Comment je suis devenue éditrice jeunesse
Après un master, des stages et quelques CDD, Pauline a décroché à 28 ans un CDI pour un poste dont elle rêvait : éditrice jeunesse ! Embauchée chez Nathan Jeunesse, elle adore la variété de son travail et apprécie l'équipe au sein de laquelle elle évolue. À l’occasion de l’ouverture du Salon du livre à Paris ce 24 mars, l’Etudiant dresse le portrait de cette éditrice passionnée.
"Je n'ai jamais lâché l'affaire !" De la persévérance, de l'envie et une certaine dose de pugnacité… C'est sans doute ce qu'il faut aujourd'hui pour faire son trou dans l'édition comme éditeur, à l'instar de Pauline, 28 ans, éditrice chez Nathan jeunesse, à Paris. "Je suis intégrée au service "petite enfance et découverte", et je gère des titres de la collection documentaire Kididoc, pour les 2 à 7 ans." Des livres animés ("avec des roues, des flaps, des tirettes !"), qui expliquent le monde aux plus jeunes.
Ce poste en CDI, Pauline l'a décroché en novembre 2016, après 18 mois de CDD dans la même entreprise. "On m'avait recrutée pour six mois au départ, sur ce même poste. Des réorganisations ont finalement conduit à la création d'un CDI, explique la jeune femme. Beaucoup de stress est retombé pour moi à ce moment-là !" De fait, le parcours de Pauline, comme de beaucoup d'autres dans ce métier, a été semé d'embûches. "C'est un métier passion dont il faut accepter les conditions économiques difficiles, synonymes de précarité et d'incertitude quand on débute."
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Après un bac L passé en 2006 à la Roche-sur-Yon (85), sa ville d'origine, Pauline se lance dans un DUT Information et communication option métiers du livre, toujours dans sa ville. Avec une idée en tête : fabriquer des livres, si possible pour la jeunesse. "Depuis l'adolescence, c'était mon envie. J'ai toujours été une grande lectrice, raconte-t-elle. Les livres de l'école des loisirs m'ont fait rêver, c'est toujours le même émerveillement d'ailleurs !"
Pour Pauline, le DUT a été l'occasion de découvrir le milieu de l'édition de façon plus concrète. "J'ai fait un stage d'observation aux éditions Actes Sud, à Arles, auprès de la responsable presse et communication, puis en deuxième année, chez naïve livres, toujours à la presse." Une expérience qui la décide à choisir le métier d'éditeur. "Je voulais faire des livres illustrés, c'est-à-dire basés sur le rapport texte-image."
DUT, licence pro, master pro
Pauline décide de poursuivre ses études à Paris, et intègre en 2008 la licence professionnelle de l'université Paris-Nanterre à Saint-Cloud, une formation sélective. "J'étais très stressée car je voulais absolument rester à Paris !" Pendant sa licence, elle effectue un stage de six mois chez Pocket jeunesse, maison d'Univers Poche au sein du groupe Editis ("le deuxième groupe d'édition en France !"): "Nous étions un pool de stagiaires, j'y ai effectué de nombreuses tâches qui m'ont permis de mieux comprendre le métier : rédiger une quatrième de couverture (texte présentant l'ouvrage, placé sur le dos d'un livre), écrire des argumentaires de vente, s'occuper du dépôt légal".
À l'issue de sa licence, Pauline comprend que le chemin sera sans doute long ! "J'ai perçu que le milieu était dur, mais à ce stade j'étais assez confiante. Je me suis décidée à poursuivre mes études, mais si possible en alternance pour mettre le plus de chances de mon côté !" Elle réussit ainsi les entretiens pour intégrer le master professionnalisant Métiers de l'édition de l'université Paris-Nanterre. "Mes parents m'aidaient à financer mes études, un boulot à côté aurait été impossible avec le rythme des stages et le travail à fournir à la maison…"
Pendant son master, Pauline se retrouve apprentie chez Flammarion jeunesse, aux albums et premières lectures du Père Castor, puis chez Mango jeunesse, tout en rédigeant un mémoire sur "le tabou dans la littérature jeunesse". Des années où Pauline consolide ses compétences. "Ma responsable au "Père Castor" m'a beaucoup poussée, et chez Mango jeunesse, j'ai eu mes propres projets, notamment des livres documentaires pour les grands. Ça me passionnait !"
Des débuts difficiles
Son apprentissage n'ayant pas débouché sur un recrutement, Pauline entre après son master, à l'automne 2011, dans une période difficile de recherche d'emploi, qui va durer à peu près deux ans. "Après coup, je ne regrette pas de l'avoir traversée." Pauline enchaîne alors des postes de libraire sur les salons du livre, un CDD au service scolaire chez Gibert Joseph, des missions de correctrice ou de rewriting chez différents éditeurs, avant d'atterrir, en janvier 2013, chez Mango Art de vivre comme éditrice de livres de cuisine pour six mois. "Ça m'a beaucoup appris en termes de rigueur et de créativité, ce sont des livres très codés ou le packaging et la présentation sont très importants. Mais la réflexion sur le texte me manquait !"
Après un moment de doute ("J'ai failli abandonner, j'en avais marre de ne pas trouver !"), Pauline accepte un poste d'éditrice chez un créateur de contenus pour les éditeurs. "Je travaillais chez Jaune Citron, qui soulage les maisons d'édition jeunesse. Je suis restée presque deux ans. Ils n'ont pu me garder pour des raisons économiques !"
Soigner ses contacts
C'est finalement grâce à une recommandation de ses anciens employeurs que Pauline décroche le CDD chez Nathan jeunesse qui l'a menée à son poste actuel. "Dans ce milieu, le réseau professionnel est essentiel, il vaut mieux en avoir conscience assez tôt", explique Pauline. Il faut bichonner ses contacts, rappeler qu'on est là !" S'estimant "bien payée par rapport au milieu de l'édition" (un éditeur junior gagne environ 1.400 € net par mois), Pauline s'épanouit aujourd'hui à son poste.
En contact avec tous les services ou presque, du marketing à la fabrication en passant par le graphisme ou les auteurs, elle suit la création des livres de A à Z. "J'écris même certains titres !" Respect des budgets, suivi des devis, création à la main des chemins de fer (schéma du déroulé des différentes pages d'un livre), concrétisation des idées avec la graphiste, réflexion avec le marketing font partie de son quotidien. "L'objectif est bien de vendre nos livres !" Sortant une dizaine de titres chaque année, Pauline insiste enfin sur le travail d'équipe : "Nous partageons tous un engouement pour faire le meilleur des livres, c'est très important !".
Un forum des métiers au Salon du livre de Paris
Lors du Salon du livre de Paris, du 24 au 27 mars 2017, se tiendra un forum des métiers pour vous faire découvrir les métiers de l'édition.