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Incubateurs : 8 raisons d'en profiter pour devenir entrepreneur

Le YEC, à Troyes, organise régulièrement des Creative Mix Party, des challenges de création de projets en mode start-up.
Le YEC, à Troyes, organise régulièrement des Creative Mix Party, des challenges de création de projets en mode start-up. © Olivier Frajman
Par Cécile Peltier, publié le 24 avril 2015
1 min

Vous aimeriez créer votre entreprise et vous hésitez à intégrer un incubateur ? Pourtant les avantages sont nombreux : bénéficier de locaux gratuits (ou presque), les partager avec d'autres entrepreneurs avec qui échanger, profiter d'un accompagnement sur mesure par des créateurs d'entreprise et des pros de haut niveau... Tour d'horizon des 8 huit raisons d'emprunter ce tremplin.

Vous fourmillez d'idées novatrices, mais vous êtes encore étudiant et l'idée de créer votre boîte vous semble très loin ? Il n'est pas trop tôt pour profiter de l'incubateur de votre école ou de votre université.

#1 Pour tester votre fibre entrepreneuriale

De plus en plus d'établissements intègrent un incubateur dans leurs cursus, en proposant, dès les premières années d'études, des modules ou des ateliers de sensibilisation à l'entrepreneuriat.

Ainsi, ParisTech Entrepreneurs, l'incubateur de l'école d'ingénieurs éponyme, coordonne avec des enseignants-chercheurs de l'établissement une UE (unité d'enseignement) sur les innovations par les usages. Les élèves ingénieurs travaillent sur des études de cas proposées par les start-up de l'incubateur. Ils peuvent également opter pour une UE de 60 heures consacrée à la création d'entreprise, qui leur donnera accès au même réseau d'experts que les incubés. À l'issue de ce module, ils soutiennent leur projet devant un jury. "Beaucoup d'étudiants ne créent pas leur entreprise à la sortie de l'école mais, plus tard, beaucoup repassent par l'incubateur", témoigne Pascale Massot, responsable de la structure.

De son côté, en Alsace, l'incubateur Semia met en place des ateliers de sensibilisation à l'entrepreneuriat, coache des étudiants pour des concours d'entrepreneuriat et participe à des événements type "start-up week-ends".

Autre exemple : le YEC (Young Entrepreneur Center), à Troyes, organise des soirées de rencontres entrepreneurs-étudiants ("bar camps") et les "Creative mix party", un challenge de création de projets en mode start-up. De plus en plus d'incubateurs proposent également une "pré-incubation", très utile pour tester son projet quand on est encore étudiant.

#2 Pour être hébergé gratuitement (ou presque)

En général deux formules sont proposées : "hors les murs", avec un accompagnement à distance, ou un suivi classique avec hébergement dans des locaux équipés (photocopieuse, téléphone, Wi-Fi...), le plus souvent sous la forme d'un espace de coworking ou, plus rarement, des bureaux séparés.

Les incubés d'Efrei entrepreneurs, hébergés dans un pavillon indépendant de l'école ont ainsi accès vingt-quatre heures sur vingt-quatre à des bureaux équipés. Ils ont également à leur disposition des salles de réunion, une cuisine, une terrasse et même un jardin !

D'abord incubé hors les murs à IncubaGem, la "couveuse" de Grenoble École de management, Hugo Avale, cofondateur de NeoJobs, un cabinet de recrutement d'étudiants spécialisé en missions éphémères, a quant à lui décidé de travailler sur place au bout de six mois. "Nous n'étions plus étudiants. Nous commencions à avoir des clients et à avoir besoin d'un endroit où faire passer des entretiens", souligne le jeune entrepreneur.

Beaucoup d'incubateurs de l'enseignement supérieur facturent leurs services aux professionnels, mais pas aux étudiants ni aux jeunes diplômés, au moins dans un premier temps. À IncubaGem, les services réservés aux "Gémiens" sont ainsi gratuits. EfreiEntrepreneurs, de son côté, commence à faire payer ses services aux étudiants et aux anciens au bout de six mois d'incubation, à raison de 150 € (hors taxes) par mois pendant six mois. "C'est une somme très symbolique qui ne représente même pas un loyer", souligne Xavier Bouvier, référent entrepreneuriat à l'Efrei.

