Portrait

Comment je suis devenu ingénieur smartgrids

Yoann, 29 ans, fait partie de l'équipe projet smartgrids d'Enedis, filiale d'EDF.
Yoann, 29 ans, fait partie de l'équipe projet smartgrids d'Enedis, filiale d'EDF. © Catherine de Coppet
Par Catherine de Coppet, publié le 30 août 2017
6 min

À 29 ans, Yoann est ingénieur smartgrids ("réseaux intelligents") chez Enedis, filiale d'Électricité de France (EDF) qui gère les réseaux électriques sur le territoire national. Un métier en prise avec l'avenir, puisque l'un de ses principaux enjeux est l'intégration des énergies renouvelables dans le réseau électrique.

Comment réalimenter en électricité des clients plus rapidement en cas d'incidents ? Comment faire en sorte que la production d'un parc d'éoliennes s'intègre sans problème à l'électricité produite par ailleurs et distribuée dans le réseau ? C'est le type de questions qui sont au cœur du métier de Yoann, 29 ans, ingénieur smartgrids chez Enedis, ex-ERDF, filiale d'EDF chargée de la gestion du réseau électrique français.
"Smartgrid" ? Terme anglais qui signifie "réseau intelligent", il renvoie à l'ensemble des technologies et projets qui permettent aujourd'hui d'améliorer la distribution d'électricité, en prenant en compte des sources de production de plus en plus variées. "Les énergies renouvelables que sont l'éolien et le solaire sont celles qu'on cherche à intégrer dans les réseaux progressivement, comme alternative au nucléaire", explique Yoann. C'est passionnant."

Un double diplôme

Il y a encore quelques années de cela, Yoann n'aurait pas forcément parié sur le fait de se retrouver là. "Je me suis toujours intéressé à l'énergie, mais l'aéronautique me tentait aussi au départ." Après un bac S, obtenu à Strasbourg (67), et deux années de classe prépa, Yoann intègre l’École Centrale de Lyon en 2008. "J'ai voulu partir à l'étranger en dernière année pour prendre du recul. Je suis allé au Royaume-Uni à Southampton." Il valide ainsi un Master of Science en études environnementales, en plus de son diplôme d'ingénieur.

De retour en France, il traverse quelques mois difficiles à chercher un emploi. "En entretien on me reprochait de n'avoir pas fait de stage de fin d'études. J'ai finalement opté pour un VIE (volontariat international en entreprise), de nouveau au Royaume-Uni." Yoann intègre ainsi une équipe d'EDF Énergie basée à Brighton pour travailler, en lien avec le service R&D français, sur une offre commerciale destinée aux propriétaires de véhicules électriques.

VIE et master supplémentaire

"Je faisais de l'appui technique", précise-t-il. Il fallait proposer des plannings de charges intelligents aux clients, en alternant heures pleines et heures creuses pour améliorer le coût." C'est là que se développe chez Yoann l'envie de poursuivre dans les smartgrids. "Comment le système et les processus évoluent pour s'adapter aux nouvelles technologies, c'est ce qui m'intéresse."

Décidant de rentrer en France, il passe quelques entretiens sans succès et décide finalement de compléter sa formation. "Je connaissais quelqu'un qui avait fait le master OSE (optimisation des systèmes énergétiques) des mines Paris-Tech, et qui en avait été très content !" Une formation qui permet à Yoann d'envisager l'ensemble de la chaîne de l'énergie, sous des aspects techniques qu'il ne maîtrisait pas complètement.

Des véhicules électriques aux panneaux solaires

Cette formation lui permet également de faire un stage de six mois dans l'un des 15 démonstrateurs smartgrids, "Nice Grid". "Les démonstrateurs sont des projets où sont testées des solutions de gestion du réseau innovantes sur un territoire. Mon travail consistait à comprendre quelles contraintes impliquait sur le réseau l'intégration de panneaux solaires chez des particuliers."
Son stage a débouché sur une embauche à Enedis : Yoann travaille aujourd'hui dans l'équipe projet "smartgrids", qui coordonne l'ensemble des démonstrateurs du territoire. Un poste d'ingénieur, rémunéré 3.300 € brut mensuel. "Il y a deux aspects dans mon poste actuel. Je fais l'analyse économique des solutions testées sur le terrain, et j'essaie de voir comment ces solutions peuvent faire évoluer les métiers et être généralisées."

Au contact de tous les métiers

Concrètement, Yoann, qui fait partie d'une équipe d'une douzaine de personnes, passe du temps dans son bureau, à manier tableaux Excel, PowerPoint et logiciel de calcul réseau, qui permet de simuler comment un réseau électrique réagit à des modifications. "J'ai de temps en temps des déplacements sur le terrain, explique le jeune homme. Mais ce qui est très intéressant c'est que ce poste me permet d'être au contact de tous les métiers en interne."
Des métiers comme ceux du développement réseau, ceux du raccordement (des producteurs par exemple) et ceux de l'exploitation en temps réel. Le mélange entre vision d'ensemble et détail des projets plaît particulièrement à Yoann, qui imagine faire un peu de management dans l'avenir.

Quelles formations pour travailler dans les smartgrids ?

Pour l'instant, rares sont les formations spécialisées uniquement sur les smartgrids. L'association Think Smartgrid, qui réunit les principaux acteurs de la filière française (professionnels et académiques), a néanmoins répertorié une trentaine de formations de l'enseignement supérieur ayant une forte composante smartgrid, et débouchant sur un diplôme de bac+2 à bac+5.


"Ces formations comportent trois aspects aussi essentiels les uns que les autres : le domaine électrique, le domaine numérique (gestion de données, etc) et les aspects sociétaux, par exemple réglementaires ou économiques", explique Nadia Maïzi, professeure aux mines ParisTech et présidente de la commission formation de l'association. L'électrotechnique seule ne suffit plus !"

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