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Reportage

Médecine : avec 10 % de réussite pour les non-résidents, "le bon plan belge" rend l'âme

Beaucoup de candidats pour un taux de réussite inférieur au taux français : en filière santé, la Belgique n'est plus si "accueillante".
Beaucoup de candidats pour un taux de réussite inférieur au taux français : en filière santé, la Belgique n'est plus si "accueillante". © Aurore Abdoul-Maninroudine
Par Aurore Abdoul-Maninroudine, mis à jour le 25 septembre 2017
5 min

Les résultats sont tombés jeudi 14 septembre 2017. Seuls 20 % des candidats ont réussi l'examen d'entrée en médecine et dentisterie belge. Ils ne sont que 10 % parmi les non-résidents. Autrefois réputé plus facile qu'en France, l'accès aux études de santé continue de se durcir en Belgique.

62. Sur les 587 étudiants non-résidents – principalement des Français – présents, jeudi 8 septembre 2017, à l'examen d'entrée en médecine et odontologie belge, seuls 62 ont obtenu le précieux sésame leur permettant de faire leur rentrée dans l'une de ces deux filières : 55 ont été admis en première année de médecine, sept en dentisterie.

La Belgique a beau avoir supprimé son concours de fin de première année en médecine et sciences dentaires pour le remplacer par un examen passé par les lycéens directement après le baccalauréat, l'accès à ces études n'en est pas plus facile.

Un taux de réussite de 10 % pour les non-résidents

Les résultats sont tombés jeudi 14 septembre 2017 - avant d'être actualités jeudi 21 septembre 2017- et c'est la douche froide pour les nombreux candidats recalés, encore plus pour les étudiants non-résidents, dont le taux de réussite de 10 % est bien moindre que celui de l'ensemble des candidats, qui atteint 20 %, avec 696 lauréats. Précisément, les non-résidents représentent respectivement 8,5 % et 13 % des admis en médecine et odontologie. À titre de comparaison, le taux de réussite en médecine après la PACES (Première année commune aux études de santé), en France, oscille entre 14 et 26 %.

696 lauréats, c'est également "quatre à cinq fois moins que le nombre d’étudiants inscrits" en première année de médecine et dentisterie 2016-2017, rappelle l'ARES (Académie de recherche et d'enseignement supérieur), en Belgique.

Un examen plus "physique" que "biologie"

Les autorités belges avaient prévu dans le décret mettant en place la réforme que le nombre de non-résidents ne pourrait dépasser un plafond de 30 % des admis. La réalité est finalement très éloignée de cette hypothèse...

Dominique Vanpee, doyen de la faculté de médecine de l'université catholique de Louvain et président de la Conférence des doyens, explique : "L'examen s'est aligné sur le programme des lycéens belges inscrits dans la filière "sciences fortes", ce qui ne correspond pas nécessairement au programme de la PACES". "Les chiffres de l'ARES montrent que la sélection s'est faite sur l'épreuve de physique, très peu sur celle de biologie où les étudiants de PACES peuvent avoir un fort avantage", abonde Quentin Lamelyn, coprésident du CIUM (Comité inter-universitaire des étudiants en médecine belges).

En effet, seuls 29 % des candidats ont réussi à avoir au moins 8/20 en physique. Or, pour réussir l'examen composé de deux parties ("scientifique" d'une part, "communication et éthique" d'autre part), il fallait être au-dessus de la note éliminatoire de 8 pour chaque matière et avoir au moins 10/20 par partie.

La partie "communication et éthique" qui constituait la grande inconnue de l'examen a, en revanche, été peu discriminante : entre 80 et 90 % des candidats ont eu au moins 8/20 dans les différentes épreuves. Même chose pour la biologie (85 %) ou les mathématiques (80 %).

Le nombre d'étudiants admis diminue

Impossible pour autant de savoir si le nombre d'étudiants non-résidents admis en première année à la suite de l'examen est moindre qu'auparavant : les universités refusaient jusqu'à présent de communiquer les taux de réussite au concours de ces candidats.

Difficile également de déterminer si la sélection est plus importante dans le nouveau système. "Il est trop tôt pour le dire, assure Dominique Vanpee. Auparavant, le taux de réussite au concours oscillait selon les universités entre 25 et 30 %, mais les chiffres du concours et de l'examen ne sont pas comparables." Avec le concours, certains étudiants abandonnaient en cours d'année. D'où un premier écrémage qui se faisait à l'usure. Il est également possible qu'un certain nombre de candidats à l'examen d'entrée soient venus sans s'être préparés, "pour se tester", fait savoir Quentin Lavelyn.

Quoi qu'il en soit, il y aura bien une diminution du nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine et dentisterie en Belgique francophone. Si l'on anticipe un taux de réussite en fin de première année de 75 à 80 % – taux observé du côté flamand où ce système existe depuis près de 20 ans –, environ 500 étudiants arriveront en deuxième année en septembre 2018 contre 700 en septembre 2016. Le "bon plan belge" que se repassaient autrefois les étudiants français a du plomb dans l'aile.

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