#3 Pour que vous ne restiez pas seul

Ceux qui se sont lancés dans l'aventure entrepreneuriale vous le diront : le piège à éviter, c'est de rester tout seul dans son coin à ressasser. "C'est très stressant de monter son entreprise. On se met une pression pas possible. Il faut réussir, puis investir de l'argent, renoncer à rentrer sur le marché du travail... Ce sont des choix de vie importants", remarque Jean-Claude Lemoine, directeur d'IncubaGem. D'où l'intérêt d'échanger au sein d'un incubateur avec d'autres entrepreneurs.

Sans forcément être dans le même secteur que vous, les autres incubés passent par des étapes de développement proches - levée des fonds, prospection des premiers clients, recrutement des premiers employés... –, et les mêmes questionnements. "Tous les midis, on essayait de déjeuner entre incubés, se souvient Hugo Avale. Cela permet de prendre un peu de hauteur sur sa propre entreprise. À force d'être le nez dans le guidon, on perd un peu la vision globale..."

À IncubaGem,  Hugo Avale et Margaux Raab, les deux fondateurs de NeoJobs, ont disposé d'un pack de vingt heures de

Marianne Lenoir, fondatrice de Black and Black Design, une start-up de design produit incubée au YEC de Troyes, renchérit : "On ne pense pas forcément à tous les détails quand on monte sa boîte. Discuter entre nous de nos difficultés nous permet de partager nos doutes, de se remotiver, et si besoin de redéfinir nos objectifs !" Comme l'explique cette diplômée de l'École supérieure de design de Troyes, les échanges entre incubés sont aussi l'occasion de tester votre pitch et d'avancer dans votre projet.

#4 Pour vous faire conseiller par des experts

Au sein de l'incubateur, vous serez épaulé au quotidien par des chargés d'affaires. Ces "généralistes" de l'entrepreneuriat sont là pour répondre à vos principales questions. Sylvain Forté, cofondateur de Sesamm, une start-up innovante spécialisée dans l'ingénierie financière incubée hors les murs par Semia, est presque tous les jours au téléphone avec son chargé d'affaires. "C'est l'interface entre notre petite boîte et le monde plus large de l'entreprise et de l'entrepreneuriat, témoigne l'étudiant de master 2 à l'INSA de Strasbourg. Il nous soutient dans la rédaction de notre business plan ou dans nos demandes de subvention crédit impôt recherche."

En fonction de vos besoins, les chargés d'affaires vous mettront en contact avec un réseau d'experts partenaires - avocats, experts-comptables, communicants, spécialistes du marketing, de la propriété intellectuelle, ingénieurs... – susceptibles de vous éclairer sur des points précis.

À IncubaGem, chaque incubé dispose d'un pack de vingt heures de "conseil d'experts". Hugo Avale et Margaux Raab, les deux fondateurs de NeoJobs, ont par exemple bénéficié des conseils d'un spécialiste du droit du travail.

Marianne Lenoir, au YEC, est suivie quant à elle par un spécialiste de marketing. "Il m'aide sur l'approche client, à mettre en avant ma valeur ajoutée, à dresser un plan d'action sur l'année... La partie prospection de clients est un peu compliquée quand on n'est pas issu d'une école de commerce...", confie la jeune femme.

Le YEC propose également à ses incubés de les coacher pour les aider à passer de la posture d'étudiant à celle d'entrepreneur. Un service original qui en a surpris plus d'un, mais qui "finalement les convainc", se réjouit Sylvia Maucort, directrice de l'incubateur de la Technolopole de l'Aube-en-Champagne.

#5 Pour se faire "mentorer"

Au-delà des questions techniques, l'entrepreneur en herbe a parfois besoin des conseils avisés d'un "vieux briscard". C'est le rôle du mentor. Cet entrepreneur expérimenté, en général du même secteur que vous, est là pour vous faire un retour d'expérience plus général sur la création d'entreprise. Par exemple, "un des incubés d'IncubaGem veut monter une entreprise de boisson aux plantes. Nous avons demandé à une dirigeante d'entreprise de boissons aux plantes de la région d'être sa marraine", raconte le directeur de l'incubateur de l'école de commerce grenobloise.

Pour Sylvain Forté, Pierre Rinaldi et Florian Aubry cofondateurs de SESAMm, les chagés d'affaires de l'incubateur SEMIA sont l'interface entre leur société et le monde plus large de l'entreprise et de l'entrepreneuriat.

Hugo Avale, cofondateur de NeoJobs, s'est fait "mentorer" par un consultant indépendant. "À la manière d'un psy, il me proposait un 'effet miroir'. Sa première question était toujours : 'Pourquoi ?' L'objectif, c'est aussi de nous aider à prendre de la hauteur", précise le jeune diplômé.

