Comment négocier son premier salaire ?

C’est l’heure du grand saut dans la vie active et des premiers entretiens d’embauche. Faut-il ou pas négocier son salaire quand on est débutant ? Quand et comment aborder le sujet ? L’Etudiant vous livre quelques astuces.
"Ça s’est déroulé très rapidement : j’ai donné mes prétentions et l’entreprise a fait une contre-offre que j’ai acceptée", rembobine Kevin, recruté en CDD après son alternance. Bien que jeune diplômé, ce dernier n’a pas hésité à négocier son premier salaire.
Un exemple à suivre pour tous ceux qui, comme lui, s’apprêtent à faire leur entrée dans le marché du travail ? "Première embauche ou pas, on a toujours intérêt à essayer, même s’il faut être conscient que les marges de manœuvre peuvent être moindres lorsqu’on est débutant", prévient Jean-Etienne Joullié, enseignant-chercheur en management à l’ELMV.
Négocier, certes, mais comment ? Pour cela, pas de secret : il faut se préparer. Vous pouvez commencer par réunir quelques arguments concrets que vous mettrez en avant pour appuyer votre propos. "Une compétence particulière à vendre ? Un sujet de mémoire sur lequel vous avez brillé ? Un projet marquant dans lequel vous vous êtes engagé durant vos études ? C’est le moment de montrer vos atouts !", conseille Amélie Montagne, responsable animation de la synergie Alumni à l’université catholique de Lille.
Ni trop, ni pas assez, il faut viser juste pour vos prétentions salariales
Se préparer, c’est aussi se renseigner sur les salaires pratiqués dans le secteur professionnel visé pour le poste. L’objectif ? Obtenir une fourchette salariale réaliste, en concordance avec vos compétences, vos expériences et votre niveau de qualification. "Si vous demandez trop, vous risquez de passer pour quelqu’un d’arrogant. Dans le cas contraire, on pourra penser que vous êtes trop modeste", justifie Jean-Etienne Joullié.
Ces informations sont facilement disponibles sur Internet. À vous ensuite de croiser les sources, en consultant par exemple les plateformes Alumni ou en vous renseignant auprès de l’établissement où vous avez fait vos études. "La plupart d’entre eux réalisent des enquêtes d’insertion et sont prêts à communiquer ces données", instruit Amélie Montage.
Parler salaire au bon moment
Faut-il faire ou ne pas faire le premier pas ? Avec un peu de chance, c’est l’employeur qui prendra les devants en vous demandant vos prétentions. "Quand c’est le cas, on vous fait une grande faveur parce que cela vous permet d’ancrer la discussion à partir du chiffre que vous allez donner", reconnaît Jean-Etienne Joullié.
Kevin peut en témoigner : "Le DRH a évoqué le sujet à la fin de l’entretien, et j’ai pu rebondir. Mais s’il ne l’avait pas fait, j’aurais quand même mis le sujet sur la table."
Quand l’employeur n’en parle pas d’emblée, c’est en effet au candidat de poser la question de la rémunération. À la fin de l’entretien, demandez poliment si c’est le bon moment pour en discuter ou si la discussion aura lieu lors d’un futur entretien ou avec une autre personne. Dans tous les cas, ne repartez pas sans l’avoir évoquée.
Penser à la rémunération variable et aux "petits plus"
Chez certains employeurs, la rémunération s’accompagne, outre le salaire brut, d’autres formes de revenus telles que la participation aux bénéfices, l’intéressement, l’actionnariat, un 13e, voire un 14e mois. Renseignez-vous pour savoir ce que l’entreprise qui vous intéresse propose. Mine de rien, cela peut faire la différence pour vous !
Autre plus non négligeable : les primes. "Dans certains secteurs, les primes constituent une part importante de la rémunération. Si elles sont variables, cela peut être une base de négociation intéressante. Tout dépend si elles sont fixées à partir d’objectifs personnels ou collectifs", renseigne Amélie Montagne.
Pensez enfin à tous les avantages qui peuvent améliorer votre package global. S’ils ne remplissent pas directement votre compte en banque, ils sont autant de dépenses évitées. Du télétravail ? Ce sont autant de frais de déplacements en moins. Une cantine d’entreprise ou une carte ticket resto ? Voyez les économies réalisées sur votre alimentation ! "Pour moi, le salaire ne fait pas tout. Je préfère gagner un peu moins, et avoir ce genre d’avantages en nature", avoue Kevin qui bénéficie aussi d’une mutuelle prise en charge par son employeur.
Se mettre d'accord avec l'employeur
Comme dans toutes négociations, un accord doit être trouvé. Refuser un salaire alors que l’emploi coche toutes les cases au niveau intérêt et compétences ? Amélie Montagne le déconseille fortement, à moins d’avoir une alternative. "Mettez-vous plutôt d’accord sur un salaire de démarrage et engagez votre futur employeur de le revoir à la hausse à la fin de la période d’essai ou au prochain entretien de développement personnel", suggère-t-elle.
Dans tous les cas, le premier salaire n’est que le début d’un parcours évolutif. Il sera toujours temps de le renégocier plus tard. Cela vous permettra d’aborder plus sereinement la négociation.