Témoignage

Travail à distance, vacances avant l'heure : les étudiants s'adaptent au confinement

Les étudiants trouvent des astuces pour se motiver à travailler chez eux.
Les étudiants trouvent des astuces pour se motiver à travailler chez eux. © Photo fournie par le témoin
Par Pauline Bluteau, publié le 24 mars 2020
7 min

Depuis le 16 mars, toutes les écoles et universités sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Contraints de travailler à distance, beaucoup d’étudiants ont profité de cette première semaine de confinement pour souffler un peu. L’Etudiant a pris le pouls auprès de certains d'entre vous.

Comme les quelques 2,5 millions d’étudiants que compte la France, Cassandre, Bastien, Leïla et Lucien ne vont plus en cours. Depuis l’annonce de la fermeture des écoles et des universités, qui a pris effet le lundi 16 mars dernier, les professeurs ont dû mettre en place de nouvelles stratégies pour continuer d’enseigner à distance. Si cette période de confinement n’a rien changé à l'emploi du temps de certains étudiants, pour d’autres, elle a marqué le début des vacances.

Une nouvelle organisation à mettre en place

"Quand on a écouté le discours d’Emmanuel Macron, le 12 mars, concernant l’épidémie de coronavirus, au début, on était super contents de pouvoir rester chez nous, explique Leïla, étudiante en deuxième année de licence de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) à l’UPEM (université Paris-Est-Marne-la-Vallée). Et puis après, on a pensé à nos partiels et à nos stages. Le vendredi, on avait plein de questions à poser à nos profs, mais ils étaient autant dans le flou que nous." Au vu de l’urgence de la situation, chaque établissement a dû s’organiser pour assurer du mieux possible une continuité pédagogique.

Dès le lundi, la plupart d’entre eux ont donc utilisé les moyens du bord pour communiquer avec leurs étudiants. "Les profs déposent leurs cours sur le portail de l’université. On a même la possibilité de leur poser des questions en direct via des tchats", raconte Cassandre, en master 1 droit du numérique à l’université de Caen (14).

Pour d’autres étudiants, la connexion s’est faite au fur et à mesure. Certains enseignants ont préféré mettre en place des discussions groupées via des plateformes telles que Discord ou Skype pour maintenir un lien et rester entièrement disponibles pendant les heures de cours. "Quelques profs nous ont envoyé du travail à faire par mail mais pour d’autres, nous n’avons toujours pas de nouvelles. C'est le début", assure Bastien, en première année de licence LEA (langues étrangères appliquées) à l’université de Rouen (76).

Un rythme toujours aussi soutenu

Malgré ce que l’on pourrait croire, le confinement est loin d’être de tout repos pour les étudiants. Lucien, en deuxième année de classe préparatoire PT (physique-technologie) à Vannes (56), reste très concentré sur son travail : "On garde notre emploi du temps habituel : on commence à 8 heures et on termine à 18 heures tous les jours. Nos colles (oral) sont maintenues et nous avons toujours des contrôles le samedi matin. Certes, on avance moins vite que d’habitude, mais le contenu est là".

Pour l’étudiant, dont l’objectif est d’obtenir son concours pour entrer en école d’ingénieurs à la rentrée prochaine, travailler à distance n’a rien d’évident. "On doit rester concentré 8 heures par jour devant notre écran, donc on a tendance à décrocher plus vite. Et puis il n’y a pas la même ambiance de travail quand on est chacun de notre côté."

De son côté, Cassandre estime être "complètement noyée" par tous les cours qu’elle reçoit de la part de ses enseignants. "Certains en ont profité parce qu’ils étaient très en retard dans le programme…" L’étudiante en droit a passé sa semaine à réécrire ses cours à la main, à défaut de pouvoir les imprimer. "Nous sommes sélectionnés à la fin du M1 pour passer en deuxième année, je n’ai donc pas d'autre choix que de travailler dur."

Des vacances un peu en avance

Pour d’autres, en revanche, le rythme est beaucoup moins soutenu. Pour Bastien, en licence 3 de géographie et aménagement à l’université de Saint-Etienne (42), difficile de s’y mettre. "Je ne travaille que l’après-midi et puis je m’adapte, je prends le temps de faire du sport, c’est un peu les vacances." Pour Leïla, même organisation : "Je commence mes révisions pour les partiels mais je prends aussi du temps pour moi : télé, jeux en famille, activités dans le jardin… On va dire que je travaille un jour sur deux."

À Rouen, Bastien commence déjà à trouver le temps long. Confiné dans son studio de 13m², l’étudiant a trouvé cette semaine "un peu spéciale", voire "déprimante". En LEA, Bastien continue de lire la presse et de regarder des séries pour travailler son anglais, mais est loin de travailler "de manière acharnée".

Contrôle continu, partiels, stage… encore des incertitudes

En revanche, tous se disent inquiets concernant la fin de leur année scolaire. Dans certaines facs, les notes de contrôle continu sont annulées pour garantir une équité entre les étudiants. D’autres parviennent à les maintenir en s’organisant différemment. "On passe notre oral d’anglais au téléphone et certains de nos oraux sont remplacés par des épreuves écrites", explique Bastien, à Saint-Etienne.

Pour quelques filières comme les STAPS ou les LEA, les notations à distance paraissent très difficiles à assurer. "Les profs nous envoient des travaux de groupe à faire ou des QCM à remplir. En sociologie, on sera évalués à l’oral, via Discord. Mais pour tout ce qui est de la pratique sportive, il y a un gros point d’interrogation. Est-ce qu’on va devoir rattraper cette épreuve ou est-ce que seule la partie théorique comptera ? On n’en sait rien", admet Leïla. Pour Bastien, impossible également de passer des épreuves écrites à distance : "On fait principalement de la traduction, il suffirait de regarder dans nos bouquins pour avoir une bonne note. À quoi ça servirait ?"

Pour tous, les partiels approchent. Les examens doivent normalement se dérouler entre avril et mai

. Mais aucun d’entre eux ne sait vraiment comment ils vont pouvoir valider leur année. "Certains de nos profs nous ont déjà dit qu’ils ne nous donneraient pas de travail et qu’on se reverrait à la rentrée prochaine en deuxième année. Notre deuxième semestre sera donc automatiquement validé…", conclut l’étudiant rouennais.

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