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Métiers du social : une réforme des diplômes d’État en vue pour la rentrée 2026

reforme métiers du social
Le but de cette réforme est de revoir l'architecture de ces formations et notamment d'élargir leur tronc commun. © Canva
Par Marie Frumholtz, publié le 04 juin 2025
5 min

Une réforme des métiers du social est à l'étude à l'horizon 2026. Si la perspective de création d'un diplôme unique s'éloigne, le socle commun des formations serait encore élargi. Néanmoins, les modalités d'application de la réforme restent floues.

Si les métiers du social vous intéressent, sachez qu'une réforme doit être votée cet été pour une mise en application à la rentrée 2026.

Comme tout diplôme d'État, ceux d'ASS , d'éducateur spécialisé, d'EJE , d'éducateur technique spécialisé et de CESF sont régulièrement revus.

Élargir le tronc commun

Le but de cette réforme est de revoir l'architecture de ces formations et notamment d'élargir leur tronc commun. "Trente pour cent du contenu des formations d'éducateur spécialisé, d'EJE et d'ASS sont déjà mutualisés. Avec cette réforme, on aurait désormais quatre blocs de compétences : trois communs et un spécifique à chaque métier", précise Christophe Verron, directeur général de l'ARIFTS, un organisme de formation aux métiers de travailleurs sociaux.

Pour Marcel Jaeger, président de l'Unaforis , le réseau national des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale, il s'agit ainsi de faciliter les passerelles entre les formations : "Les étudiants qui souhaiteraient se réorienter pourraient changer de filière entre la première et la deuxième année, par exemple."

Toutefois, les volumes horaires de chaque bloc n'ont pas encore été précisés. On ne sait pas non plus si les blocs communs et le bloc spécifique devront être suivis en même temps ou si les premiers précéderont la spécialisation. "Nous n'avons pas encore de vision précise sur le futur déroulé des formations, ni sur les passerelles qui seraient rendues possibles ou pas", ajoute Christophe Verron.

Pas de suppression de métier

Une chose est claire : "Le but n'est pas de supprimer tous ces métiers pour créer une seule profession de travailleur social", rassure Didier Dubasque, ancien assistant de service social et ancien membre du haut conseil du travail social.

Une idée pourtant suggérée par la Cour des comptes, en janvier. Dans un rapport dédié aux travailleurs sociaux, elle recommandait de "créer un diplôme unique du travail social pour les diplômes d’État d'ASS, d'éducateur spécialisé et de CESF".

Souhaitant protéger les spécificités de chaque métier, les étudiants et les professionnels du secteur s'opposent à cela.

"Nous n'avons pas les mêmes approches et analyses. Les éducateurs de jeunes enfants sont spécialisés dans le développement des enfants de moins de 6 ans, tandis que les assistants de service social ont une vision plus globale et institutionnelle de l'accès aux droits des personnes. Pour assurer un accueil décent des usagers, il faut des équipes pluridisciplinaires", assure Gisèle Perrin, première vice-présidente de la FNEMS ( Fédération nationale des étudiant.e.s en milieu social).

Christophe Verron, directeur général de l'ARIFTS, un organisme de formation aux métiers de travailleurs sociaux, note toutefois que de plus en plus d'offres d'emploi ne spécifient pas de métier, mais parlent "d'intervenants ou de travailleurs sociaux", ce qui l'interroge sur ce qu'attend réellement le secteur professionnel des futurs diplômés.

Ne pas pénaliser les étudiants

Reste à savoir comment cette évolution sera mise en place. Gisèle Perrin regrette le manque de clarté de cette réforme. "Nous ne savons pas comment les écoles vont s'en saisir, ni si toutes auront la capacité d'accueillir plusieurs filières en même temps pour un cours", explique-t-elle.

Pour le moment, les heures de formation et les périodes de stages varient d'un diplôme à l'autre et la DGCS (La direction générale de la cohésion sociale) - qui pilote la refonte - n'a pas encore communiqué sur la possibilité d'une uniformisation.

"Nous ne voulons pas que les étudiants soient pénalisés par cette réforme et qu'ils subissent une baisse de qualité de leurs formations, d'autant qu'elles sont difficiles à intégrer et à terminer", insiste la représentante syndicale.

En effet, les stages rémunérés sont de plus en plus rares, car les structures susceptibles de les accueillir manquent de moyens. Certains étudiants se retrouvent avec des frais de déplacement et de logement importants pour suivre un stage loin de leur école afin de valider leur diplôme. "Cela cause du stress, accroît la précarité des étudiants et est un facteur d'échec", souligne la première vice-présidente de la FNEMS.

Se rapprocher du système universitaire

"La réforme accentue encore le rapprochement avec le modèle de la licence universitaire [les diplômes d'État qui doivent être réformés sont reconnus comme un bac+3 depuis 2018, ndlr], le nombre de stages pourrait ainsi être réduit. Mais ils sont essentiels pour découvrir les différentes structures dans lesquelles les diplômés pourront travailler", déplore de son côté Christophe Verron.

"Par ailleurs, nos élèves ne peuvent pas profiter des services de santé ou des accompagnements pour étudiants en situation de handicap des universités", rappelle-t-il.

Autant de problématiques que la réforme ne règle pas et qui pourtant entament l'attractivité de ces filières. Selon la Dress ( Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), l'effectif d'inscrits dans les formations sociales a chuté de 14,5 % entre 2010 et 2023.

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