PASS/LAS : les doyens de médecine plaident à leur tour pour le retour d'une "voie unique"

Le nouveau bureau de la conférence des doyens de médecine soutient le projet d'une voie unique d'accès aux études de santé, qui garantirait toutefois une diversité de mineures disciplinaires. Mais réfute l'idée d'une "réforme complète" et d'un retour à la PACES.
À quoi ressemblera l'accès aux filières médicales dans les prochaines années ? Mis en place en 2020, le système PASS/LAS est sur le grill en raison de sa complexité, mais aussi car il n'a pas répondu à tous ses objectifs, notamment celui de diversifier les profils des étudiants.
Dans ce climat de réforme à venir, les avis s'accumulent. En décembre puis en janvier, la Cour des comptes et les associations étudiantes ont demandé la mise en place d'une voie unique. Le 26 mars dernier, Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins et Philippe Baptiste, ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ont proposé "une réforme", qui pourrait être mise en place pour la rentrée 2026.
C'est désormais au tour du nouveau bureau des doyens des facultés de médecine de formuler des pistes.
"Éviter une réforme complète du système"
Nouvellement élue le 4 mars dernier, la présidente de la Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine Isabelle Laffont souhaite "faire évoluer progressivement le modèle PASS/LAS, pour aller vers un système plus adapté" et ce, sans "brader la qualité des formations".
À l'occasion d'une conférence de presse organisée le 1er avril, elle a présenté les pistes des doyens, tout en alertant : "Il serait mieux d'éviter une réforme complète du système car les universités ne seront pas capables de l'absorber." Présent à ses côtés, le doyen de la faculté de médecine de Paris-Saclay et vice-président de la conférence Marc Humbert promet toutefois : "Il y aura du changement."
Une voie unique d'entrée, avec des mineures disciplinaires resserrées
"Nous proposons une voie unique d'entrée - qui ne soit pas un retour à la PACES - qui maintienne des mentions disciplinaires, avec une partie des enseignements hors santé", sur une répartition moitié/moitié. Par ailleurs, la conférence propose de resserrer les champs disciplinaires concernés, à l'inverse du choix très large qui existe actuellement.
Elle souhaite également conserver le principe de "marche en avant", avec deux chances de tenter l'accès aux études médicales, pour éviter les situations d'échec de la PACES. "Ceux qui ne pourront pas devenir médecin ne doivent pas se retrouver à 20 ans dans les conditions d'un élève post-bac", résume Marc Humbert.
Les doyens demandent également que l'entrée dans les filières MMOP se base sur l'évaluation d'un même corpus unique de connaissances en santé. De quoi éviter des niveaux trop hétérogènes en 2e année de médecine, comme c'est le cas aujourd'hui. Pour réussir, les matières disciplinaires devraient être validées, mais ne seraient pas classantes.
Ces propositions s'éloignent de celles émises en septembre, lorsque la conférence des doyens suggérait que chaque université se positionne pour ne proposer que le PASS ou que des LAS. Isabelle Laffont réaffirme néanmoins ce principe de l'autonomie des universités : en fonction des établissements, "tous les modèles ne seront pas les mêmes".
Répondre au manque de médecins
"On nous annonce 50.000 médecins supplémentaires en deux ans", observe également Isabelle Laffont, reprenant l'annonce de Yannick Neuder, le 26 mars. Si cette augmentation doit d'abord passer par des changements de court terme pour les PADHUE ou les docteurs juniors, la conférence doit "réfléchir" à l'idée d'augmenter les effectifs en 2e année, "dans des quantités réalistes".
Quant à la réintégration des étudiants français expatriés dans les pays européens, la présidente botte en touche sur cette question "difficile et délicate", mettant en avant la difficulté d'évaluer la qualité de leur formation mais surtout le risque d'iniquité vis-à-vis d'étudiants ayant échoué dans le système français mais n'ayant pas pu ou pas voulu s'expatrier.
De même, les doyens n'estiment "pas très réaliste" la proposition d'ouvrir une 1re année d'accès aux études de santé dans chaque département. "Cela nécessite du bâtimentaire et des enseignants. On ne peut pas tout faire en visio" pour cette année "éprouvante et très dense", explique Isabelle Laffont. "Il faut faire un état des lieux pour voir où sont les besoins", complète Marc Humbert.