Enquête

Covid-19, stage et premier emploi : les établissements du supérieur se mobilisent pour leurs élèves

Les établissements multiplient les actions pour aider leurs étudiants à faire leurs premiers pas dans le monde professionnel.
Les établissements multiplient les actions pour aider leurs étudiants à faire leurs premiers pas dans le monde professionnel. © Gajus / Adobe Stock
Par Oriane Raffin, publié le 15 mars 2021
6 min

Pas simple de débuter son expérience professionnelle dans un contexte de pandémie. Afin de faciliter la recherche et l’intégration de leurs étudiants, les écoles spécialisées multiplient les initiatives.

"On a déjà connu ce qu’on peut appeler une première 'promo Covid', avec les diplômés 2020. Là, une deuxième promo va arriver sur le marché du travail, extrêmement impacté par la crise. Nous sommes face à une urgence absolue. Il faut être créatif, trouver des solutions", estime Laurent Da Silva, directeur général de Spring et de Badenoch + Clark, des entreprises du groupe Adecco, spécialisées dans le recrutement. L’Apec (Association pour l'emploi des cadres) estime ainsi qu’il y a eu 39% d’offres accessibles aux débutants en moins en 2020, par rapport à l’année précédente.

Recruter différemment

Parallèlement aux initiatives de l’État, les écoles spécialisées - à l’instar des universités ou des écoles de commerce - multiplient les initiatives et les partenariats pour accompagner au mieux leurs élèves. Que ce soit pour un premier emploi ou pour un stage. Ainsi, le groupe MediaSchool, qui regroupe une quarantaine d’écoles, propose un accompagnement à la recherche d’emploi, via une plateforme en ligne. Avec le projet d’ici deux à trois mois, de proposer un cabinet physique. "Nous voulons devenir agents et coachs de nos étudiants", explique Matthias Bauland, DG développement de MediaSchool.

L’établissement vient aussi de mettre en place un partenariat avec plusieurs entreprises, dont le groupe Adecco. Autour de ces deux entités, une dizaine de structures sont déjà impliquées, grands groupes comme PME, s’engageant à doubler la part de recrutement de jeunes diplômés d’ici cet été. Une stratégie qui se veut gagnant-gagnant. "Nous voulons créer de la valeur pour les jeunes ET pour les entreprises, en créant de la fluidité et en permettant de détecter les profils qui correspondent le mieux aux entreprises", explique Laurent Da Silva. Avec la volonté d’encourager les entreprises à recruter un peu différemment : davantage sur le potentiel et le tempérament. Le dispositif devrait être élargi, avec une cinquantaine d’entreprises partenaires d’ici septembre prochain.

Mobiliser les anciens élèves

Du côté de l’IRCOM, à Angers (49), Gabriel Morin, responsable pédagogique de l’établissement privé qui forme à la communication et aux métiers de la solidarité internationale et de l’action sociale, constate que "cette année, cela a été un peu plus difficile pour les stages, notamment parce que certaines entreprises partenaires ont été marquées par la crise". L’école a donc prospecté plus largement, en s’appuyant sur son réseau d’anciens.

"Nous sommes une petite école, l’esprit de famille joue", note-t-il. En master 1 management de la solidarité internationale et action sociale, environ 50% des étudiants ont même pu partir en mission à l’étranger. Et l’intégralité des élèves a trouvé un stage ou une alternance. Bilan similaire à l’INSA Lyon (69). L’école d’ingénieurs a également mobilisé ses diplômés. "Nous avons dialogué avec eux sur les stages. Ils ont très bien réagi, car ils ont tissé un lien fort avec l’école", se félicite Alexis Méténier, directeur du développement et des relations entreprises de l'établissement lyonnais.

Stages courts et sessions de formation supplémentaires

Cependant, certains secteurs sont plus touchés par les difficultés. Et là, le réseau ne suffit pas forcément. Parmi ceux qui subissent de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire, l'hôtellerie-restauration est forcé de trouver d’autres solutions. Au CFA Médéric, à Paris (75), où les élèves du CAP au BTS sont tous en alternance, il a fallu composer avec le chômage partiel.

"Sur les 800 apprentis, environ 500 sont dans cette situation", déplore Jean-François Tostivint, directeur général de l’établissement. Pour ne pas qu’ils restent inactifs, le CFA leur a proposé des stages courts dans des entreprises connexes à la gastronomie, qui restent ouvertes : boulangerie, pâtisserie, cave, fromagerie, etc. "Les jeunes ne restent pas à rien faire et peuvent ainsi découvrir des métiers proches des leurs et acquérir de nouvelles compétences", explique Jean-François Tostivint.

Le temps en école a pu rester en 100% présentiel, en se pliant aux conditions sanitaires drastiques. "Nous avons mené un gros travail car il est essentiel pour les apprentis, déjà en manque d’activité, de pouvoir pratiquer à l’école". Des sessions supplémentaires ont même été proposées à ceux donnant des signaux de faiblesses ou de décrochage. "Nous leur proposons de venir pendant la quinzaine où ils sont censés être en entreprise, sur de la pratique, pour renforcer la formation. Et tous nos formateurs sont très vigilants". Car au-delà de la dimension pédagogique, stage, alternance ou emploi ont un impact fort sur le moral des jeunes, déjà bien déboussolés...

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