Parcoursup : voici pourquoi il ne faut pas se fier à 100% à l'outil de simulation

C'est la nouveauté de l'année sur Parcoursup. Un simulateur permet, selon le profil d'un candidat, d'évaluer ses probabilités d'intégrer une formation. Des résultats éclairants, mais à prendre avec des pincettes. Explications.
Nouveau sur Parcoursup, un outil permet de se situer par rapport au profil des anciens admis. En indiquant son type de bac ou ses spécialités et sa moyenne, un simulateur indique à quelle fréquence les lycéens de ce profil reçoivent une proposition d'admission : "rarement", "occasionnellement", "régulièrement", à "plus de 50%, ou à "plus de 80%". S'affichent également les doublettes de spécialités les plus représentées parmi les admis, sur les trois dernières années.
Mais doit-on se fier aveuglément à ce simulateur ? Non, répondent un prof de prépa et un psy-EN . Car si les infos données sont des éléments éclairants, elles doivent être considérées avec beaucoup de recul.
Sans les coefficients, des calculs parfois faussés
"La première chose à laquelle il faut faire attention, c'est que ce simulateur met toutes les disciplines à égalité. Or une même moyenne peut refléter des situations très différentes", analyse Denis Choimet, professeur en CPGE scientifique au lycée du Parc à Lyon (69). En effet, Parcoursup précise que la moyenne générale à indiquer ne doit pas "prendre en compte les options éventuelles et sans coefficient sur les matières". Un calcul qui fausse quelque peu les résultats.
Par exemple, une classe prépa scientifique, dans son examen des dossiers, accordera peu d'importance aux notes des matières littéraires. Or, si l'élève y a de très bons résultats, ils viendront gonfler la moyenne générale indiquée, et ainsi améliorer le profil du candidat. Le simulateur pourra alors indiquer un résultat encourageant, parfois en décalage avec la réalité qui l'attendra au moment des admissions.
Des résultats à mettre en contexte
Pour autant, Denis Choimet juge l'outil "intéressant" car "il peut permettre de faire la différence entre deux formations. Mais il ne faut pas prendre pour argent comptant le résultat." Pour lui, il s'agit donc d'une indication, et aucunement d'une prévision.
"Cet éclairage peut conduire à des erreurs d'appréciation, des chiffres peuvent donner le vertige, inquiéter", complète Joël Capon, psy-En et directeur du CIO de Lens (62). Et ce, surtout si on ne se trouve pas dans les bonnes statistiques. Si les deux professionnels encouragent les élèves à tester le simulateur, ils mettent en garde quant à l'appréciation des résultats qui peuvent stresser encore davantage.
"Cette information doit donner lieu à un dialogue avec des proches, des personnes qui sont déjà passées par Parcoursup, mais aussi des profs ou des professionnels de l'éducation et des psy-En", conseille Joël Capon. Charge à l'élève de demander à ses professeurs : "Est-ce que vous pensez que j'ai mes chances dans telle formation, et si oui dans quel établissement ?", recommande Denis Choimet.
Ne pas s'autocensurer
En outre, ces indications risquent de pousser les élèves de terminale à produire un certain nombre d'erreurs. La première, plus évidente, serait de s'autocensurer.
"Il ne faut pas s'interdire de postuler à une formation parce qu'on n'a pas le profil idéal, explique Joël Capon. C'est comme les sportifs qui s'attaquent à une compétition. Le but, c'est de finir premier, mais même si je termine troisième ou dernier, au moins j'ai participé." Cet outil ne doit pas "conditionner les candidatures, confirme Denis Choimet, il faut prendre les résultats avec des pincettes."
Eviter le conformisme
Autre risque : le lissage des candidatures. "Il ne faut pas fonctionner à l'envers, se dire : 'J'ai tel profil, donc je peux demander telle formation'", prévient Joël Capon. Survient alors un phénomène de conformisation en réponse aux attentes sociales : " Les garçons vont finir par demander des formations à dominantes masculines, les filles là où il y a plus de filles", ce qui, in fine, prolonge le phénomène d'autocensure.
La bonne stratégie : postuler aux formations qui intéressent, même si le simulateur est pessimiste, en gardant des vœux de secours qui plaisent également.
"Il y a plein de manières d'accéder à un métier, il faut prévoir des itinéraires bis." Le spécialiste recommande ainsi de réfléchir par secteurs et de décliner dans ses vœux et sous-vœux les différents cursus qui y mènent. Ultime conseil du psy-EN : ne formuler, même dans ses vœux "parachutes", que des formations qui plaisent, qui font envie. "On incite à élargir le cercle, le panier de vœux, mais ça doit rester un vœu réel qui peut être exaucé."