Décryptage

L'UNEF à la rescousse des recalés d'APB et des "sans-fac"

Blues, solitude
Début septembre 2015, quelque 900 bacheliers sont encore sans affectation dans le supérieur. © Fotolia
Par Étienne Gless, publié le 08 septembre 2015
1 min

L'UNEF a reçu cet été plus de 4.000 cas de bacheliers ayant rencontré un problème d'inscription en première année d'enseignement supérieur. Outre les candidats APB qui n'ont toujours pas d'affectation, le syndicat étudiant dénonce les mal lotis : ceux qui n'obtiennent pas d'inscription dans la filière de leur choix faute de capacité d'accueil suffisante dans les universités. 

"On a été surchargés ! constate William Martinet, président de l'UNEF. Les militants et les bénévoles ont eu du mal à faire face à l'afflux de questions." Cet été, le principal syndicat étudiant a mené une campagne "SOS Inscriptions" avec une ligne téléphonique non surtaxée (0.812.341.641), une adresse mail (SOSinscription@unef.fr) et des moyens humains pour venir en aide aux jeunes bacheliers qui n'avait pas finalisé leur entrée dans l'enseignement supérieur fin juillet.

Encore 900 bacheliers sans affectation début septembre

De 4.000 à 5.000 cas d'étudiants rencontrant un problème d'inscription sont remontés à l'Unef durant le mois d'août. Selon le dernier bilan du ministère de l'Éducation nationale, au 7 septembre, ils ne seraient plus "que" quelque 900 bacheliers 2015 à ne toujours pas avoir d'affectation.

Un chiffre qui devrait encore baisser si la "procédure complémentaire" d'Admission postbac – ouverte jusqu'au 15 septembre – joue bien son rôle. Au-delà de cette date, "tout jeune qui n'aura reçu aucune proposition sera pris en charge par le rectorat de son académie et recevra une offre au sein de celle-ci", a tenu à faire savoir Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Un manque d'information...

Mais qui sont ces "sans-fac" ? "Parmi les appels reçus par l'UNEF, on trouve des situations très différentes", précise William Martinet. Ainsi, deux profils se distinguent. Le premier : ceux qui ne connaissent pas bien la procédure APB. Les cas les plus difficiles à traiter ? "Les jeunes qui n'ont pas le bagage culturel pour faire les démarches et savoir où s'inscrire. Certains n'avaient parfois même pas sollicité le site Admission postbac ! Il nous a fallu faire un travail de A à Z."

... et de places dans certaines filières

L'autre profil récurrent : des bacheliers qui, à l'inverse, ont bien fait les démarches, ont un projet d'études et une forte motivation, mais n'obtiennent pas la filière de leur choix faute de capacité d'accueil suffisante (à l'université, essentiellement dans les filières droit, STAPS, psychologie...).

"Par exemple, ils ont mis leurs 5 premiers vœux dans les filières de droit à Paris mais n'ont pas de proposition", déplore le président de l'Unef. Pour ces licences "à capacité limitée" (pour lesquelles il y a davantage de candidats que de places), le portail APB signale pourtant aux candidats, par un message d'alerte au moment où ils font leurs choix, qu'ils doivent faire au moins 6 vœux en L1 pour s'assurer d'avoir une offre en licence.

L'organisation syndicale déplore les inscriptions "par défaut", dans une formation non choisie par l'étudiant : "La motivation et la capacité de réussite étant hypothéquées dès le départ, les chances de réussite sont amputées."

Un système de sélection encore trop opaque

L'UNEF s'inquiète par ailleurs que les universités aient accès aux relevés de notes des candidats via APB. Et de citer le cas de la première année de droit à Panthéon-Sorbonne, qui a enregistré cette année quelque 14.000 vœux de bacheliers pour moins de 2.000 places disponibles : "Panthéon-Sorbonne décide qui elle prend en toute opacité. J'ose espérer que l'université ne prend pas les 2.000 meilleurs en fonction des notes obtenues au bac", lance William Martinet.

Du côté d'Admission postbac, on explique que les candidats prioritaires sont ceux de l'académie (dans laquelle ils ont passé le bac), et que l'ordre du vœu est pris en compte (il arrive parfois que la filière ne puisse accueillir que les vœux n° 1). Pour départager les candidats, le système procède à un tirage au sort. Par définition, les notes n'interviennent pas pour les filières non sélectives.

Une proposition : s'inspirer du système de la PACES

Pour remédier au problème des filières en tension comme le droit, l'Unef propose de s'inspirer du système de la PACES (première année commune aux études de santé) en Île-de-France : dans leurs vœux sur APB, les futurs étudiants en médecine ne demandent pas telle ou telle université, ils émettent un vœu "UFR de santé en Île-de-France". Ensuite, la répartition se fait équitablement en s'assurant qu'il y ait dans chaque UFR une même proportion de mentions (passable, assez bien, bien...) au baccalauréat. Objectif : une répartition homogène des profils d'étudiants.

Une proposition généreuse, mais pas sûr que les universités parisiennes les plus demandées, telles que Panthéon-Sorbonne et Panthéon-Assas en droit, soient disposées à accepter les mêmes proportions de bacheliers mention passable ou assez bien, bien ou très bien que des facs moins "cotées".

Et qui sont les "recalés" à bac+1 ?
Les étudiants à bac+1 (ayant validé ou non leur année) qui souhaitent se réorienter en première année d'études supérieures sont nombreux à ne pas avoir d'affectation début septembre. On recense plus de cas que pour les bacheliers 2015, car les formations sur APB privilégient majoritairement les nouveaux bacheliers.Les profils sont divers : étudiants recalés en PACES ne trouvant pas de place en licence de biologie, bacheliers 2014 ayant fait une année de césure après l'obtention de leur diplôme, ou bien encore, étudiants en licence n'étant pas allés en cours de l'année et voulant se réinscrire dans la même L1 en passant par APB (alors qu'ils auraient dû passer par le service d'admission de leur établissement).

Une place "de droit" en M2 pour tous les étudiants : la sélection en master, l'autre chantier de l'Unef
"Avancer la sélection à l'entrée en master (M1) ne serait pas acceptable pour nous", a prévenu William Martinet lors de la conférence de presse de rentrée du syndicat étudiant. L'UNEF suggère au contraire de créer un droit supplémentaire pour les titulaires d'un master 1 : le syndicat étudiant propose que chaque étudiant titulaire d'un M1 puisse se voir proposer une place en M2 dans son établissement et dans son domaine de formation "au sens large".

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