Médecine générale : en congrès, les internes réfléchissent à la santé globale

Réunis à Lille les 6 et 7 février, les internes de médecine générale ont réfléchi durant deux jours à leur pratique autour du thème de la santé globale : environnement, santé mentale, santé des soignants... L'occasion également d'aborder les actualités de la formation en médecine.
À Lille, durant deux jours, les internes de médecine générale étaient conviés par l'Isnar-IMG à réfléchir sur le concept de santé globale, pour une santé moins discriminante, plus respectueuse de l'environnement et prenant en compte leur propre santé.
Ces 6 et 7 février, les conférences du 25e congrès organisé par le syndicat portaient notamment sur la santé des soignants, la question des pandémies et de la santé mondiale mais aussi sur les inégalités sociales de santé, la question de la pratique médicale écoresponsable ou encore la santé mentale.
Des notions peu connues des 900 internes participants. Pourtant, comme le rappelle Alice Barras, dentiste et professionnelle de santé durable, "on peut voir la santé comme la gestion du risque. Ou l'on peut se dire, comme l'OMS , que 'la santé est un état de complet bien-être physique mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité'".
C'est ce qu'explique Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG. "Beaucoup voient la santé comme un bon état physique. Là, nous sommes dans une approche plus large. On s'intéresse à un ensemble - physique, moral et mental - et on l'intègre dans un contexte politique, économique et sociétal. L'idée de ce congrès est aussi d'apprendre très vite et de ressortir avec des actions claires à mener dans sa pratique, dès le lendemain."
Du concret pour la vie professionnelle
Rose, interne en 1re année à Rouen, venue en se disant que le congrès serait "très formateur", n'est pas déçue. "Ce thème de la santé globale correspond à des enjeux d'aujourd'hui. Cela donne des pistes à explorer."
Tin-Hinane, également interne en 1re année, à l'UVSQ (université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), confirme : "Ce ne sont pas des informations médicales mais ce sont des informations utiles pour la vie professionnelle".
C'est aussi la raison de la participation de François, interne de 2e année à Amiens, qui assiste à son deuxième congrès. "Avant l'internat, on a des cours très structurés et théoriques. Il y a plein de choses évoquées, mais c'est assez compliqué à mettre en pratique. Souvent, on est un peu obligé de se débrouiller tout seul. D'où l'intérêt de ces congrès où des spécialistes rendent ces sujets plus concrets", explique-t-il, en se réjouissant également de "voir comment cela se passe chez les autres professionnels de santé".
Parmi les intervenants, outre les médecins généralistes, on compte également une sociologue, des responsables d'association, une dentiste, une DRH, un économiste ou une psychologue. Une interdisciplinarité appréciée des congressistes.

Ouvrir le champ de la réflexion
Ce sentiment est partagé par quatre internes de 3e année, venues de Toulouse et qui se projettent dans l'après-internat. "On reçoit beaucoup d'informations, mais c'est rassurant d'avoir des conseils de lecture et des guides à consulter", explique Marion.
Ainsi, lors de la conférence sur la manière de gérer son cabinet de façon écoresponsable, Helena s'est intéressée à la partie théorique. "Cela nous permet de cibler ce qui est vraiment important. Par exemple, la gestion des déchets ne représente que 5% de l'empreinte carbone du système de santé [derrière les achats de médicaments et de dispositifs médicaux, le transport et l'électricité]". Or, "c'est plutôt au début, à l'installation en cabinet, qu'il faut prendre des bonnes habitudes", résume son amie Julie.
Lucie, quant à elle, relève la grande pertinence des conférences qui approfondissent les notions de risques psycho-sociaux, d'addictions ou de troubles du stress post-traumatique (TSTP). "En 3e année, nous menons nos consultations auprès des patients. Et une grande partie d'entre elles concernent la santé mentale". De quoi s'intéresser à ces sujets, centraux dans leur pratique de médecin généraliste.
Ces conférences permettent également d'ouvrir le champ de réflexion, souligne Julien, interne en 1re année à Lille. "Certains de ces sujets ne sont pas du tout abordés durant les études. Cela donne des idées pour la thèse [d'exercice]". Car, comme le rappelle Bastien Bailleul, les internes travaillent à l'hôpital, étudient mais sont également des "chercheurs". "Durant le congrès, nous mettons à l'honneur des intervenants qui font de la recherche et qui transmettent leur savoir. Ils participent à la formation médicale continue des internes."
Des questions d'actualité
Le syndicat profite aussi de ces deux jours pour informer les participants sur le statut d'interne. Et pour revenir sur l'actualité, avec la mise en place de la 4e année d'internat en médecine générale pour la rentrée 2026, qui a mobilisé une partie d'entre eux lors d'une grève, organisée le 29 janvier. Un sujet qui a rempli la salle et soulevé de nombreuses questions.
Bastien Bailleul assume ce discours : "Durant le congrès, nous parlons de politique car nous sommes un syndicat." L'organisation, sceptique sur le recrutement suffisant de MSU , souhaite que la mise en place de cette 4e soit reportée s'il n'y a pas de garantie que chaque interne puisse se professionnaliser en ambulatoire.