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PASS - LAS : le gouvernement encadre davantage les épreuves orales pour entrer en MMOP

Les oraux représentent en moyenne 30% de la note globale.
Les oraux représentent en moyenne 30% de la note globale. © Hasni généré à l’aide de l’IA / Adobe stock
Par Malika Butzbach, publié le 19 juin 2024
6 min

Après la décision du Conseil d’État, le gouvernement est dans l'obligation de revoir les modalités d’admission aux études de santé. Les projets de textes de loi transmis au Cneser encadrent notamment au niveau national les épreuves orales. Celles-ci doivent compter pour 30% de la note globale, avec une variation de 5% possible. Un équilibre entre un nécessaire cadrage national et l’autonomie de chaque université.

Le délai touchait à sa fin. Après la décision du Conseil d’État rendue le 29 décembre dernier, le gouvernement devait repenser les conditions d’accès en 2e année d’études de santé "dans un délai de six mois", soit jusqu’au 30 juin 2024.

Les deux textes, un projet de décret et un projet d’arrêté, présentés en Cneser le 11 juin, encadrent un peu plus les modalités des épreuves orales, dites du second groupe. Les membres du Cneser ont voté en faveur de ces deux textes, avec 24 voix pour le décret et 22 voix pour l’arrêté.

Dans sa décision, le Conseil d’État avait annulé la décision implicite de la Première ministre, Elisabeth Borne, refusant d’abroger les dispositions du code de l’éducation qui renvoyait aux universités le soin de déterminer la pondération des différentes épreuves d’admission. Cette requête avait été porté par l’association PASS-LAS, composée d’étudiants et de leurs parents.

"Il y a un problème de lisibilité de la réforme de la première année aux études de santé, constate Coline Trayssac, chargée de l’enseignement supérieur à l’ANEMF . Ces nouveaux textes permettent de la rendre un peu plus lisible." Un constat que partage Benoit Verber, président de la conférence des doyens de médecine : "Cette évolution apporte de la clarté, notamment sur l’épreuve orale."

Des épreuves orales pour évaluer des compétences pour entrer en MMOP

Le projet de décret détaille les épreuves orales à l'échelle nationale alors que jusqu’à présent elles relevaient de la décision de chaque université. Après les épreuves écrites, la majorité des étudiants de PASS et LAS qui souhaitent entrer en deuxième année d'études de santé doivent passer un oral.

Ce "second groupe d’épreuves évalue des compétences transversales telles que l’aptitude à l’analyse et à la synthèse, à l’expression orale, à la communication, au travail individuel et collectif, au repérage et à l’exploitation des ressources documentaires, ainsi que des compétences numériques et de traitement de l’information et des données. Il comporte une ou plusieurs épreuves orales et peut comporter une ou plusieurs épreuves écrites majoritairement rédactionnelles", précise le projet de décret.

Par ailleurs, ces oraux doivent permettre aux candidats de prouver qu’ils disposent bien des compétences nécessaires pour accéder aux filières MMOP , mais "à partir de modalités d’évaluation différentes de celles mises en œuvre lors des épreuves du premier groupe". Ainsi le second groupe d’épreuves se compose de deux à quatre épreuves orales "dont le contenu et les modalités sont précisés par arrêté des ministres chargés de l’Enseignement supérieur et de la Santé".

Les oraux ne peuvent pas porter sur le projet professionnel du candidat de PASS ou LAS

L’enjeu était de trouver un équilibre entre la nécessaire homogénéisation des pratiques pour cette épreuve et les caractéristiques propres à chaque université. "Les universités gardent leur autonomie, par exemple dans le choix des sujets, mais l’équité nationale des modalités d’accès aux études de santé est préservée", observe Benoît Verber.

Il est désormais écrit noir sur blanc que chaque épreuve dure dix minutes, hors temps de préparation. Et ce temps est le même pour tous les candidats.

Seule contrainte dans le choix des sujets évoquée par le projet d’arrêté : les épreuves orales ne peuvent porter sur la présentation du projet professionnel de l’étudiant. Une bonne chose, salue Coline Trayssac. "Le projet professionnel peut être évalué durant l’année, mais pas au moment de ces épreuves, indique l’élue étudiante. De même que la culture générale et scientifique ne doit pas être évaluée à l’oral. On sait que la maîtrise de ces cultures dépend souvent grandement du milieu social."

Par ailleurs, et pour anticiper ces épreuves, les universités ayant un UFR santé doivent proposer à tous les candidats un module de préparation et un module de découverte des métiers de santé.

Des oraux qui représentent en moyenne à 30% de la note globale

De plus, alors que jusqu'ici chaque université choisissait la pondération des notes obtenues aux épreuves écrites et orales, "les épreuves du second groupe correspondent à 30% de la note globale obtenue à l’issue des deux groupes d’épreuves", précisent les textes.

Mais, "une variation de cette pondération peut être prévue par les universités, dans la limite de 5% en plus ou en moins", précise le texte. Un compromis permettant de respecter l’autonomie de chaque université, "dans une fourchette raisonnable", souligne Benoît Verber. "La marge de manœuvre des établissements est bien moindre qu’auparavant, où la pondération pouvait aller de 20% à 60%", rappelle Coline Trayssac.

À l’image des votes au Cneser, l’ensemble des acteurs concernés ont bien accueilli ces textes. "Il s’agit de la synthèse des résultats du groupe de travail national mené au sein des ministères et auxquels nous avons participé", souligne Benoît Verber.

Toutefois, tous s’accordent sur le fait que cette évolution n’est que la première d’une série. "Avec le recul, nous voyons les améliorations et ajustements nécessaires et il nous faut prendre le temps de corriger cela en bonne intelligence", indique Coline Trayssac. L’ANEMF, comme la conférence des doyens, attend la publication du rapport de la Cour des comptes sur la réforme.

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