensifier l’effort d’apprentissage ", souligne Jean Sibilia, le président de la Conférence des doyens des facultés de médecine.

Nouvelles technologies et santé : le début d'une révolution

Ce big bang technologique et numérique ouvre des horizons très larges. "Avec des capteurs, des objets connectés, de l’imagerie, toutes sortes de technologies électroniques et numériques peuvent s’appliquer dans tous les domaines de la médecine", précise Olivier Paillet, directeur général du groupe ESEO (École supérieure d'électronique de l'Ouest).

L’établissement collabore étroitement avec la faculté de médecine d’Angers et le CHU de la ville. Il s’est doté d’une option biomédicale depuis une quinzaine d’années visant à former des ingénieurs capables de créer des applications dans le monde de la santé. L’école s’associe à la faculté de médecine d’Angers pour faire découvrir les technologies aux étudiants en médecine sur la base d’options et des "parcours e-santé ".

L’enjeu ? Former des médecins comprenant les enjeux technologiques qui sont en train de révolutionner leurs pratiques. Mais aussi les ingénieurs qui conçoivent des dispositifs d’aide au diagnostic et au soin. "Nous n’en sommes qu’au début de l’usage de ces nouvelles technologies dans la santé. Les possibilités sont innombrables", prévient Olivier Paillet.

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