#6 Pour s'appuyer sur une marque et "crédibiliser" son projet

Pas facile de démarcher des clients lorsqu'on vient tout juste de terminer ses études. "Quand on débute, on ne dispose pas d'une crédibilité et d'une visibilité extrêmes", reconnaît Marianne Lenoir, du YEC. Dans la recherche de clients, le soutien de l'incubateur, gage de sérieux et d'un certain professionnalisme, est une carte de visite précieuse. "Cela permet de se démarquer de certains concurrents", poursuit la jeune diplômée en design.

#7 Pour disposer d'un réseau pour votre levée des fonds

Pour pouvoir se développer, les start-up doivent lever des fonds. Les incubateurs possèdent tous dans leur carnet d'adresses de potentiels investisseurs que sont les business angels ou les fonds d'investissement. "Semia dispose d'un réseau important en la matière. Grâce à eux, nous avons déjà obtenu des rendez-vous avec des fonds d'investissement", témoigne Sylvain Forté. Son équipe, composée de Pierre Rinaldi, étudiant à l'ESC Dijon, et Florian Aubry, étudiant à l'Insa de Strasbourg, souhaite lever un million d'euros en deux temps afin de financer un programme de recherche et développement massif lui permettant d'assurer sa montée en puissance.

Mieux : à Troyes, les business angels sont directement sur le campus de la technopole. "Si le projet est bon, on pourra très vite leur présenter les incubés", assure Sylvia Maucort, responsable du YEC.

#8 Pour, parfois, profiter d'un financement

Certains établissements sont susceptibles de soutenir directement financièrement les projets incubés prometteurs, via un fonds d'amorçage. Par exemple, le fonds d'amorçage qu'Audencia est en train de constituer investira en moyenne entre 5.000 et 15.000 € par projet. Cèdre Participations, la société de capital-risque créée par des anciens du Groupe Efrei, peut aller jusqu'à 100.000 € par projet.

Une pratique critiquée par certains responsables d'incubateurs qui voient là un drôle de mélange des genres. "Il y a un conflit d'intérêt possible, reconnaît Xavier Bouvier, référent entrepreneuriat à l'Efrei. C'est pour cela que, la société de capital-risque est indépendante de l'incubateur et n'a pas la même direction. Et le soutien aux incubés est loin d'être systématique. Cèdre Participations se comporte plus comme un business angel que comme un investisseur systématique."

Même argumentaire du côté d'Audencia : "Comme on connaît les étudiants et diplômés, on pourrait être enclin à donner plus à certains qu'à d'autres, reconnaît Valérie Claude-Gaudillat d'Audencia. Il est alors important d'avoir une majorité de personnalités extérieures au sein du jury du fonds pour éviter ce type de biais."

Incubateurs dans l'enseignement supérieur, où en est-on ?
Apparus dans les années 1950 aux États-Unis, les incubateurs d'entreprises sont arrivés en France dans la décennie 1980, sous le vocable de "couveuse". Dans l'enseignement supérieur, quelques rares écoles de commerce et d'ingénieurs se sont dotées d'un incubateur dès les années 1990 ou avant. Il a fallu attendre le boom des start-up Internet, au début des années 2000, pour assister à un premier décollage du nombre d'incubateurs d'écoles, avant l'accélération de ces deux ou trois dernières années.

Les universités aussi s'y sont mises

Les 29 Pepite (pôles étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat), lancés en 2014, fédèrent les établissements d'enseignement supérieur (écoles et universités) et proposent aux étudiants une sensibilisation et un accompagnement à la création d'entreprise, via notamment le statut d'étudiant entrepreneur. Et, pour ceux qui le souhaitent, un accès à l'incubateur d'un des établissements membres du Pepite.

Ainsi, fin 2012, l'association IES ! (Incubateurs de l'enseignement supérieur), évaluait à une centaine le nombre d'incubateurs dans l'enseignement supérieur. Mais ils sont sûrement plus nombreux aujourd'hui. Et ce nombre cache des réalités différentes. "Il y a un effet mode, et il faut faire la différence entre les incubateurs qui proposent un véritable accompagnement et les établissements qui donnent accès à un bureau avec quelques ordinateurs", commente Xavier Bouvier, référent entrepreneuriat au Groupe Efrei et secrétaire général de IES ! (Incubateurs enseignement supérieur.


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