Décryptage

Syndicats étudiants : s’engager, pour quoi faire ?

Syndicat étudiant - UNI Nanterre - Mayane Cayla
Mayane Cayla, deuxième en partant de la gauche, distribue des tracts en compagnie des militants de l'UNI Nanterre. © Mayane Cayla
Par Martin Rhodes, publié le 31 mai 2016
1 min

À l'ombre du très médiatisé bureau national, les sections locales des syndicats implantées dans les campus défendent les intérêts des étudiants. Quel est leur quotidien ?

Mayane Cayla, 20 ans, est responsable de l'UNI (Union nationale interuniversitaire) à l'université Paris Ouest-Nanterre-La Défense. En début d'année, au moment des réunions de prérentrée, elle fait le tour des amphithéâtres bondés afin de faire connaître les idées et les valeurs de ce syndicat de droite. En 2016, l'UNI Nanterre compte 15 adhérents plus ou moins actifs, ainsi qu'une vingtaine de sympathisants non encartés, prêts à donner un coup de main de temps à autre.

“Je coordonne les actions et certains militants sont élus dans les conseils de l'université, mais il n'y a pas vraiment de hiérarchie. Nous agissons ensemble en mettant à profit les compétences de chacun”, tient à préciser l'étudiante en troisième année de double licence droit et économie. Ainsi, un as de la retouche photographique réalise toutes les infographies de la section locale et les militants à l'aise avec l'orthographe relisent les projets de tract.

Les nouvelles recrues se forment sur le terrain au contact des anciens. Elles apprennent notamment à prendre la parole en public, à argumenter, tracter, coller des affiches, organiser un événement et faire signer des pétitions. Une véritable école de l'engagement.

À chaque section ses combats

Les syndicats étudiants sont des organisations nationales, composées de sections locales implantées dans les écoles et les universités. Citons les principaux : la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), l'UNEF (Union nationale des étudiants de France), PDE (Promotion et défense des étudiants), Solidaires étudiant-e-s et l'UNI.

“Le type d'actions menées diffère d'un syndicat à l'autre et d'un campus à l'autre au sein d'un même syndicat”, souligne Robi Morder, le président du Groupe d'études et de recherche sur les mouvements étudiants. Le contexte politique (réforme, projet de loi), le type d'établissement, les choix de la présidence, les sensibilités politiques des mouvements et les problématiques locales sont autant de facteurs qui déterminent l'activité militante. L'UNI, par exemple, dénonce le Hijab Day à Sciences po Paris, la suppression d'une licence de droit du patrimoine à l'université de Lorraine et le rapprochement avec l'université Vincennes-Saint-Denis à Nanterre. Il y a quasiment autant de combats syndicaux que de sections locales.

Adhérent ≠ militant

Avec plus de 30.000 adhérents revendiqués, l'UNEF compte quatre courants de pensée différents. Antoine Bonhomme, 20 ans, est responsable de la tendance minoritaire Unité et action syndicale de l'UNEF Lyon. Cette dernière est proche du parti communiste français, mais la grande majorité de ses adhérents ne sont pas encartés dans un parti politique. L'étudiant en première année de sciences politiques à l'université Lumière (Lyon 2) a pris sa carte à l'UNEF (20 €) à la rentrée 2015 pour “participer au financement des actions, mais aussi et surtout pour défendre les intérêts des étudiants”. Selon lui, le syndicat étiqueté à gauche est suffisamment important pour avoir un réel impact sur la société. Il ne regrette donc pas son choix.

“Les étudiants adhèrent pour différentes raisons qui peuvent d'ailleurs évoluer, constate Robi Morder. Certains veulent défendre leurs intérêts personnels quand d'autres cherchent à faire entendre leurs idées ou à défendre les plus faibles.”

Un engagement à la carte

Dans les sections locales, les services aux étudiants et les “problèmes de défense individuelle” constituent les actions les plus courantes. Par exemple, les syndicalistes peuvent organiser des bourses aux livres scolaires ou intervenir dans les lycées afin de répondre aux questions des futurs bacheliers. Antoine Bonhomme a ainsi tenu une permanence dans les locaux de son université pour renseigner et accompagner les jeunes qui rencontraient des difficultés pour s'inscrire dans un établissement, obtenir une bourse ou un logement. Il a également participé à une campagne pour des transports en commun moins onéreux et plus réguliers vers les campus lyonnais. Son engagement contre la loi Travail lui a pris beaucoup de temps et il donne désormais la priorité aux partiels de fin d'année.

Les adhérents ne sont pas obligés de militer. Celles et ceux qui le souhaitent s'investissent à hauteur de leurs disponibilités. “Cela va de 1 ou 2 heures par semaine à des journées entières, explique le jeune militant. Je connais des militants très actifs inscrits en première année depuis 3 ou 4 ans.” Paré à vous engager ?

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