Votre Bachelor sera-t-il reconnu au grade de licence ?
Certains Bachelors auront le grade de licence d’ici 2020, selon un décret qui sera publié en octobre prochain par le ministère de l’Enseignement supérieur. Objectif : clarifier l’offre de formation et faciliter la poursuite d’études en master.
Alors que des Bachelors ne cessent de se créer en France, leurs niveaux sont très inégaux et ils sont peu nombreux à être inscrits au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). "L'idée est d'offrir une appréciation plus claire, avec d’un côté, les Bachelors très professionnalisants, et de l’autre, les Bachelors d’excellence associés à la recherche", explique Patrick Lévy, auteur d'un rapport sur l’attribution du grade de licence aux Bachelors en juin 2019.
Cette revalorisation devrait ainsi permettre aux étudiants de mieux différencier les Bachelors. "Il fallait marquer les différences de niveaux, estime Laurent Champaney, vice-président de la CGE (Conférence des grandes écoles) et président de la commission chargée de suivre les réformes en cours. Si certains ont de la visibilité parce qu’ils sont bons en communication et ont des prix très élevés, beaucoup d’écoles de la CGE délivrent des Bachelors de qualité qui ne sont pourtant pas reconnus".
Meilleure insertion professionnelle
Grâce au grade de licence, les étudiants pourront plus facilement continuer leurs études en master, notamment en master recherche. Il sera aussi plus facile de faire valoir son diplôme à l'international. Les Bachelors accrédités seront également inscrits au RNCP ; ce qui permettra de réaliser le cursus en alternance. Enfin, la reconnaissance de leur diplôme par l’État sera un gage de crédibilité auprès des employeurs. "Le grade de licence permettra une meilleure insertion professionnelle car les entreprises pourront privilégier ces Bachelors par rapport aux autres", affirme Laurent Champaney.
Les syndicats étudiants accueillent cependant la réforme avec frilosité. "Il faut éviter la concurrence entre écoles privées et publiques. Plutôt que d’encourager les écoles privées, il faudrait aider les universités à développer des formations. En design par exemple, il y a très peu de formations publiques", plaide Mélanie Luce, présidente de l’Une (Union nationale des étudiants de France).
Poursuite d’études
Le grade de licence ne sera pas octroyé à toutes les formations d’un établissement qui en ferait la demande. Chaque formation sera en effet étudiée au cas par cas. Trois critères sont pour l’instant retenus : l’adossement à la recherche, avec notamment la présence d’enseignants-chercheurs et l’orientation vers une poursuite d’études, une politique de diversité avec l’accès à des bourses, des exonérations ou une possibilité d’apprentissage, et enfin une politique de site, les Bachelors ne devant pas faire de concurrence déloyale aux licences proposées par les universités de la même région. La qualité de la formation devrait également être évaluée, notamment en termes d’insertion professionnelle.
Reste encore à déterminer quelles seront les conditions déterminant la qualité de l’enseignement. Quant à savoir le nombre de formations concernées par cette reconnaissance ? "Il ne devrait pas y avoir plus d'une cinquantaine de Bachelors dans ce cas", estime Laurent Champaney. Et ce parce que la plupart des Bachelors proposés en France "sont très professionnalisants et n’ont pas la capacité ni l’envie de répondre à ces critères", ajoute Patrick Lévy. Pour être accrédités, "certains Bachelors devront être modifiés en profondeur, du programme au corps professoral".
Cette réforme des Bachelors s'inscrit dans une volonté plus large du gouvernement d'uniformiser les formations de premier cycle. L'exécutif vient en effet d'annoncer son souhait de faire évoluer les DUT vers une "licence professionnelle de technologie" en trois ans. Un projet qui sera également détaillé en octobre 2019.