"Parcoursup est une question" : qu'en pensent les lycéens ?

Les inscriptions sur Parcoursup sont ouvertes depuis le 15 janvier dernier. Comme chaque année, la procédure génère du stress chez les lycéens. Et alors que le Premier ministre, François Bayrou, a remis en cause le système d'orientation lors de son discours de politique générale, les enseignants se veulent rassurants sur les possibilités offertes aux candidats.
"Parcoursup est une question", a laissé planer François Bayrou lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale le 14 janvier dernier, veille de l'ouverture des inscriptions sur la plateforme.
Sans en dire plus, le Premier ministre sous-entend que le site mis en place en 2018 pour répartir les lycéens dans les formations du supérieur pourrait bien évoluer dans les prochaines années. Suppression ? Modification ? Pour l’heure, aucune information complémentaire n'a suivi cet effet de manche.
Malgré les améliorations, Parcoursup reste une source de stress
Cette actualité vient néanmoins rappeler que chaque année, la plateforme Parcoursup est une source de stress importante pour les lycéens et leurs proches. Selon le bilan de la session 2024 publié par le ministère de l'Enseignement supérieur, 83% des candidats considèrent que la procédure est stressante, même s'ils sont aussi nombreux à la trouver de plus en plus claire (77%) et transparente (59%).
"Ça fait un peu peur parce que c’est via cette plateforme que va se décider notre avenir", partage Jules, élève au lycée Jules Ferry de Conflans-Sainte-Honorine (95). "La plateforme est facile à appréhender, mais avec les lettres de motivation et les informations nous concernant à remplir, ça peut vite devenir une source d'inquiétude", avoue Lucas, élève en terminale générale dans le même lycée. Surtout qu’il faut trouver le temps de tout compléter le mieux possible et dans le temps imparti.
"On voit bien cette montée de l’angoisse à travers nos élèves", a constaté Sylvie Dufour, enseignante en mathématiques au Lycée Saint-Thomas d'Aquin de Flers (61).
Une sélection mieux comprise par les candidats
Néanmoins, les demandes de transparence sur les modes de sélection des candidats par les formations semblent avoir été écoutées. Les établissements affichent désormais les critères de sélection, notamment sous forme d’infographies, et ceux-ci sont bien compris des lycées. "Je regarde beaucoup les pourcentages qu’indiquent les établissements sur la motivation ou les notes. Cela me donne une bonne idée de ce qu’ils recherchent", explique Clélia, camarade de Jules et Lucas.
Les établissements insistent, eux, sur le fait qu’ils respectent bien ces critères. C’est le cas du BUT carrières juridiques de l’IUT de Saint Malo (35). Son responsable pédagogique Matthieu Develay explique comment ils procèdent pour prendre en compte les notes et la motivation des candidats : "D’abord, la plateforme calcule une moyenne pour tous les candidats selon les notes qui comptent pour notre diplôme. Puis, nous lisons tous les dossiers en entier et nous leur attribuons une note, qui dépend en particulier de la lettre de motivation. Enfin, on fait une moyenne de ces notes pour avoir le classement définitif."
Une orientation trop précoce ?
Malgré tout, si Parcoursup demeure une source d’inquiétude, c'est qu’elle incarne l’échéance de l’orientation. D’une part parce qu’il y a la peur de ne pas suivre le cursus désiré à l’issue de la sélection par les établissements. "Ma seule source d'inquiétude est de savoir si je serai acceptée dans l'école de mon choix", confie Lucie, en terminale STMG au lycée Saint-Thomas d’Aquin de Flers.
Mais l’inquiétude est également présente parce que beaucoup n’ont pas les idées claires sur leur orientation en fin de lycée. Or la plateforme impose de faire un choix.
Un manque de clarté dans l’orientation des élèves que le Premier ministre a aussi pointé le 14 janvier dernier. Il dénonçait une "obligation d’orientation précoce" qui perturbe les élèves. Cette situation est en particulier due aux choix de spécialités à faire dès la fin de la classe de 2de. "Ce choix est terrible pour beaucoup. En 2de, les élèves sont jeunes et n’ont pas toujours d’idée sur ce qu’ils veulent faire", dénonce Sylvie Dufour.
Parcoursup n'est pas définitif
Mais il faut se rassurer : le choix d’une formation du supérieur n’est pas définitif. Si la formation ne convient pas, il est possible de se réorienter. Et il n’est même pas obligatoire d’attendre la fin d’année.
Claire Fonticelli, responsable pédagogique du BUT carrières sociales, parcours villes et territoires durables de l’IUT Aix-Marseille (13), complète : "À Aix-Marseille, il est possible de se réorienter pendant le premier semestre vers une autre formation. Dans ce cas, nous aidons les élèves. C’est pratique si on se rend compte assez tôt que la formation ne nous plaît pas et cela évite de perdre une année. Même si c’est important de rappeler qu’on ne perd jamais une année quand on se réoriente".