Décryptage

Fonction publique : des concours réservés aux jeunes de milieu modeste

Adobe étudiants
Des voies d'accès spécifique aux grandes écoles de la fonction publique seront aménagées. © Prostock-studio / Adobe Stock
Par Amélie Petitdemange, publié le 09 octobre 2020
3 min

À partir de 2021, les écoles de la fonction publique, comme l'ENA, disposeront de voies d'accès spécifiques pour les jeunes de milieux modestes.

Des places seront réservées aux candidats issus des milieux modestes dans les concours de la haute fonction publique dès 2021, a annoncé dans "Le Monde" la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin.

Toutes les écoles de la haute fonction publique sont concernées par ces nouvelles voies d'accès : ENA, directeurs d’hôpital, administrateurs territoriaux, commissaires, magistrats, attachés d’administration…

"Remettre en route l’ascenseur social"

"C’est dans notre pays que les inégalités de destin se reproduisent le plus. Quand vous êtes pauvre, il faut six générations pour atteindre la classe moyenne (…) Il faut remettre en route l’ascenseur social. Pendant des décennies, la fonction publique en a été le moteur. Elle doit le redevenir", affirme Amélie de Montchalin au journal Le Monde. Elle rappelle que dans la promo 2019-2020 de l’ENA, 76% des élèves ont un père exerçant une profession dite "supérieure" et 1% d’entre eux ont un père ouvrier, contre 4% en 2006.

La ministre se dit par ailleurs favorable à un tronc commun entre les écoles administrateurs de l’Etat et celles formant les administrateurs territoriaux, les magistrats, les directeurs d’hôpital, les commissaires... Cela ne prendrait pas la forme d'une école commune, mais, a priori, de cours en ligne.

L'énarque Frédéric Thiriez proposait ce concours spécifique pour réformer l'ENA, dans un rapport rendu en février 2020 au président Emmanuel Macron. L'idée est donc conservée et étendue.

S'appuyer sur les prépas

Ce concours sera ouvert aux participants des 27 prépas des écoles de la fonction publique, qui seront associées aux universités ou aux instituts d’études politiques en région. L'objectif est de les développer pour accueillir 2.000 jeunes, contre 700 actuellement.

"Il faut aller chercher les jeunes qui pensent que ces concours ne sont pas faits pour eux, et aller les chercher là où ils sont, c’est-à-dire, très souvent, à l’université", explique Amélie de Montchalin au Monde. Elle veut aussi s'appuyer sur du tutorat réalisé par de jeunes hauts fonctionnaires.

Jeunes boursiers et de zones d'éducation prioritaire

Le concours sera aussi ouvert à d'autres publics, comme les boursiers, les lycéens des quartiers prioritaires et des zones de revitalisation rurale et les élèves "dont le mérite, le parcours de vie justifient qu’ils puissent passer ces concours".

Ces voies d'accès ne seront pas "au rabais", rassure la ministre, rappelant qu'elles sont sélectives.

Sciences po Paris avait lancé, en 2001 une initiative similaire, avec un concours réservé aux lycéens issus d’une zone d’éducation prioritaire. Les jeunes participants à ce programme "Conventions éducation prioritaire" (CEP) sont dispensés des épreuves écrites et passent directement l'oral d'admission. Une volonté d'ouverture sociale qui fait des émules.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !